De Lisbonne, le président français a appelé l’Europe à «devenir une puissance» en retrouvant le «goût du risque» face aux États-Unis de Donald Trump.
En visite d’État pour deux jours au Portugal, Emmanuel Macron a appelé jeudi les Européens à se montrer «plus que jamais unis et forts» et à refuser la «vassalisation heureuse» vis-à-vis des États-Unis, au moment où les pourparlers sur l’Ukraine s’accélèrent de part et d’autre de l’Atlantique. Ce voyage officiel au pays des Œillets, le premier d’un chef d’État français depuis plus d’un quart de siècle, devait selon l’Élysée «marquer la profondeur et la densité des liens» entre les deux pays.
Emmanuel Macron a cependant saisi l’occasion pour y marteler son message à l’adresse des Européens, qu’il a appelé à «retrouver (le) goût du risque, de l’ambition et de la puissance», face à l’imprévisibilité des États-Unis de Donald Trump, tant sur la question de l’Ukraine que des droits de douane. «Je vois plein de gens dans notre Europe dire “on va devoir être gentil avec les Américains, ça va passer, il faut courber l’échine”», a-t-il déclaré en fin de journée lors d’une rencontre dans un incubateur de start-up sur le thème de l’innovation et de l’intelligence artificielle. Mais «la réponse n’est pas dans une soumission» et «je ne suis pas pour la vassalisation heureuse», a-t-il ajouté.
Au contraire, «les Européens peuvent être convaincus d’une chose: il leur faut plus que jamais être unis et forts», et pour cela «nous devons absolument faire des choix très profonds (...) en matière technologique, industrielle (et) de défense», avait-il affirmé un peu plus tôt depuis l’Assemblée de la République portugaise. Pour autant, la visite de Volodymyr Zelensky vendredi à Washington pour y conclure un accord sur l’exploitation de minerais ukrainiens, «est une très bonne chose», a affirmé le chef d’État français, qui a lui-même fait le voyage lundi à la Maison-Blanche.
«J’ai essayé d’expliquer l’importance» de l’Ukraine et de son «combat existentiel» pour «la souveraineté» et «la sécurité des Européens», a-t-il rappelé. Manière de se poser en chef de file du Vieux continent, entre un entretien mercredi soir avec le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz et un sommet dimanche à Londres à l’invitation du premier ministre Keir Starmer, reçu à son tour par Donald Trump jeudi.
Le premier ministre portugais Luis Montenegro a d’ailleurs félicité son invité «pour son travail remarquable sur la scène internationale , afin de prendre des mesures positives en faveur de la paix en Ukraine», ainsi que «dans d’autres zones géographiques, afin de stabiliser les conflits». Emmanuel Macron a pour sa part vanté la relation franco-portugaise comme «un des ciments de cette Europe plus forte» qu’il appelle régulièrement de ses vœux. Preuves de cette proximité, près de 2 millions de «luso-descendants», de nationalité ou d’origine portugaise, vivent dans l’Hexagone, quand dans l’autre sens la France revendique le rang de «premier employeur étranger» au Portugal plus de 100.000 salariés dans 1.200 filiales d’entreprises tricolores.
En gage de cette entente cordiale, les deux hommes doivent signer vendredi à Porto une dizaine d’accords, à commencer par un «traité d’amitié et de coopération». D’autres paraphes sont également prévus dans des domaines allant des sciences au cinéma, en passant par l’armement, afin notamment de confirmer l’engagement du Portugal à acquérir jusqu’à 36 canons Caesar d’ici à 2034. Déjà jeudi, ils ont affirmé leur alignement sur le thème de la préservation des océans, à travers une déclaration soulignant notamment leur engagement commun contre «la pêche illicite» et pour «un moratoire sur l’exploitation des ressources minières des fonds marins». L’occasion aussi d’un passage de relais avant la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan en juin à Nice, après Lisbonne en 2022.
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