Le Pentagone a annoncé dimanche l'envoi en Israël d’un système de défense antimissiles à haute altitude THAAD ainsi que d'une centaine de militaires américains pour le faire fonctionner. Considéré comme l'un des plus perfectionnés au monde, ce système doit permettre de renforcer la sécurité de l'État hébreu face à la menace balistique de l'Iran.
Washington franchit un cap dans son implication au Moyen-Orient. Le Pentagone a annoncé, dimanche 13 octobre, le déploiement en Israël d'un système américain de défense antimissile à haute altitude THAAD en soutien contre l'Iran, ainsi que d'une centaine d'hommes pour le faire fonctionner.
"La batterie THAAD renforcera le système intégré de défense aérienne d'Israël. Cette action souligne l'engagement sans faille des États-Unis à défendre Israël et les Américains en Israël contre toute nouvelle attaque de missiles balistiques de la part de l'Iran", fait valoir le département américain de la Défense dans un communiqué.
Le déploiement de ce puissant système vise à anticiper une nouvelle attaque iranienne sur Israël. Le 13 avril, une offensive combinée de drones et de missiles avait été lancée par Téhéran en réponse à "l'attaque contre la section consulaire de l'ambassade de la République islamique d'Iran à Damas et le martyre d'un groupe de commandants et conseillers militaires de notre pays en Syrie".
Le 1er octobre, la riposte iranienne est montée d'un cran avec l'envoi de 180 missiles sur le territoire israélien, en réponse à l'assassinat à Téhéran du chef du Hamas palestinien, imputé à Israël, et à la mort du chef du Hezbollah libanais et d'un général des Gardiens de la révolution iraniens.
Si la première vague de projectiles iraniens avait été interceptée à 92,5 %, la réussite israélienne est tombée à 79 % lors de la seconde salve, celle du 1er octobre, rapporte le Grand continent qui cite une étude du James Martin Center for Nonproliferation Studies (CNS).
Ces chiffres suggèrent que le dispositif antiaérien de l'État hébreu, composé du Dôme de fer, de la Fronde de David et des systèmes Arrow I, II et III, est loin d'être hermétique. THAAD doit permettre de combler les trous dans la raquette du système multicouches déployé par l'État hébreu.
Une précision redoutable
Développé par Lockheed Martin et mis en service depuis 2008, THAAD (Terminal High-Altitude Area Defense) est capable de frapper des cibles situés entre 150 et 200 km aussi bien pendant la phase de vol d'un missile, à l'extérieur de l'atmosphère, que lors de la redescente du projectile, à l'intérieur de l'atmosphère.
Versatile, le THAAD dispose également d'une précision redoutable grâce à une combinaison de systèmes de radars et d'intercepteurs avancés. Selon CNN, son taux de réussite avoisine les 100 % lors des tirs d'essai. Pour abattre les projectiles ennemis, ce système utilise la force cinétique : les intercepteurs ne sont pas équipés d'ogives explosives. Ils détruisent les cibles en entrant en collision avec le missile sur le principe du "hit to kill" ("frapper pour tuer").
Spécialisé dans la lutte antiaérienne contre les missiles balistiques de courte (jusqu'à 1 000 km) et moyenne portée (entre 1000 et 3000 km), ainsi que certains projectiles à portée intermédiaire, le THAAD viendra renforcer la réponse des systèmes Arrow, la couche supérieure de la défense antiaérienne israélienne.Cette dernière se compose également du Dôme de fer, chargé d'intercepter les roquettes de courte portée et de la Fronde de David, l'étage intermédiaire, dont le rôle est d'intercepter les missiles balistiques de courte portée, les missiles de croisière et les roquettes de grande dimension.
"Le THAAD a fait ses preuves au combat sur le plan opérationnel. Il apportera des capacités supplémentaires" à Israël, explique Tom Karako, expert en matière de défense antimissile au sein du groupe de réflexion Center for Strategic and International Studies, interrogé par le Wall Street Journal.
Selon un rapport du Congressional Research Service, l'armée américaine dispose de sept batteries THAAD, chacune composée de six lanceurs montés sur camion - avec huit intercepteurs chacun -, d'un puissant système radar et d'une composante de contrôle des tirs et de communication.
Chaque batterie nécessite d'être opérée par 95 soldats. Aucun calendrier n'a été précisé mais son déploiement nécessitera au moins une semaine, a indiqué un haut responsable militaire américain au New York Times.
"Pas de ligne rouge"
Ce n'est pas la première fois que les États-Unis déploient l'une de ces batteries au Moyen-Orient. Des batteries Patriot et THAAD avaient renforcé la protection des forces américaines après les attaques meurtrières du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Dans son communiqué, le Pentagone souligne également qu'un système THAAD avait servi lors d'un entraînement sur le sol israélien en 2019.
Si cette décision rapproche les troupes américaines d'un conflit militaire qui ne cesse de prendre de l'ampleur au Moyen-Orient, il n'est pas rare non plus que les États-Unis possèdent un contingent de soldats en Israël, note Associated Press. Washington dispose de forces sur place de manière constante pour de la formation et des exercices.
Au-delà de son rôle opérationnel, l'envoi de cette batterie THAAD apparaît comme une nouvelle démonstration du soutien "inébranlable" des États-Unis à son allié régional ainsi qu'un avertissement lancé à Téhéran.
Dans la foulée de l'offensive lancée sur la bande de Gaza en réponse aux attaques terroristes du 7 octobre, le Hezbollah, soutenu par l'Iran, a ouvert un front contre Israël. Après plus de onze mois d'échanges de tirs transfrontaliers, l'armée israélienne a intensifié ses frappes contre le territoire libanais et a lancé, le 30 septembre, une offensive au sol dans le sud du Liban.
Dimanche, le ministre iranien des Affaires étrangères a souligné que Téhéran, qui possède l'un des programmes balistiques les plus avancés de la région, n'avait "pas de ligne rouge" concernant "la défense" de ses intérêts alors qu'Israël menace de riposter à son attaque massive du 1er octobre. Une réponse israélienne que Washington compte encore pouvoir moduler. Les autorités américaines ont notamment exhorté le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à ne pas cibler les installations pétrolières et les sites nucléaires de l'Iran.
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