Iran

Iran : que prévoit la Constitution en cas de décès du Guide suprême ?

Auteur: Gautier Cruchaudet Source: Le Figaro
Juin 16, 2025 at 10:56
Iranian Supreme Leader/WANA (West Asia News Agency)/Handout via REUTERS/File Photo
Iranian Supreme Leader/WANA (West Asia News Agency)/Handout via REUTERS/File Photo

Après la mort de plusieurs figures majeures du régime de Téhéran dans l’offensive lancée par Israël ce vendredi, la capacité de l’État hébreu à cibler les personnalités de la République islamique pose la question de la succession d’Ali Khamenei, dans l’hypothèse de son élimination.


L’opération Rising Lion fait vaciller le pouvoir iranien. Depuis le début de l’offensive israélienne dans la nuit de jeudi à vendredi, Téhéran a perdu plusieurs cadres de premier rang, à commencer par Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, ainsi que Mohammed Hussein Bagheri, à la tête de l’état-major des Forces armées. Le chef de l’État, l’ayatollah Ali Khamenei, n’a quant à lui pas été frappé par Tsahal, mais la capacité de l’État hébreu à cibler les personnalités de la République islamique pose la question de sa succession, dans l’hypothèse de l’élimination du Guide suprême. Que prévoit dans ce cas la Constitution ?

Le 24 octobre 1979, la République islamique d’Iran, née du renversement du chah Mohammad Reza Pahlavi, adopte une nouvelle Constitution. Plus haut dignitaire politique et religieux, le Guide suprême assume le rôle de chef de l’État. Celui-ci est élu par les 88 membres de «l’Assemblée des experts», un collège de religieux élus pour 8 ans par le peuple au suffrage universel direct, et la durée de sa fonction est indéterminée : il peut être révoqué par l’Assemblée, quitter lui-même son poste, ou tenir sa place jusqu’à la mort. Ainsi, Ali Khamenei occupe la fonction de Guide suprême depuis la disparition de l’ayatollah Khomeiny en 1989.

En cas de décès du Guide suprême, l’article 111 de la Constitution précise que «jusqu’à la nomination d’un nouveau Guide, un conseil composé du Président, du chef du pouvoir judiciaire et d’un faqih (juriste spécialiste de la jurisprudence islamique, NDLR), sur décision du Conseil d’urgence de la nation, assumera temporairement toutes les fonctions du Guide». Le conseil assume en outre la fonction du chef lorsque celui-ci est temporairement incapable d’exercer sa charge, comme en cas de blessure ou de maladie. Comme l’indique le turban noir qu’il arbore en public, le Guide suprême se revendique en effet «seyyed», c’est-à-dire descendant du prophète Mahomet. Selon la Constitution, sa parole ne peut ainsi être altérée par la dégénérescence physique ou mentale.

Primauté du religieux sur le politique

Après la mort du chef de l’État, l’Assemblée des experts se réunit pour choisir le nouveau Guide. Celui-ci doit être docteur de la religion musulmane. En plus de sa piété religieuse, le collège observe s’il possède les qualités humaines d’un chef politique. Selon les articles 107 et 109 de la Constitution, le candidat est en effet sélectionné pour ses vertus «d’érudition, comme requis pour remplir les fonctions de mufti» (juriste en droit canonique musulman, NDLR), «de justice et de piété» et de «perspicacité politique et sociale, de prudence, de courage et de capacités adéquates de leadership». La popularité acquise auprès de l’opinion publique a donc une grande importance, ainsi que la place occupée par le candidat au sein d’un clergé chiite très hiérarchisé. Khomeiny et Khamenei occupaient ainsi la fonction d’ayatollah au moment de leur prise de pouvoir, un des titres les plus élevés. Si plusieurs candidats se dégagent, le collège doit choisir celui «qui possède la meilleure perspicacité jurisprudentielle et politique».

L’élection est supervisée par le Conseil des Gardiens, qui examine les candidatures et vérifie la compatibilité du processus avec la Constitution iranienne et l’islam. Cet organe est composé de 12 membres, six religieux élus par le Guide suprême, et six juristes (souvent des religieux), élus par le Parlement iranien sur suggestion du pouvoir judiciaire, qui dépend du Guide suprême. La primauté du religieux sur le politique caractérise en effet le système du pouvoir de la République islamique iranienne, qui voit en Israël un «ennemi existentiel», dixit Ali Khamenei.

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