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L'offensive de l'américain Lowercarbon Capital dans la French Tech

Auteur: admin, Camille Wong Source: Les Echos:::
Octobre 16, 2024 at 12:39
Chris Sacca a fondé Lowercarbon Capital avec son épouse Crystal Sacca. (David Paul Morris/Bloomberg)
Chris Sacca a fondé Lowercarbon Capital avec son épouse Crystal Sacca. (David Paul Morris/Bloomberg)

Fondé par Chris Sacca, le fonds de capital-risque fait partie des rares américains à investir dans les greentechs européennes. Il monte de plus en plus au capital de start-up françaises, comme Storio Energy, qui vient de lever 5 millions d'euros.

Si aux prémices de la crise de la French Tech , les fonds américains étaient portés disparus, certains ont, au contraire, continué de miser sur les pépites françaises. C'est le cas de Lowercarbon Capital, un fonds bien connu outre-Atlantique, plus confidentiel dans l'Hexagone.

Spécialisé dans les greentechs du pré-amorçage à la série A, il dirige le premier tour de Storio Energy , une start-up spécialisée dans un service « clé en main » d'installation et de gestion de batteries pour le stockage d'énergie. Cette dernière vient de lever 5 millions d'euros. « Les fonds américains ont tendance à être prêts à davantage prendre des risques et mettre les ressources importantes », souligne Jean-Yves Stephan, le cofondateur de Storio, qui compte aussi à son capital Bpifrance et Kima Ventures.

Storio n'est pas la seule start-up française à être accompagnée par Lowercarbon. Au cours des trois dernières années, le fonds a investi dans Renaissance Fusion (nucléaire), Woodoo (matériaux), Dioxycle (capture carbone) et Genomines (matériaux). « Nous cherchons des start-up qui peuvent changer d'échelle, avec une équipe de fondateurs ayant un point de vue et une technologie unique sur un marché », glisse Clea Kolster, associée chez Lowercarbon et docteure en génie chimique.La thèse du fonds repose sur les technologies climatiques susceptibles de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans de nombreux secteurs : mobilité, énergie, agriculture, etc. Avec 2 milliards de dollars sous gestion et plus d'une centaine de start-up au portefeuille, Lowercarbon fait partie des plus importants fonds du secteur.

« La philosophie est d'investir dans les entreprises qui vont rendre le plus d'argent à nos investisseurs », poursuit sans ambages l'investisseuse, aussi directrice scientifique du fonds. Et d'ajouter : « Chacun des marchés de nos sociétés se chiffre à des centaines de milliards de dollars. »

Née en 2018, la société de gestion a été fondée par Crystal Sacca et le fantasque Chris Sacca. Ce dernier est un investisseur star du capital-risque américain, qui avait lancé Lowercase au capital de grands noms de la tech, comme X (ex-Twitter), Instagram, Stripe ou Uber.

Communication atypique

La communication du fonds dénote de la plupart des sociétés de capital-risque. Preuve en est avec le communiqué de presse d'annonce de ses deux nouveaux véhicules (550 millions de dollars ; un pour l'amorçage, l'autre pour réinvestir) l'année dernière. Le document, présenté comme une ébauche , manie l'humour et le phrasé « cash ».

 

Lowercarbon a eu une manière de penser et de marketer le climat en rendant la thématique sexy.

Alexis Houssou fondateur de HCVC

 

Un marketing atypique, qui va de pair avec le slogan gratiné du fonds : « Lowercarbon Capital backs kickass companies that make real money slashing CO2 emissions, sucking carbon out of the sky, and buying us time to unf**k the planet. » En français : « Lowercarbon Capital soutient des entreprises 'badass' qui gagnent de l'argent tout en réduisant les émissions de CO2, en capturant le carbone dans l'atmosphère, et en nous achetant du temps pour sauver la planète. »

« Ils ont eu une manière de penser et de marketer le climat en rendant la thématique sexy, ce qui a pu surprendre les fonds à impact très orientés ESG », rembobine Alexis Houssou, fondateur de HCVC, un fonds deeptech qui partage avec Lowercarbon des investissements dans Renaissance Fusion et Ark Biotech (société américaine). Et d'ajouter : « Ils n'ont pas eu peur de soutenir des start-up techniques et technologiquement risquées, tout en pouvant injecter des tickets conséquents. Leur entrée sur le marché européen a été positive. »

Poches profondes

Au-delà de l'Europe, le fonds a aussi investi dans la licorne américaine Watershed (comptabilité carbone) ou encore Charm Industrial (capture carbone). Mais aussi au sein de start-up au destin plus sombre, comme Nori (crédits carbone dans l'agriculture) ou Running Tide (capture carbone) qui viennent de fermer leurs portes.

« Nous voulons nous internationaliser, mais plutôt en Europe, ce qui n'a pas été un frein à leur investissement. C'est une vision paneuropéenne qu'ils ont achetée », souligne Jean-Yves Stephan de Storio.

Lever des fonds avec ce type d'acteur permet néanmoins aux jeunes pousses françaises de faciliter leur accès au très convoité marché américain, comme Dioxycle, qui a ouvert une filiale outre-Atlantique. Un pied en Europe, et l'autre déjà tourné vers le pays de l'Oncle Sam.

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