Ukraine

“Changement abrupt de direction” pour Trump sur l’Ukraine

Mars 31, 2025 at 08:27
Nathan Howard / Reuters
Nathan Howard / Reuters

Le président américain a pour la première fois exprimé de la frustration vis-à-vis de Vladimir Poutine alors que les négociations de paix progressent peu.


“Sa critique la plus sévère à ce jour”, observe The New York Times, un “changement abrupt de direction”, commente The Guardian, “la fin d’une approche plus douce”, constate The Washington Post, “une prise de distance avec ses louanges précédentes”, souligne The Wall Street Journal. Clairement, le ton de Donald Trump vis-à-vis de Vladimir Poutine dans l’interview accordée à NBC n’était plus seulement celui, conciliant, adopté depuis son investiture.

“On pourrait dire que j’étais très en colère, furieux, quand Poutine a commencé à attaquer la crédibilité de Zelensky”, a expliqué le président américain dans cet entretien téléphonique mené dimanche. Des commentaires qui révèlent “la frustration de la Maison-Blanche envers le président russe alors que les négociations sur le règlement de la guerre en Ukraine continuent sans avancées claires”, analyse le Financial Times. La trêve de trente jours proposée par les Américains a par exemple été acceptée telle quelle par l’Ukraine mais aménagée par Moscou.

Vendredi, rappelle le Guardian, M. Poutine a évoqué à la télévision russe une intervention de l’ONU en Ukraine pour préparer de nouvelles élections en attendant un accord de paix. Une solution qui prolongerait la guerre, ce que M. Trump ne veut pas, lui qui avait promis pendant sa campagne qu’il réglerait le conflit en vingt-quatre heures.Le Washington Post remarque que le président américain a insisté sur les bonnes relations qu’il entretenait avec son homologue russe et qu’il a, comme lui, remis en cause la légitimité de Volodymyr Zelensky à la tête de l’Ukraine en le qualifiant de “dictateur”, mais, dimanche, il a prévenu que, “si la Russie et moi ne sommes pas capables de parvenir à un accord pour mettre un terme au bain de sang en Ukraine, et je pense que c’est la faute de la Russie […], je vais imposer des droits de douane secondaires sur tout le pétrole qui sort de Russie”. Ces droits seraient une sanction contre les pays qui achètent du pétrole russe.

 

Vers un troisième mandat ?

La menace pourrait faire réfléchir Moscou. Le Wall Street Journal affirme que “l’énergie représente le cœur de l’économie russe, et la cibler pourrait affecter le pays plus que les autres sanctions imposées par l’Occident jusqu’ici”.

Plus dur avec M. Poutine, Donald Trump n’en est pas pour autant devenu un allié inconditionnel de Volodymyr Zelensky. “Je vois qu’il essaie de se retirer de l’accord sur les terres rares. Et s’il le fait, il aura des problèmes. De gros, gros problèmes”, a-t-il menacé.

Dans le même entretien, il a mentionné des sanctions similaires contre l’Iran si les discussions pour un accord sur le nucléaire ne progressent pas. Ces droits secondaires sont un nouveau type de menaces, “le dernier exemple en date de l’aisance du président à utiliser la pression économique sur des nations tierces”, indique le New York Times. Mais, en cas d’échec, M. Trump se dit prêt à “bombarder” l’Iran “à un degré que [les Iraniens] n’ont jamais connu”.

Autre sujet abordé pendant l’entretien avec NBC, la possibilité d’un troisième mandat. Une idée qui circule depuis quelques semaines. “Je ne plaisante pas”, a assuré le président américain, pourtant limité à deux mandats par le 22e amendement de la Constitution. “Beaucoup de gens veulent que je le fasse. Je leur dis que nous avons le temps. Cette administration vient de débuter”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’“il y a des méthodes pour le faire”. Parmi elles, a confirmé le chef d’État, laisser son vice-président, J. D. Vance, se présenter en 2028 et prendre la main après l’élection.

Le 22e amendement qui prévoit que “personne ne peut être élu président plus de deux fois”, est en vigueur depuis 1951, grâce aux efforts des républicains, en réaction aux quatre mandats consécutifs du démocrate Franklin D. Roosevelt, relève Politico.

NPR détaille les difficultés auxquelles serait confronté le président américain : il faut deux tiers des votes du Congrès pour changer la Constitution. “Compte tenu du blocage au Congrès, sans parler des divisions politiques dans le pays, la perspective d’un tel scénario paraît réduite”, résume la radio publique.

Courrier international

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