Si le Canadien de Montréal a assuré sa place dans les séries éliminatoires, les chefs fédéraux vont devoir miser sur le prochain débat s'ils veulent changer l’issue de la campagne électorale.
Sans erreurs, mais sans coup d’éclat, le débat des chefs en français aura peut-être permis aux électeurs d’en apprendre plus sur les quatre leaders, ce qui ne veut pas dire qu'ils changeront d’idée.
D’entrée de jeu, l’animateur a tenu à rappeler que si le débat commençait à 18 h, c’était pour éviter d’entrer en conflit avec l’autre passion des téléspectateurs : le hockey.
Canadiens, vous êtes mieux de gagner ce soir, a-t-il lancé à l'endroit des joueurs du Tricolore.
Puis l’autre match a commencé.
À une dizaine de jours du vote, ce premier débat était d'abord et avant tout l'occasion pour les chefs de faire bouger l’aiguille des sondages, de convaincre les électeurs, de remettre en question leur choix, que plusieurs semblent avoir déjà arrêté.
Mark Carney s'attendait à être la cible de ses trois homologues. Cela s'est confirmé dès le premier échange avec Pierre Poilievre qui a rapidement voulu l'associer à l'ancien chef libéral Justin Trudeau.
Le chef libéral devait s’assurer de ne pas se laisser prendre dans une bagarre d'où il risquait de sortir écorché. Il s'est contenté de répliques souvent en surface, parfois peu étoffées.
Il est resté calme et discipliné même si, par moment, il semblait vouloir riposter plus directement. Ceux qui regardaient en attendant le match de hockey auront eu l’impression qu’il jouait la trappe.
Cela ne donne peut-être pas de grands échanges, mais ça a le mérite de limiter les risques.
Il n’a probablement pas beaucoup bifurqué de l’image que ceux qui l’ont déjà choisi se font de lui.
De son côté, Pierre Poilievre a défendu ses principes, sans compromis, arborant par moments le sourire qu’il affiche plus régulièrement depuis quelques semaines, faisant même preuve d’un peu d’humour quand il a vanté les mérites du bœuf albertain.
Mais il devait profiter de l’occasion pour donner un grand coup, pour plaquer et faire trébucher son adversaire libéral. La mise en échec n’a jamais été complétée.
Le défi était plus grand pour Yves-François Blanchet, qui voit certains électeurs le déserter vers les libéraux, en quête d’une figure rassurante face à l’incertitude suscitée par Donald Trump.
Le chef du Bloc a voulu camper le cœur de son argumentaire dès le début de la soirée.
Je ne sais pas d’où vient le raisonnement qu’un gouvernement minoritaire, qui devrait normalement faire ses quatre ans, serait plus faible qu’un gouvernement majoritaire, a-t-il dit à ceux qu’il tente de convaincre de lui donner la balance du pouvoir.
Ses attaques étaient précises, étoffées et données dans un français qui avait sûrement pour but d’étourdir un peu son adversaire libéral. Mais le ton qu’il a choisi et la vigueur de certaines envolées ont peut-être dépassé légèrement la dose que ses stratèges lui avaient prescrite.
Qui plus est, il ne semble pas avoir réussi à semer le doute dans l’esprit des Québécois, à expliquer pourquoi le chef libéral représente une menace pour leurs intérêts.
Pour sa part, Jagmeet Singh avait signalé plus tôt cette semaine être déçu que la santé ne figure pas parmi les grands thèmes choisis pour le débat. Il a profité de chaque occasion qui lui était donnée pour imposer son thème de prédilection, quel que soit le sujet de la discussion.
Il a été le seul à se faire couper le micro, après deux avertissements et un décompte de l'animateur. Patrice Roy avait mis en garde, dès le départ, qu’il ne se gênerait pas pour faire preuve de fermeté s’il perdait le contrôle de la conversation.
Quelques minutes avant la fin du débat, Jagmeet Singh s’est même permis une réplique à ce sujet. Oui, je suis passionné sur les questions de santé et chaque fois que j'ai essayé de parler de ça, M. Roy m'a arrêté. C'est injuste, a-t-il déclaré.
En politique comme au hockey, c'est rarement la bonne approche de s’en prendre à l'arbitre.
La dernière heure du débat chevauchait la première heure du dernier match de la saison du CH.
Dans la salle de nouvelles, nous nous sommes permis de regarder le match… en sourdine. Quelques paires d’yeux faisaient la navette d’une confrontation à l'autre. Dans l'ensemble, nous sommes restés plutôt disciplinés. Difficile de dire si c’était le cas dans toutes les chaumières.
Finalement, ceux qui ne connaissaient pas bien les chefs ont terminé la soirée avec une meilleure compréhension d'eux. Mais comment croire que le débat fera bouger sérieusement l'aiguille des sondages?
Le Canadien a fini sa soirée en s'assurant une place dans les séries éliminatoires. Les chefs, eux, doivent miser sur le débat en anglais jeudi soir pour améliorer leur position au classement, avant de passer à la phase finale.
<p>Il y a 200 ans, le 17 avril 1825, le roi Charles X signait une ordonnance reconnaissant l’indépendance d’Haïti, en contrepartie d’une...