Ukraine

Kiev pense que les soldats nord-coréens ont été « retirés » du front à Koursk

Auteur: Agence France-Presse Source: Radio Canada
Janvier 31, 2025 at 16:54
Des soldats nord-coréens. PHOTO : REUTERS / DAMIR SAGOLJ
Des soldats nord-coréens. PHOTO : REUTERS / DAMIR SAGOLJ

L'Ukraine estime que les militaires nord-coréens déployés dans la région russe de Koursk « ont été retirés » en raison des lourdes pertes que l'armée ukrainienne leur a infligées, a indiqué vendredi à l'AFP un porte-parole militaire.

Séoul, Kiev et Washington affirment que la Corée du Nord avait déployé, depuis octobre dernier, quelque 11 000 soldats dans cette région frontalière de l'Ukraine pour aider Moscou à y reprendre le territoire sous contrôle ukrainien depuis une offensive surprise, en août dernier.

 

Ces trois dernières semaines, nous n'avons pas vu ou détecté d'activité ou d'affrontement armé avec les Nord-Coréens.

Une citation de Le colonel Oleksandre Kindratenko, porte-parole des forces spéciales ukrainiennes
 
 
 
Un soldat de l'armée nord-coréenne pendant la parade militaire du cent cinquième anniversaire de la naissance de Kim II-sung.
Plusieurs milliers de soldats nord-coréens ont été envoyés en Russie ces dernières semaines pour appuyer l'armée russe, affirment les Occidentaux. (Photo d'archives). PHOTO : REUTERS  

 

Par conséquent nous pensons qu'ils ont été retirés en raison des lourdes pertes qu'ils ont subies, a-t-il dit, interrogé par l'AFP sur des informations en ce sens du New York Times, qui s'appuyait sur des sources américaines et ukrainiennes anonymes. Ce quotidien américain a affirmé jeudi que les soldats nord-coréens n'avaient plus été vus sur le front depuis deux semaines.

Cependant, Oleksandre Kindratenko n'a pas voulu estimer les pertes nord-coréennes. Il a également jugé que ces forces se retiraient pour se remettre et pour être utilisées d'une autre manière.

 

 Kim Jong-un pilote un char d'assaut qui arbore un drapeau nord-coréen.
Un entraînement militaire en Corée du Nord. (Photo d'archives). PHOTO : REUTERS / KCNA

 

Moscou et Pyongyang n'ont ni admis ni démenti la présence de ces troupes sur les champs de bataille de la région de Koursk. L'implication d'une armée régulière étrangère a constitué une escalade majeure dans l'invasion de l'Ukraine déclenchée il y a près de trois ans par Vladimir Poutine.

 

Des bilans qui varient

Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, avait déjà affirmé mercredi sur X que certaines unités nord-coréennes avaient été retirées du front dans la région de Koursk.

Toutes ces sources expliquent ce repli par les lourdes pertes que ces unités auraient subies dans les combats pour reprendre aux Ukrainiens les quelques centaines de kilomètres carrés de territoire russe qu'ils contrôlent et que Vladimir Poutine a juré de reprendre.

Interrogé par l'AFP sur les affirmations du New York Times lors d'un breffage à Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a refusé de commenter.

 

Il y a [dans le quotidien américain] beaucoup de choses différentes, des justes, des fausses, des mensongères, des distorsions de la réalité. Voilà pourquoi il n'est sans doute pas approprié de [les] commenter à chaque occasion. Nous ne le ferons [donc] pas.

Une citation de Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin

 

Un député sud-coréen avait affirmé en janvier que quelque 300 soldats nord-coréens déployés en Russie avaient été tués et 2700 autres blessés, citant le service de renseignement de Séoul.

En décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait quant à lui déclaré que près de 3000 soldats nord-coréens avaient été tués ou blessés sur place, tandis que Séoul avait avancé le chiffre de 1000. Il avait aussi annoncé en janvier la capture de deux militaires nord-coréens, interrogés à Kiev. Le renseignement sud-coréen l'avait ensuite confirmé.

Pourparlers de paix?

L'annonce ukrainienne de vendredi se produit à l'heure où la perspective de négociations entre Moscou et Kiev est de plus en plus souvent évoquée. L'Ukraine, la Russie et leurs alliés respectifs ont les yeux tournés vers la Maison-Blanche, le retour de Donald Trump étant perçu comme un tournant potentiel dans cette guerre.

Sa position est ambiguë : critique des sommes dépensées par les États-Unis pour aider l'Ukraine, il a aussi adopté un ton sévère avec Moscou, qu'il a menacé de sanctions supplémentaires ces dernières semaines.

Il veut en tout cas une fin rapide à cette guerre, et ce, au moyen de négociations. L'Ukraine craint, elle, d'arriver en position de faiblesse à la table de négociations.

L'armée russe multiplie les avancées dans l'est du pays et les forces de Kiev sont impuissantes à les freiner.

De leur côté, les forces russes ont revendiqué vendredi la conquête d'un nouveau village dans l'est de l'Ukraine, près de la localité de Pokrovsk, et s'approchent aussi d'une route qui pourrait ouvrir la voie vers des places fortes ukrainiennes dans l'est ainsi que vers la région de Dnipropetrovsk, dans le centre du pays.

Le contrôle de territoires russes dans la région de Koursk pourrait présenter un avantage pour Kiev et une monnaie d'échange en cas de pourparlers avec Moscou.

Meurtres présumés de civils

Un militaire ukrainien patrouille dans une rue à côté de bâtiments endommagés lors de combats entre les forces ukrainiennes et russes dans la ville de Sudzha, dans la région de Koursk, en Russie, le 16 août 2024.
Un militaire ukrainien patrouille dans une rue dans la ville de Sudzha, dans la région de Koursk. (Photo d'archives). PHOTO : REUTERS / YAN DOBRONOSOV  

 

La Russie a accusé vendredi l'Ukraine d'avoir tué 22 civils dans un village russe conquis par les forces ukrainiennes, une nouvelle accusation de ce type contre Kiev, qui a démenti avoir commis ces exactions présumées.

L'Ukraine a pris le contrôle de dizaines de localités frontalières dans la région de Koursk, dans l'ouest de la Russie, depuis qu'elle y a lancé une offensive surprise, en août dernier. Elle affirme qu'environ 2000 civils vivent encore dans les zones qu'elle occupe. L'armée russe a commencé à repousser cette offensive et a repris plusieurs localités.

Le Comité d'enquête russe, qui a annoncé le 19 janvier l'ouverture d'une enquête pour meurtre d'au moins sept civils dans le village de Rousskoïe Poretchnoïe, à environ 20 kilomètres de la frontière ukrainienne, a indiqué vendredi qu'il enquête désormais sur le meurtre de 22 habitants de ce village, commis, selon Moscou, entre septembre et novembre derniers.

Parmi les victimes, dont les corps ont été retrouvés dans les sous-sols de plusieurs maisons, figurent huit femmes qui auraient été violées avant d'être tuées, affirme le Comité d'enquête. Les enquêteurs accusent cinq soldats ukrainiens d'être responsables de ces meurtres, affirmant que l'un d'entre eux, identifié comme étant Evguéni Fabrissenko, a été capturé lors des combats dans la région de Koursk.

Le Comité a diffusé une vidéo de l'interrogatoire d'un homme présenté comme Evguéni Fabrissenko, qui avoue les faits reprochés. L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier ces affirmations.

Un porte-parole ukrainien dans la région de Koursk, Oleksiï Dmytrachkivsky, a quant à lui démenti auprès de l'AFP en affirmant ceci : Les autorités russes essayent de cacher le meurtre de leurs concitoyens [...] qu'ils bombardent avec de l'artillerie, qu'ils tuent avec l'aviation, en détruisant leurs maisons et en accusant les forces ukrainiennes.

 

Il faut en parler, le montrer, malgré toute la surdité de la communauté internationale et sa mauvaise volonté devant ces atrocités.

Une citation de Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin

 

Pour sa part, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a dit estimer que les actes des soldats ukrainiens illustrent leur impuissance militaire et politique à un moment de défaites sur le front

D'abord, les gens ont été torturés, victimes d'abus puis achevées par des tirs ou des explosions, a-t-elle dit lors de son breffage hebdomadaire.

La Russie et l'Ukraine s'accusent mutuellement du meurtre de civils depuis le début du conflit, il y a près de trois ans.

Les forces russes sont accusées d'avoir assassiné des centaines de civils dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev.

Les journalistes de l'AFP font partie des médias étrangers qui ont vu et photographié les corps de civils ukrainiens tués, dont certains avaient les mains liées, dans cette ville.

Moscou a rejeté les accusations d'atrocités commises à Boutcha et a accusé Kiev d'avoir mis en scène ces images.

Cette affirmation a été démentie par plusieurs organisations indépendantes de vérification des faits et par des médias, dont l'AFP.

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