Chine. À Pékin, un défilé militaire comme “un avertissement au reste du monde”

Pour ce qui est présenté comme la plus grande parade militaire de l’histoire du pays, les autorités chinoises ont préparé l’événement jusqu’au moindre détail. Un exemple donné par le Washington Post : les habitants des environs de la place Tian’anmen, là où s’est déroulé le défilé, ont eu l’interdiction de cuisiner mercredi matin afin que la fumée des cuisines n’obscurcisse pas le ciel de Pékin.

“Xi [Jinping] a transformé l’armée chinoise et il est prêt à le montrer”, a résumé CNN. Habillé d’un costume Mao gris, le leader chinois, accompagné de 26 autres dirigeants dont Vladimir Poutine et Kim Jong-un, a supervisé la spectaculaire parade rassemblant 10 000 militaires et 50 000 spectateurs, a commenté la chaîne américaine.

Il a passé en revue les troupes réunies le long des avenues de la capitale chinoise, les encourageant depuis le toit ouvrant de sa limousine, équipée de micros : “Camarades, vous avez travaillé dur ! ” Les soldats lui ont répondu “Nous servons le peuple”, en le saluant.

Quelques minutes plus tôt, Xi Jinping avait prononcé un discours sur la place. “La renaissance de la nation chinoise est inarrêtable et la noble cause de la paix et du développement de l’humanité triomphera assurément […] Aujourd’hui, l’humanité doit encore choisir entre la paix et la guerre, le dialogue et la confrontation”, a-t-il déclaré, en écho avec la Seconde Guerre mondiale. Le défilé de soixante-dix minutes célébrait aussi le 80e anniversaire de la fin de la guerre.

Dans un éditorial, le Global Times, quotidien lié au parti communiste chinois, a souligné que l’événement de mercredi servait également à “corriger une perspective historique sur la guerre” sachant qu’“intentionnellement ou pas le récit de la Seconde Guerre mondiale a réduit, voire oublié, l’immense contribution de la Chine sur le champ de bataille à l’Est”.

Donald Trump agacé ?

Au-delà de ce rappel historique, ajoute le journal, “la grande démonstration d’un équipement de défense moderne illustre sans aucun doute la forte volonté − et la capacité − du peuple chinois de défendre la paix”.

Car Xi Jinping n’a pas fait que saluer les troupes. Sur sa route, l’armement chinois était à la vue de tous. Ce “défilé militaire que la Chine prépare depuis des mois”, note El Mundo, était aussi un “avertissement au reste du monde sur sa nouvelle armée, avancée et hypertechnologique”.

Analyse partagée par la Süddeutsche Zeitung. “Missiles hypersoniques et drones sous-marins : la Chine veut montrer à quel point son armée est devenue moderne – et instiller la peur chez ses voisins du Pacifique”, souligne le quotidien allemand. Taïwan notamment.

“Les dépenses militaires de la Chine cette année sont estimées à environ 230 milliards d’euros”, précise le journal. À part les États-Unis, aucun pays n’injecte autant d’argent dans ses forces armées. Le nombre d’ogives nucléaires est passé de moins de 400 en 2020 à 600 l’an dernier.

Des chasseurs furtifs J-35 et bombardiers H-6 ont décollé pendant la parade, survolée par une centaine d’avions et une flotte d’hélicoptères. La Chine a aussi mis en avant ses immenses drones sous-marins AJX002, ses tanks 99A ou ses missiles YJ-15. Cette démonstration de force, observe The Independent, est partie pour “éclipser la timide parade militaire organisée pour le 79e anniversaire de M. Trump en juin”.

Le président américain avait prévenu mardi soir que “nous avons les forces militaires les plus puissantes du monde, de loin, et ils n’utiliseraient jamais les leurs contre nous. Croyez-moi, ce serait la pire chose qu’ils puissent faire”. Plus tard, “suggérant qu’il était agacé par la puissance de feu affichée”, selon le Washington Post, il a envoyé un message à Xi Jinping via Truth Social : “Passez mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et Kim Jong-un pendant que vous conspirez contre les États-Unis d’Amérique”.