Il s’agit d’un recul majeur de la politique de modération des contenus des plateformes de Meta.
Exit la vérification de faits, bonjour les notes communautaires. Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) compte mettre fin à son programme de vérification de faits aux États-Unis, d’après ce qu’a annoncé mardi le PDG de l’entreprise Mark Zuckerberg.
Nous allons nous débarrasser des vérificateurs et des vérificatrices de faits et les remplacer par des notes de la communauté, semblables à X [ex-Twitter], en commençant par les États-Unis, a déclaré Mark Zuckerberg dans un message publié sur les réseaux sociaux.
Les vérificateurs ont été trop orientés politiquement et ont plus participé à réduire la confiance qu'ils ne l'ont améliorée, en particulier aux États-Unis.
Une citation de Mark Zuckerberg, PDG de Meta
Nous commençons le déploiement de Community Notes aux États-Unis et continuerons à l'améliorer tout au long de l'année avant son expansion dans d'autres pays. Bâtir une communauté demandera du temps, a indiqué à Radio-Canada un porte-parole de Meta.
L'annonce de Meta intervient au moment où le camp républicain ainsi que le propriétaire du réseau social concurrent X, Elon Musk, se sont plaints à de multiples reprises des programmes de vérification de faits, qu'ils assimilent à de la censure.
Les récentes élections semblent être un point de bascule culturel donnant, de nouveau, la priorité à la liberté d'expression, a estimé le patron de Meta.
Le groupe compte également revoir et simplifier ses règles concernant les contenus sur l'ensemble de ses plateformes et mettre fin à un certain nombre de limites concernant des sujets, tels que l'immigration et le genre, qui ne sont plus dans les discours dominants.
Il s'agit d'un recul majeur de la politique de modération des contenus, à un moment où la désinformation et les contenus dangereux changent plus rapidement que jamais.
Une citation de Russ Burley, cofondateur du Centre de résilience de l'information (CIR)
Les efforts pour protéger la liberté d'expression sont essentiels, mais reculer sur la vérification de faits sans solution de rechange crédible ouvre la porte à un flot de contenus encore plus dangereux, a-t-il insisté dans un communiqué.
C'est cool, s'est contenté de commenter Elon Musk, sur son réseau social X, publiant en même temps une capture d'écran d'un article titré : Facebook vire les vérificateurs de faits dans une tentative de "restaurer" la liberté d'expression. Mark Zuckerberg dit que les modérateurs de contenus sont "politiquement biaisés" tout en promettant un système semblable à celui de X, peut-on lire par la suite.
Un geste lourd de symboles
Le PDG de Meta a multiplié les gestes à l'égard du président élu Donald Trump au cours des dernières semaines, notamment par le biais d’un don d'un million de dollars pour le fonds finançant les cérémonies d'investiture de son second mandat à la Maison-Blanche, prévues le 20 janvier.
Le candidat républicain s'était montré particulièrement critique à l'encontre de Meta et de son patron ces dernières années, accusant l'entreprise de parti pris et de soutenir les discours progressistes.
Donald Trump avait été suspendu de Facebook après l'attaque du Capitole, le 6 janvier 2021, mais son compte avait été réactivé début 2023.
Mark Zuckerberg a dîné en novembre avec M. Trump à sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, dans un geste vu comme une volonté d'apaiser les relations avec le futur président des États-Unis.
Autre geste à destination du camp républicain : Meta a désigné un fidèle de M. Trump, Joel Kaplan, à la tête de ses affaires publiques, remplaçant l'ancien premier ministre britannique adjoint, Nick Clegg, démissionnaire.
Trop de contenus sans danger ont été censurés, trop de personnes ont été enfermées injustement dans la "prison de Facebook".
Une citation de Joel Kaplan, nouveau responsable des affaires publiques de Meta
Dans un communiqué, M. Kaplan insistait sur le fait que l'approche actuelle était allée trop loin.
Autre geste d'apaisement, la nomination du responsable de l'Ultimate Fighting Championship (UFC), Dana White, également proche de Donald Trump, au conseil d'administration de Meta.
D’autres changements à prévoir
Parmi les évolutions à venir, Meta devrait déplacer ses équipes confiance et sécurité de la Californie, généralement plus progressiste, vers le Texas, État plus conservateur.
[Ce déplacement] nous aidera à renforcer la confiance nécessaire pour faire le travail en ayant moins d'inquiétude quant aux partis pris présents parmi nos équipes.
Une citation de Mark Zuckerberg, PDG de Meta
Un mouvement qui va également avec la volonté de revenir sur sa décision de réduire les contenus politiques sur ses plateformes.
L'entreprise souhaite désormais adopter une approche plus personnalisée, donnant aux internautes un plus grand contrôle sur la quantité de contenus politiques visibles sur Facebook, Instagram et Threads.
L'AFP participe dans plus de 26 langues à un programme de vérification de faits développé par Facebook, qui rémunère plus de 80 médias dans le monde pour utiliser leurs vérifications de faits sur sa plateforme, sur WhatsApp et sur Instagram.
L’équipe des Décrypteurs de Radio-Canada a aussi fait partie de cette équipe de vérification de faits de 2020 à 2021.
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