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Management : ce que le MMA et les sports de combat peuvent apporter à l'entreprise

Auteur: Samir Hamladji Source: Les Echos:::
Septembre 6, 2025 at 10:20
Salahdine Parnasse à Roland Garros, le 29 mai 2025. (Cyril Pecquenard / SIPA)
Salahdine Parnasse à Roland Garros, le 29 mai 2025. (Cyril Pecquenard / SIPA)

Alors que l'Accor Arena affirme son statut de temple du MMA en recevant, ce samedi, l'UFC, la plus importante ligue d'arts martiaux mixtes au monde - avant l'Hexagone MMA 34 du 19 septembre prochain au Zénith de Paris -, une question se pose : les valeurs et l'intensité véhiculées par les sports de combat peuvent-elles être transposables à l'univers feutré de l'entreprise ? Rencontre avec


Alors que l'Accor Arena affirme son statut de temple du MMA en recevant, ce samedi, l'UFC, la plus importante ligue d'arts martiaux mixtes au monde - avant l'Hexagone MMA 34 du 19 septembre prochain au Zénith de Paris -, une question se pose : les valeurs et l'intensité véhiculées par les sports de combat peuvent-elles être transposables à l'univers feutré de l'entreprise ? Rencontre avec

A première vue, tout semble opposer le MMA (Mixed Martial Arts), sport de combat explosif, spectaculaire et désormais incontournable depuis sa légalisation en France en 2020, au monde feutré et codifié de l'entreprise. 

Quand l'un hurle toute son intensité à la face du monde, l'autre cultive une forme de retenue. Et pourtant… ces deux univers que tout semble opposer partagent de solides fondations : la quête de performance, la gestion du stress, le leadership et la résilience face aux épreuves.

Plus qu'un simple parallèle, cette discipline, qui ne cesse de séduire de nouveaux adeptes dans l'Hexagone, offre un miroir grossissant des enjeux auxquels sont confrontés dirigeants, managers et collaborateurs au quotidien. 

Loin d'être un long fleuve tranquille, la vie en entreprise est un combat de chaque instant. Une notion familière à Salahdine Parnasse, vingt-sept ans, considéré comme l'un des plus éminents fers de lance du MMA français - et même au-delà - comme en témoignent ses 21 victoires pour 23 combats disputés.

« Le stress et l'environnement de compétition font partie de mon quotidien depuis que je suis enfant. J'ai appris à transformer ce stress en motivation. Pour moi, monter sur le ring, c'est l'occasion de briller. Je le vis comme quelque chose de positif, une vraie source d'énergie », assure celui qui a également officié en tant que plombier pour la mairie d'Aubervilliers, avant que la mise en lumière de la discipline ne lui permette de s'y consacrer exclusivement. 

Un environnement propice, ciselé sur mesure par celui qui l'accompagne depuis l'âge de onze ans : Stéphane Chaufourier, dit « Atch », fondateur de la Atch Academy, où Salahdine Parnasse a fourbi ses armes et poursuit sa progression aujourd'hui. 

 

« Pour clarifier auprès de votre lectorat, je suis son manager », précise-t-il d'emblée, avant de développer. « Je m'implique autant dans la gestion de son image que dans sa préparation physique. Et comme je le connais depuis tout jeune, j'ai dû adapter mon management à sa personnalité. Nous sommes une structure relativement modeste et nous mettons en place un discours adapté à ses ressentis et émotions, sinon on va droit dans le mur. »

Leadership « inspirant » ou « écrasant » ?

Un management sur-mesure, qui peut néanmoins subtilement amener son combattant vers des « territoires inexplorés ». « Il est inutile de lui imposer des choses qui ne sont pas dans son registre », poursuit Atch. « En revanche, on peut l'amener à explorer de nouveaux domaines en empruntant des chemins détournés, partir de ce qu'il aime pour aller vers ce qu'il aime moins. C'est beaucoup plus efficace ainsi. » Une forme de polyvalence et de flexibilité indissociable de l'entreprise d'aujourd'hui. 

Autre valeur incontournable aux deux univers : le leadership. Fier porte-étendard de la Atch Academy, qu'il a fait rayonner aux quatre coins de la planète, l'exposition de Salahdine Parnasse rejaillit-elle sur les autres combattants de la structure ? « Aujourd'hui, c'est vrai que je suis un peu le porte-drapeau du club. Donc, quand je peux aider, conseiller les plus jeunes, et même les plus anciens, je le fais avec plaisir. », estime Salahdine Parnasse. 

Avec davantage de recul, le manager étoffe les propos de son combattant. « C'est une question très intéressante. Salahdine, au sein de l'académie, est à la fois une vitrine et une locomotive. Il tire les autres vers le haut. Mais j'imagine que cela peut aussi être étouffant. Peut-être que certains le vivent mal, mais ils ne l'expriment pas forcément. Je me mets à leur place. Cela dit, au vu du travail qu'il fournit et des résultats qu'il obtient, je n'ai pas d'autre choix que de m'appuyer sur lui comme exemple ». 

Un exemple également dans sa gestion du sacro-saint équilibre des vies professionnelle et personnelle ? Tout comme en entreprise, il semble visiblement difficile de compartimenter efficacement les deux mondes. « Aujourd'hui, j'ai une compagne et un enfant. Mais je ne déconnecte jamais vraiment du sport. C'est ma vie. Je vis pour ça, je mange pour ça, je dors pour ça. C'est mon métier. » Un propos largement corroboré par son manager : « Le dimanche, lorsque je vois ses stories sur les réseaux sociaux dans lesquelles il s'entraîne, je l'encourage également à lever le pied. »

Résilience et gestion de l'échec

En dépit de son palmarès impressionnant et de son règne, actuellement, sans partage dans sa catégorie, Salahdine Parnasse a, comme tout un chacun, connu des périodes de doute. « Dans ces moments-là, l'équipe est toujours là. Ils me rassurent, que ce soit sur mes adversaires ou sur d'autres aspects. Ils m'aident à analyser, à garder la tête froide. Même dans ma vie personnelle, quand j'ai traversé des difficultés, le club a toujours été là. J'ai connu pas mal d'épreuves, comme tout jeune homme, et ils m'ont soutenu à chaque étape. » Car la gestion de l'échec ne s'improvise pas. 

Une discipline que l'on pourrait qualifier de « cousine très éloignée » du MMA en a d'ailleurs fait l'un de ses premiers jalons : le judo

« Lorsqu'on commence le judo, on ne vous apprend pas d'abord à attaquer, mais à chuter. Parce que si on ne sait pas chuter, on se blesse. Et surtout, si on ne chute pas, on ne peut pas progresser », décrypte David Inquel, ancien judoka professionnel et désormais entrepreneur. Ainsi que théoricien du « judo-mimétisme », une approche qui consiste à transposer les valeurs du judo - respect, rigueur, adaptation, coopération - à l'univers de l'entreprise.

« Le judo n'a pas été conçu comme un simple sport de combat, mais comme une voie éducative. Jigoro Kano, son fondateur, a su 'désaxer' la discipline pour en faire un véritable outil d'enseignement. » D'où l'importance, en entreprise comme sur le tatami, d'apprendre à chuter avant (peut-être) de tutoyer les sommets.

Ici, la chute n'est ni une fin ni un échec, mais un passage obligé. Presque un rite. « Une mauvaise tentative peut entraîner une chute, mais l'important, c'est d'apprendre à tomber, et surtout à se relever tout de suite », souligne David Inquel. 

Une philosophie que l'entreprise gagnerait à faire sienne : échouer n'est pas un problème, tant qu'on apprend à rebondir.

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