Le surcoût de la rénovation du siège de la Fed est un nouveau prétexte pour la Maison-Blanche de décrédibiliser Jerome Powell, le patron de la banque centrale américaine.
Donald Trump tient un nouveau prétexte pour décrédibiliser, voire évincer, Jerome Powell de la présidence du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale. En guerre ouverte avec le patron de la banque centrale américaine, le Président des États-Unis et ses conseillers accusent Jerome Powell de gaspiller l’argent public dans une rénovation bien plus dispendieuse que prévu, du siège de l’institut d’émission à Washington.
Le projet, lancé en 2021, va coûter quelque 2,5 milliards de dollars, soit 700 millions de plus que l’estimation initiale. La Fed, piquée au vif, explique les raisons de ce dérapage, mais dément avoir menti au Congrès sur la planification et l’exécution du chantier. Elle nie la construction de nouveaux ascenseurs et de nouvelles salles à manger pour VIP, ainsi que de nouvelles fontaines et de toits végétalisés hors du commun pour un bâtiment fédéral washingtonien. Des hausses de prix de matériaux, notamment du marbre, ainsi que la présence plus contraignante que prévu d’amiante, expliqueraient l’énorme surcoût.
«Rénovation ostentatoire»
« La question qui se pose est celle de la largesse avec laquelle Monsieur Powell dépense les fonds publics et le fait qu’il a systématiquement mal géré la Fed », ose déclarer Russell Vought, puissant directeur du Bureau du management et du budget. « Au lieu de tenter de redresser la barre du navire financier de la Fed, vous avez foncé droit devant dans la mise en œuvre d’une rénovation ostentatoire de votre siège à Washington », a même écrit dans une lettre à Jerome Powell, ce bras droit du Président Trump, architecte de la réorganisation des services fédéraux.
L’affaire va compliquer les derniers mois de Jerome Powell à la tête de Fed. Son principal mandat, celui de Président du Conseil des gouverneurs, expire en mai 2026. Généralement un successeur est nommé dans les mois qui précèdent la fin du mandat, de manière à donner au Sénat le temps de confirmer le nominé. Or la Maison-Blanche fait déjà circuler des noms d’économistes mieux disposés à l’égard d’une baisse des taux d’intérêt, qui pourraient remplacer Jerome Powell. L’idée d’affaiblir ce dernier, en l’accusant quotidiennement d’être « idiot », « incompétent » et de tarder de manière irresponsable à abaisser son taux directeur, se double d’un désir de l’acculer à la démission. La Cour suprême a en effet indiqué que le Président des États-Unis ne peut démettre le patron de la Fed qu’en cas de malversation, et non pas en cas de désaccord sur la politique monétaire.
Confiance des marchés
Âgé de 72 ans, Jerome Powell conserve la confiance des marchés et de nombre de leaders du Congrès, attachés au principe de l’indépendance de la banque centrale. Nommé par Donald Trump lui-même en 2017, Jerome Powell peut rester à la Fed comme simple gouverneur jusqu’en janvier 2028. Il argue depuis des mois qu’il est préférable d’attendre avant de changer le niveau du taux directeur de la Fed, car le risque de rebond de l’inflation est réel, en raison des hausses de droits de douane qui commencent à se répercuter sur les prix.
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