Le président américain a annoncé jeudi se donner deux semaines pour décider d’une éventuelle participation américaine aux frappes d’Israël contre l’Iran. Pour la presse américaine, ce délai accordé aux Iraniens permet à Washington de renforcer ses options militaires.
C’est une décision que la “Maison-Blanche présente comme une dernière chance donnée à la diplomatie”, note The New York Times.
Le président américain, Donald Trump, a affirmé jeudi 19 juin qu’il se prononcerait sur une éventuelle participation américaine aux frappes lancées par Israël contre l’Iran “au cours des deux prochaines semaines”, estimant “substantielle” la possibilité de négociations avec Téhéran, selon des propos rapportés par sa porte-parole, Karoline Leavitt.
Cette décision semble laisser une chance à une réunion diplomatique prévue vendredi en Suisse entre des ministres européens et l’Iran. Les ministres des Affaires étrangères français, allemand et britannique ainsi que la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, doivent rencontrer à Genève le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, au moment où les pays européens multiplient les appels à la désescalade entre Israël et Iran.
Une “fenêtre existe” pour “parvenir à une solution diplomatique” avec Téhéran, a estimé jeudi le ministre des Affaires étrangères britannique, David Lammy, après une rencontre à la Maison-Blanche avec son homologue américain, Marco Rubio.
Le camp Maga profondément divisé
Mais pour le New York Times, en se donnant un délai supplémentaire de quinze jours, le républicain cherche avant tout à “jouer la montre”. “À condition qu’il exploite pleinement ce délai, M. Trump aura désormais le temps d’évaluer si les six jours de bombardements intensifs menés par les forces israéliennes ont changé les esprits à Téhéran”, souligne le quotidien américain.
“L’accord qu’Ali Khamenei a rejeté plus tôt ce mois-ci − un texte qui visait à couper la principale voie de l’Iran vers la bombe en mettant progressivement fin à l’enrichissement sur son sol − pourrait désormais apparaître sous un jour très différent”, note le quotidien new-yorkais. “L’un des principaux sites nucléaires du pays a été gravement endommagé, et le président Trump envisage ouvertement de larguer la plus puissante arme conventionnelle du monde” sur l’Iran, souligne-t-il.
Le quotidien israélien Ha’Aretz rappelle que le camp politique de Donald est aujourd’hui “profondément divisé” sur la question de “savoir ce que ferait l’Iran si les États-Unis attaquaient ses installations nucléaires”. Selon le journal de gauche, il y a d’un côté ceux, comme Steve Bannon, qui redoutent que cette décision ne déclenche “une nouvelle guerre sans fin au Moyen-Orient”. Et de l’autre ceux qui font le pari que Téhéran apparaîtra au grand jour comme “un tigre de papier, incapable au bout du compte d’infliger des dégâts significatifs en représailles”.
“Une ruse pour endormir les Iraniens”
The Washington Post, lui, voit dans la réponse de Trump l’expression d’“un schéma récurrent” chez le président américain. “Sur de nombreux sujets, et depuis des années, il affirme qu’il prendra une décision ‘dans deux semaines’. Mais bien souvent, ce délai expire sans qu’aucune décision concrète ne soit prise, remarque le quotidien. La dernière fois qu’il a fixé publiquement un tel délai remonte à la fin mai, lorsqu’il a répondu à des journalistes qui l’interrogeaient sur sa capacité à évaluer le sérieux du président russe, Vladimir Poutine, quant à sa volonté de mettre fin à la guerre en Ukraine.”
À l’inverse, selon certains experts, il est également possible que “l’annonce de M. Trump jeudi ait été une tentative de tromper les Iraniens pour les inciter à relâcher leur vigilance”, remarque le New York Times. “Cela pourrait servir de couverture pour une frappe immédiate”, a notamment déclaré sur CNN James Stavridis, un amiral de marine à la retraite. “C’est peut-être une ruse très habile pour endormir les Iraniens en leur donnant un faux sentiment de sécurité.”
“Même s’il ne s’agit pas d’une tromperie, note le New York Times, en proposant une dernière porte de sortie aux Iraniens, M. Trump renforce également ses propres options militaires.” Quinze jours sont suffisants pour “permettre à un second porte-avions américain de se déployer, donnant ainsi aux forces américaines de meilleures chances de contrer l’inévitable riposte iranienne, avec ce qu’il resterait de leur arsenal de missiles”, analyse le quotidien américain. “Ce délai offrirait aussi à Israël plus de temps pour détruire les défenses antiaériennes autour du site d’enrichissement de Fordo et d’autres cibles nucléaires, réduisant ainsi les risques pour les forces américaines si M. Trump décidait finalement de passer à l’attaque.”
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