Des vidéos générées «avec l’intelligence artificielle»
Au domicile de l'un des suspects interpellés en Alsace, ont été découvertes «plus d'une quinzaine de poupées sexuelles en latex dont huit d'apparence enfantine, présentant des orifices vaginaux et oraux, vêtues de vêtements d'enfants et portant chacune un pendentif avec un prénom différent», a expliqué le procureur de Mulhouse, Nicolas Heitz. Le suspect de 58 ans a reconnu avoir acquis ces poupées depuis 2017 sur internet et «avoir eu des pratiques masturbatoires avec ces dernières».
Au domicile d'un deuxième suspect arrêté en Alsace et âgé de 54 ans, deux poupées ayant l'apparence de mineures ont été trouvées, de même que «des supports de stockage informatique révélant des contenus à caractère pédopornographique», qu'il a affirmé avoir générés «avec l'intelligence artificielle». Il a reconnu lui aussi des pratiques masturbatoires avec les deux poupées. Ces deux quinquagénaires alsaciens, qui ne présentent pas d’antécédents judiciaires, comparaîtront à Mulhouse le 6 février.
Dans le ressort de Cambrai (Nord), un homme de 27 ans, inconnu des services judiciaires, comparaîtra le 28 avril, selon la procureur Ingrid Gorgen. La poupée commandée n’a pas été retrouvée à son domicile, mais les enquêteurs y ont également découvert des images pédopornographiques générées via l’IA. Dans le même département du Nord, un homme a été placé en garde à vue pour avoir «tenté d’acquérir» l’une de ces poupées. Il sera jugé le 6 janvier et restera en détention provisoire jusque-là, a précisé le procureur Laurent Dumaine.
Des vidéos de véritables agressions
À Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), un quadragénaire, «condamné une fois pour vol, pas connu pour des faits de nature sexuelle» a été interpellé. Sa poupée n'a pas été retrouvée : il a expliqué l'avoir achetée «car il se sentait seul», utilisée puis jetée, selon le parquet de Rouen. Les policiers ont trouvé chez lui des «vidéos datées visiblement de 2024 sur lesquelles le mis en cause, visible, commettait des agressions sexuelles, à l'encontre d'une femme adulte et d'enfants bien réels». Il a par conséquent été également placé en garde à vue pour des faits de «viol» et d’«agression sexuelle». Vendredi soir, son déferrement était «en cours», indique le procureur Sébastien Gallois, «en vue d’une ouverture d’information judiciaire avec réquisitions de placement en détention provisoire».
Au domicile d’un employé de 43 ans, interpellé à Gilette (Alpes-Maritimes), ont été découvertes «plusieurs poupées présentant un caractère pédopornographique, des vêtements pour les habiller et différents objets à caractère sexuel». L’exploitation du téléphone du suspect a permis «de retrouver des images de poupées mais aucune consultation ou détention d’autres photos ou films à caractère pédopornographique». Il a été déféré vendredi devant un magistrat à Nice. Une expertise psychiatrique a mis «en exergue des déviances sexuelles pédophiliques et fétichistes».
Enfin, à l’issue de sa garde à vue, un homme né en 1959, inconnu des services, a été présenté au parquet d’Annecy jeudi, selon la procureure Lise Bonnet. Il sera jugé le 21 janvier par le tribunal correctionnel et a été placé sous contrôle judiciaire en attendant le procès.
«Il n’y a pas de profil type»
Plusieurs suspects ont quant à eux été relâchés. Dans la Nièvre, «la perquisition n'a pas permis de découvrir d'objets dont la détention serait incriminée», selon le parquet, comme à Toulon ou à Chambéry. De même, un individu arrêté dans la Loire a «été remis en liberté jeudi soir par manque de charges suffisantes», a expliqué le procureur de Roanne Xavier Laurent, aucune poupée sexuelle aux traits enfantins n'ayant «été retrouvée lors de la perquisition à son domicile». Selon une source proche de l'enquête, cet homme de 32 ans était toutefois inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Les interpellations ont pu être menées grâce au travail d'investigation de 60 enquêteurs. Selon le parquet de Paris, qui coordonne l’opération confiée à l’Office mineur de la police (Ofmin), les suspects les plus jeunes ont un peu plus de 20 ans, les plus âgés, près de 70 ans. Au total, «sept étaient connus pour des faits sur des mineurs», selon la commissaire Aurélie Besançon, cheffe de l’Ofmin, qui prévient qu’en matière de pédocriminalité, «il n’y a pas de profil type».