Les États Unis

La croissance américaine repart de l'avant malgré l'intensification de la guerre commerciale

Auteur: Bastien Bouchaud Source: Les Echos:::
Juillet 30, 2025 at 14:00
Jerome Powell « doit maintenant baisser les taux », a insisté Doanld Trump sur son réseau Truth Social. (Brendan SMIALOWSKI/AFP)
Jerome Powell « doit maintenant baisser les taux », a insisté Doanld Trump sur son réseau Truth Social. (Brendan SMIALOWSKI/AFP)

L'économie américaine a crû de 3 % en rythme annualisé dans les trois mois qui ont suivi le « jour de la libération ». Ce rebond mécanique après le trou d'air du début d'année masque des signes de faiblesse chez les consommateurs et les entreprises.


Le mois de juillet se termine en fanfare pour Donald Trump. L'économie est repartie de l'avant au deuxième trimestre après le trou d'air du début d'année. Et l'horizon semble s'éclaircir entre les accords commerciaux des derniers jours et le vote de sa grande réforme fiscale au début du mois.

La croissance de l'économie américaine est ressortie à 3 % en rythme annualisé entre avril et juin, d'après les premières estimations du Bureau of Economic Analysis publiées ce mercredi. L'activité compense la mauvaise passe du premier trimestre, qui a enregistré une contraction de 0,5 % du PIB.

Donald Trump à la fête

Ce rebond n'en reste pas moins « bien meilleur qu'attendu », s'est immédiatement félicité Donald Trump sur son réseau Truth Social. « La croissance dépasse les attentes alors que le président Trump assure l'âge d'or de l'Amérique », a vanté la Maison-Blanche. « Too Late' ['En retard', le surnom dont il a affublé le président de la Fed, Jerome Powell, NDLR] doit maintenant baisser les taux. Pas d'inflation ! Laissez les gens acheter et refinancer leurs maisons ! » a insisté le président.

Les vociférations du président ont peu de chance de convaincre Jerome Powell de changer le braquet de la politique monétaire américaine. Le président de la Fed se méfie de la volatilité des indicateurs économiques en pleine guerre commerciale. Il devait maintenir le statu quo ce mercredi.

De fait, les données du deuxième trimestre doivent être lues à l'aune des perturbations causées par la montée du protectionnisme américain depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. Le principal facteur qui a alimenté le rebond de l'activité est le commerce international via une contraction brutale des importations de marchandises, mouvement miroir des importations massives du début d'année. Résultat, après avoir raboté un record de 5 points de croissance au premier trimestre, les importations ont gonflé d'autant les chiffres du deuxième trimestre.

La consommation s'essouffle

Sous le capot, « l'économie passe à la vitesse inférieure, mais n'enclenche pas la marche arrière », estime l'économiste Bernard Yaros d'Oxford Economics. La croissance de l'économie est ressortie à 1,2 % en rythme annuel sur l'ensemble du premier semestre, qui permet de lisser certaines des perturbations liées à la mise en place des droits de douane aux Etats-Unis. En 2024, l'économie américaine a crû de 2,5 %..

 

 

 

« Les dépenses de consommation ralentissent mais ne s'écroulent pas », tandis que l'investissement privé montre des signes de résilience, estime Bernard Yaros. La consommation des ménages a progressé de 1,4 %. C'est mieux que les 0,5 % de hausse du premier trimestre, mais loin des 2,8 % enregistrés sur l'année dernière.

L'impact des politiques de l'administration Trump commence par ailleurs à être visible directement dans les données économiques. La cure d'austérité imposée à la bureaucratie fédérale a entraîné une chute de plus de 11 % des dépenses publiques fédérales hors défense.

Il est toutefois bien trop tôt pour faire le bilan de l'essor du protectionnisme américain sous Donald Trump. L'absence de mesures de rétorsions devrait limiter la casse pour l'économie américaine, mais les taxes sur les importations sont appelées à grimper encore après le 1er août.

« Bien que l'ampleur et le calendrier de la facture des taxes douanières soient incertains, nous nous attendons à ce que les récentes évolutions de la politique commerciale affaiblissent légèrement les perspectives de croissance » aux Etats-Unis, selon Michael Heydt et Thomas Torgerson de l'agence de notation Morningstar DBRS.

Bastien Bouchaud (Bureau de New York)

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