Selon une enquête publiée par l'European Council on Foreign Relations, Washington est désormais perçu majoritairement comme un « partenaire nécessaire ». Une incitation, pour les gouvernements, à se montrer plus pragmatiques face à l'Amérique de Donald Trump, suggèrent les auteurs.
Avec le retour de Donald Trump, les Européens seraient-ils devenus plus pragmatiques ? Selon une enquête de l'European Council on Foreign Relations (ECFR) publiée ce mercredi et réalisée en novembre dernier auprès de 18.507 personnes dans quatorze pays d'Europe, ils voient en tout cas désormais les Etats-Unis comme un « partenaire nécessaire » beaucoup plus que comme un « allié ».
Une opinion qui prévaut dans tous les pays sondés y compris dans les « bastions transatlantiques traditionnels », comme la Pologne ou le Danemark, notent les auteurs. Même au Royaume-Uni, qui se targue pourtant d'une « relation spéciale » avec les Américains, elle prédomine, 44 % des Britanniques interrogés considérant l'Amérique comme un partenaire, contre 37 % qui la jugent encore comme étant une alliée.
Pragmatisme
Et en Ukraine, 67 % des personnes interrogées estiment que les Etats-Unis constituent un « partenaire nécessaire », contre 27 % qui les considèrent comme des alliés.
Concernant spécifiquement la guerre en Ukraine, les Européens jugent, dans leur grande majorité, que des négociations de paix entre Kiev et Moscou sont l'issue « la plus probable ». Mais dans plusieurs pays, notamment en Europe du Nord, ils sont nombreux à préférer une victoire de l'Ukraine et, partant, à vouloir que l'Europe continue d'aider Kiev à poursuivre le combat. La semaine dernière, Donald Trump et Vladimir Poutine ont discuté de la fin de la guerre en Ukraine. Et mardi, dans une longue interview au « Guardian », Volodymyr Zelensky s'est même dit prêt à des échanges de territoire avec la Russie.
A ce sujet comme plus généralement en matière de défense et de sécurité, « les gouvernements européens doivent être pragmatiques » face à un Donald Trumpadepte d'une approche transactionnelle des problématiques globales, analyse Jana Puglierin, chargée de mission à l'ECFR et coauteure de l'enquête. « Les récentes actions de Donald Trump envers les alliés historiques des Etats-Unis montrent que la communauté transatlantique n'est plus soutenue par des valeurs communes », pointe-t-elle.
Une évolution qui, espère Arturo Varvelli, autre coauteur de l'enquête, saura « aiguiser les esprits quant à la nécessité pour l'Europe d'adopter davantage d'autonomie dans ses relations internationales ». La tâche n'est pas mince pour les dirigeants européens, face à un président américain à l'offensive sur tous les fronts.
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