La spectaculaire volte-face de Donald Trump sur les droits de douane, mercredi, a été immédiatement suivie d’un rebond historique des indices boursiers, suscitant des interrogations sur d’éventuels délits d’initié. Les démocrates réclament une enquête au gendarme boursier américain.
Donald Trump fait face à des accusations de manipulation de marché après avoir publié sur les réseaux sociaux que c’était le ‘moment idéal pour acheter’,quelques heures seulement avant son revirement radical dans sa guerre commerciale, qui a entraîné de fortes hausses sur les marchés boursiers du monde entier”, résume The Guardian.
Peu après l’ouverture des marchés américains, mercredi matin, le président américain avait écrit sur sa plateforme Truth Social, avec ses majuscules empathiques d’usage : “C’EST LE MOMENT IDÉAL POUR ACHETER !!! DJT”.
Et pour cause : face aux risques de guerre commerciale à grande échelle et de récession mondiale provoqués par les annonces répétées de droits de douane punitifs sur les importations, les marchés s’étaient effondrés et le prix des actions “rasait le plancher” depuis six jours, observe Le Soir.
Mais quelques heures après son message poussant à l’achat, le président américain faisait “bondir les marchés en suspendant les droits de douane pendant quatre-vingt-dix jours”, remarque The New York Times. L’indice S&P 500, notamment, “a grimpé de plusieurs points de pourcentage en quelques minutes, en route vers son meilleur niveau depuis la reprise après la crise financière de 2008”.
“Carton plein”
Peu après l’annonce de M. Trump, “les démocrates et les experts en éthique gouvernementale ont donc posé une question, peut-être évidente : M. Trump a-t-il informé ses alliés pour qu’ils profitent d’une hausse imminente des cours de Bourse ?” glisse le quotidien américain.
Car avec une telle embellie – “le Nasdaq a bondi de 12,2 % et le Dow Jones Industrial Average a gagné 3 000 points, soit la plus forte hausse jamais enregistrée sur une séance” –, quiconque aurait été informé du revirement à l’avance “aurait fait un carton plein”, note The New Republic.
De fait, plusieurs éléments sont de nature à alimenter les suspicions. Le Guardian relève par exemple que “Trump ne signe généralement pas ses posts avec ses initiales” – mais l’a précisément fait dans son message poussant à l’achat.
Or ses initiales, DJT, correspondent aussi “au code boursier de Trump Media & Technology Group, l’entreprise qui contrôle [son réseau social] Truth Social, dont l’action a bondi de 22 % mercredi”. Était-ce un double sens ?
La Maison-Blanche rejette les accusations
Les soupçons ont également été alimentés par le fait que “les transactions sur la Bourse [des valeurs technologiques] du Nasdaq ont atteint un pic moins de vingt minutes avant que Trump n’annonce la suspension des taxes”, selon Al-Jazeera.
“Les responsables de la Maison-Blanche ont rejeté ces accusations, affirmant que le message de M. Trump visait à rassurer les Américains”, écrit le New York Times.
Cela n’a guère convaincu les élus démocrates, qui ont envoyé un courrier au gendarme boursier américain (SEC), l’exhortant à “enquêter sur une forte hausse des transactions d’options d’achat juste avant l’annonce” de la suspension de droits de douane, “suggérant qu’un responsable de l’administration aurait pu partager l’information avec des amis ou des associés”, rapporte The Wall Street Journal.
“La lettre réclame également une enquête sur d’éventuels délits d’initiés ou manipulations de marché par des membres du Congrès, qui auraient pu être informés à l’avance des projets de Trump d’assouplir sa position sur les taxes douanières”, ajoute le quotidien économique.
Mais la SEC, “dont les responsables ont été nommés par [Donald Trump], refuse pour le moment de répondre à toute question sur le sujet”, constate Le Soir.
Courrier international
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