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1 year oldMicrosoft a-t-il de fait mis la main sur OpenAI sans que l'opération ne soit examinée comme il se doit par une autorité antitrust ? Un an après le début du phénomène ChatGPT, les enjeux de concurrence rattrapent pour la première fois le secteur en pleine explosion de l'IA générative. Vendredi, la Competition and Market Authority (CMA), le gendarme de la concurrence au Royaume-Uni, a lancé une consultation publique pour savoir si les liens entre Microsoft et OpenAI n'ont pas conduit de fait à une fusion, avec des conséquences potentiellement néfastes pour le marché, comme une position dominante ou l'absorption d'un concurrent avant qu'il ne soit dangereux.
Pour mémoire, Microsoft a promis d'investir jusqu'à 13 milliards de dollars sur plusieurs années dans la start-up californienne derrière ChatGPT, dans le cadre du « partenariat étendu » signé début 2023. Le géant informatique est également le « fournisseur exclusif » d'OpenAI sur le cloud, puisque tous ses modèles algorithmiques tournent sur Azure. Enfin, Microsoft agit également comme un puissant distributeur : début novembre, l'IA générative d'OpenAI a été intégrée dans tous les logiciels de bureau de Microsoft, comme Word, Excel ou Teams.
Un partenariat « multifacettes »
Dans ce contexte, la CMA veut savoir si ce partenariat « étroit et multifacettes » entre deux sociétés américaines n'a pas permis en réalité à Microsoft de prendre le contrôle d'OpenAI sans que les autorités de la concurrence aient eu à se prononcer sur l'opération.
Cette situation se produit quand « une des parties détient une influence matérielle, le contrôle de facto ou plus de 50 % des droits de vote d'une autre entité » ou lorsqu'un « changement dans la nature du contrôle par une entité sur une autre » se produit, explique la CMA. Pour cela, l'autorité va sonder le secteur. Ce recueil d'information est la première étape avant l'ouverture potentielle d'une enquête de phase 1.
Cette annonce intervient trois semaines après une vaste crise de gouvernance chez OpenAI qui a révélé au grand jour à quel point Microsoft tient les rênes de la start-up, alors même qu'il n'était pas représenté, jusqu'alors, au conseil d'administration. Après avoir été brutalement évincé du « board » lors d'un « coup », Sam Altman, le cofondateur d'OpenAI, avait été immédiatement repêché par Satya Nadella, le PDG de Microsoft, qui lui avait offert un pont d'or pour monter une nouvelle équipe chez Microsoft. Même si Sam Altman a finalement été réintégré chez OpenAI, cette proposition avait alors été interprétée comme un quasi-rachat d'OpenAI.
« C'est comme si Microsoft venait d'acquérir OpenAI pour 0 dollar et aucun risque de poursuite antitrust », résumait alors dans une note Ben Thompson, analyste et auteur de la newsletter Stratechery. Mais c'était sans compter sur la vigilance de la CMA. Dans son communiqué, l'autorité lie d'ailleurs clairement sa procédure aux « récents développements » chez OpenAI.
Un siège d'observateur pour Microsoft
Microsoft, de son côté, dément toute prise de contrôle. « La seule chose qui a changé, c'est que Microsoft aura désormais un siège d'observateur sans droit de vote au conseil d'administration d'OpenAI, a réagi Brad Smith, le président du groupe, sur X. C'est très différent d'une acquisition comme le rachat de DeepMind par Google au Royaume-Uni. Nous travaillerons étroitement avec la CMA pour lui fournir toutes les informations nécessaires ».
La CMA se prononcera très strictement en vertu du droit britannique de la concurrence. Les « relevant merger situations » sont définies dans l'Entreprise Act de 2002. Elles se produisent quand deux sociétés cessent d'être distinctes ou en passe de le devenir (critère 1), créant un nouvel ensemble détenant plus de 25 % du marché britannique (critère 2). Les avocats d'OpenAI et de Microsoft vont maintenant se pencher sur le dossier.
Raphaël Balenieri
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