Emmanuel Macron a présenté dans les Alpes, jeudi, un nouveau "service national" volontaire français, en remplacement du service national universel (SNU). Il sera ouvert à partir de l'été 2026 aux jeunes de plus de 18 ans, durera 10 mois et sera "purement militaire". Les jeunes volontaires serviront "exclusivement sur le territoire national", a affirmé le chef de l'État.
Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 27 novembre, l'instauration d'un "service national" volontaire et "purement militaire" de dix mois, qui se déroulera "exclusivement sur le territoire national".
"Un nouveau service national va être institué, progressivement dès l'été prochain", a affirmé le chef de l'État lors d'un déplacement auprès de la 27e Brigade d'Infanterie de Montagne (BIM) de Varces, en Isère.
"Le cœur sera les jeunes âgés de 18 et 19 ans", et concernera 3 000 personnes à l'été 2026 avant d'atteindre un objectif de 10 000 en 2030 et 50 000 par an en 2035, selon Emmanuel Macron, pour qui "notre jeunesse a soif d'engagement" et est "prête à se lever pour la patrie".
"Dans ce monde incertain où la force prime sur le droit et la guerre se conjugue au présent, notre nation n'a le droit ni à la peur ni à la panique ni à l'impréparation ni à la division", a affirmé le président de la République. "La peur, au demeurant, n'évite jamais le danger. La seule façon de l'éviter, c'est de s'y préparer", a-t-il ajouté, expliquant que "c'est ce que font nos armées au quotidien".
Emmanuel Macron a tenu à rassurer les Français en affirmant que ce nouveau service national se déroulerait "exclusivement sur le territoire national". Il avait pris les devants en assurant, mardi sur RTL, qu'il ne s'agit pas "d'envoyer nos jeunes en Ukraine", après la polémique sur les propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, qui avait estimé que le pays devait être prêt à "accepter de perdre ses enfants".
Promesse du candidat Macron en 2017 au nom de la "cohésion nationale", lancé en 2019, le service national universel (SNU), destiné aux mineurs de 15 à 17 ans, n'a jamais pu être généralisé. Et il "n'est aujourd'hui plus adapté au contexte stratégique" créé par l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, reconnaît l'Élysée.
Son successeur s'en éloignera en réalité largement, même s'il doit répondre au même "besoin d'engagement de la jeunesse".
Cette "nouvelle forme de service national" se fera "sur la base du volontariat" et sera "beaucoup plus militarisée", dit un proche du président. Destiné aux jeunes majeurs, hommes et femmes, il sera aussi plus long que les "séjours de cohésion" de 12 jours du SNU.
Emmanuel Macron avait annoncé en janvier son intention de "permettre à une jeunesse volontaire d'apprendre avec les armées et d'en renforcer les rangs" en cas de besoin. Sans toutefois aller jusqu'à rétablir la conscription, service militaire obligatoire supprimé en France en 1997.
Depuis, le gouvernement et les hauts gradés ont planché sur les meilleurs moyens de donner une "masse supplémentaire" aux armées. Afin de "créer un réservoir de personnes mobilisables en cas de crise", postule la revue stratégique publiée le 14 juillet.
Le nouveau service national va naître en temps de grave disette budgétaire, alors qu'il faudra héberger, équiper et encadrer les jeunes recrues. Son émergence sera donc "phasée dans le temps", dit un conseiller du chef de l'État, promettant un projet "réaliste" qui "tient compte de l'état de nos disponibilités aujourd'hui".
Montée en puissance
"Ça démarrera lentement", selon une source ayant connaissance du dossier, qui évoquait récemment un effectif de 2 000 à 3 000 personnes la première année, avant une "montée en puissance" avec un objectif à terme de 50 000 par an.
Selon des informations de presse non confirmées, la durée envisagée serait de dix mois et il serait rémunéré à hauteur de plusieurs centaines d'euros.
L'actuel service militaire volontaire (SMV), créé en 2015 et choisi par 1 000 jeunes environ par an, ainsi que son équivalent ultramarin, le service militaire adapté (SMA, près de 6 000 jeunes par an), perdureront en parallèle, a assuré l'Elysée. Leur objectif est différent : il s'agit de dispositifs de formation et d'insertion professionnelle avec un encadrement militaire.
Douze pays en Europe ont préservé ou rétabli la conscription obligatoire. Face à la dégradation de la situation stratégique, une demi-douzaine d’autres ont décidé de rétablir un service volontaire.
La Norvège, dont le modèle est évoqué au sommet de l'État, a rendu obligatoire une conscription de 12 mois, même si le service est réellement effectué seulement par 15 % des membres d'une classe d'âge, sélectionnés selon des critères de qualifications et de motivation.
Depuis des mois, Emmanuel Macron alerte sur la "montée des périls" et les menaces venues essentiellement de Russie.
Le général Mandon a ainsi déclaré la semaine dernière que le pays devait restaurer sa "force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est" et soit prêt à "accepter de perdre ses enfants".
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La déclaration a été jugée "va-t-en-guerre" par une partie de la gauche tandis que, du côté du Rassemblement national, on dénonçait une "faute" et on prévenait que les Français n'étaient pas "prêts à aller mourir pour l'Ukraine".
Depuis, les autorités ont tenté d'éteindre l'incendie, tout en assumant la nécessité d'alerter et de préparer les esprits aux risques géopolitiques.
Avec AFP