Enjeux Internationaux

Les trois erreurs stratégiques de Donald Trump face à l’Ukraine

Auteur: Fabien Deglise Source: Le Devoir
Février 25, 2025 at 10:32
Photo: Associated Press  Le rapprochement entre les États-Unis et la Russie aux dépens de l’Ukraine pourrait conduire Donald Trump à commettre trois erreurs stratégiques importantes… et irréparables.
Photo: Associated Press Le rapprochement entre les États-Unis et la Russie aux dépens de l’Ukraine pourrait conduire Donald Trump à commettre trois erreurs stratégiques importantes… et irréparables.

La guerre en Ukraine ne vient pas seulement d’entrer ce lundi dans sa quatrième année d’existence. Elle se retrouve aussi depuis quelques jours en zone de très haute turbulence après que Donald Trump a décidé de se rapprocher de l’agresseur russe, Vladimir Poutine, dans l’espoir sombre de mettre fin à ce conflit. Un revirement pour les États-Unis, allié historique de l’Ukraine et des démocraties occidentales, qui pourrait conduire le président américain à commettre trois erreurs stratégiques importantes et irréparables.

Mettre l’armée ukrainienne dans les mains de Poutine

Tout accord de paix faible, écrit par la Russie à son avantage et ne reconnaissant pas sa responsabilité dans cette guerre, risque de répéter les erreurs du passé en maintenant bien en vie les visées de Moscou sur l’Ukraine. Or, si le Kremlin devait se retrouver une nouvelle fois en position de s’emparer de l’ex-république soviétique, cela le placerait aussi, après trois ans de guerre, à portée de main de l’armée devenue la plus importante du continent européen, par les circonstances et par les équipements militaires occidentaux qui y ont été envoyés.

C’est que depuis 2022, l’armée ukrainienne a vécu toute une révolution. Après avoir épuisé ses stocks d’équipement et d’armement hérités de l’époque soviétique, elle s’est transformée rapidement sous l’effet de l’aide internationale et du soutien de ses alliés, dont celui des États-Unis.

« Les capacités militaires de l’Ukraine ont été largement rehaussées par la mise en disposition d’une gamme complète de moyens militaires de la part des pays occidentaux », résumait récemment Carsten Duke, officier de l’armée britannique dans les pages de la Revue Défense nationale. « Cela inclut même des moyens des domaines cybernétique et spatial, ainsi que du renseignement stratégique. »

 

4,5 milliards de dollars 
C’est la somme qu’a accordée le Canada en assistance militaire à l’Ukraine depuis le début de la guerre. 

 

L’Ukraine est en « guerre avec nos capacités et nos ressources », ajoutait, il y a quelques mois, l’ex-ministre de la Défense des Pays-Bas, Kajsa Ollongren, dans les pages du média ukrainien Liga, en qualifiant les « forces armées de Kiev » de « plus puissantes d’Europe ». « Nous les avons utilisées en combat, mais jamais à l’échelle à laquelle l’Ukraine le fait en ce moment. Vous avez une expérience dans l’utilisation de tout — chars, F-16, nouvelles technologies — qu’aucun d’entre nous [les pays de l’Union européenne] n’a jamais eue. »

Lundi, depuis Kiev, Justin Trudeau a annoncé une nouvelle aide militaire à l’Ukraine. Le Canada a offert 25 véhicules blindés légers, en plus de lui donner accès à 5 milliards de dollars provenant d’actifs russes saisis.

Dans une note au Congrès américain, l’analyste Andrew S. Bowen rappelait, début février, que les États-Unis ont accordé 66 milliards en assistance militaire à l’Ukraine depuis le début de la guerre. L’Union européenne est à 52 milliards et le Royaume-Uni à 10 milliards. Le Canada, lui ? 4,5 milliards. Des sommes colossales pour la formation de soldats, pour des ressources et des actifs militaires que Moscou pourrait retourner contre tous ces donateurs, s’il devait être aidé par Washington à remporter cette guerre.

Mettre la bombe atomique dans les mains de l’Iran

L’affaiblissement de la position des États-Unis face au dictateur russe, Vladimir Poutine, entre en contradiction avec la volonté de Washington d’empêcher depuis des années le régime de Téhéran d’acquérir l’arme nucléaire.

La guerre en Ukraine, tout comme la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie, a rebrassé les cartes dans cette région. Elle a aussi fait naître un nouveau partenariat entre l’homme fort du Kremlin et son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, qui ont mis leur rivalité historique de côté pour se concentrer sur leur ennemi commun : l’Occident.

 

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