L’Ukraine a accepté, mardi, une proposition américaine d’une trêve de trente jours avec la Russie, ce qui a incité Washington à accepter de reprendre son assistance militaire à Kiev.
“Il s’agit d’un revirement vertigineux” qui “laisse tous les regards tournés vers la Russie”, commente The Guardian. Une dizaine de jours après la “dispute” entre les présidents américain, Donald Trump, et ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le Bureau ovale, l’Ukraine a accepté, mardi 11 mars, une proposition américaine d’un cessez-le-feu de trente jours dans la guerre qui l’oppose à Moscou, ce qui a incité Washington à rétablir l’aide militaire à Kiev ainsi que le partage de renseignements avec l’Ukraine.
La proposition de trêve, qui doit encore être approuvée par la Russie, a été annoncée dans une déclaration commune qui a clos plusieurs heures de discussions entre les délégations américaine et ukrainienne à Djeddah, en Arabie saoudite.
Le journal britannique semble d’autant plus surpris que “jusqu’à ce que les pourparlers […] portent leurs fruits, la situation sur le terrain ne semblait pas favorable à une trêve”. Avec, notamment, une importante attaque ukrainienne à l’aide de drones contre Moscou, lundi soir.
“Aujourd’hui, pour la première fois, la Russie est invitée à s’engager, même si l’issue de son adhésion reste incertaine”, souligne The Guardian.
“C’est maintenant la Russie qui pourrait ressentir la pression”
“Il semble que le moment soit venu de tester les intentions de [Moscou], en public”, observe également la BBC.
Avec la reprise immédiate de l’échange de renseignements et de l’assistance sécuritaire des États-Unis à l’Ukraine, après une suspension qui n’a duré que quelques jours, “c’est maintenant la Russie qui pourrait ressentir la pression”,estime la chaîne britannique, alors que, “ces dernières semaines, on a beaucoup entendu parler des attentes de Donald Trump à l’égard de l’Ukraine et des instruments brutaux utilisés par la Maison-Blanche pour que Kiev se plie à sa volonté”.
La réunion en Arabie saoudite “semble être une remise à zéro opportune après les turbulences de ces derniers jours”, juge le site de la BBC. Tout en prévenant que “cela ne signifie pas que les États-Unis et l’Ukraine sont entièrement d’accord sur la voie à suivre”.
Le “rêve de paix” de Trump va “rencontrer la réalité russe”
“Le rêve de paix de Trump en Ukraine doit maintenant rencontrer la réalité russe”, met de son côté en garde CNN.
La chaîne américaine pense que “Vladimir Poutine acceptera probablement une certaine forme de paix” afin de “maintenir l’illusion qu’il est le partenaire de Trump dans cette affaire”. Mais elle doute de la bonne foi du président russe. “Dans le passé, la Russie a excellé dans […] la maskirovka – la tromperie utilisée comme tactique sur le champ de bataille.”
“Les faits observés au cours de la dernière décennie devraient inciter au pessimisme, et la tromperie s’est déroulée presque entièrement dans un seul sens”, analyse la chaîne. Et d’énumérer les faits suivants : “La Russie a envahi la Crimée en 2014, mais elle a prétendu ne pas l’avoir fait. La Russie a accepté un cessez-le-feu en 2015 et, dès les premiers jours, a pris la ville ukrainienne de Debaltseve. La Russie a assuré qu’elle ne lancerait pas une invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022, mais elle l’a fait. La Russie a d’abord déclaré qu’elle n’utilisait pas de prisonniers sur la ligne de front, mais, aujourd’hui, certaines de ses prisons sont presque vides.”
Si un cessez-le-feu de trente jours “est, sans hésitation, une bonne nouvelle, à première vue”, le site de CNN voit un risque “clair”. “Que [celui-ci] soit rompu, probablement en raison d’une action russe, que Trump pense à tort que l’Ukraine est à blâmer pour avoir gâché sa paix, et que l’aide de l’Ukraine soit à nouveau gelée, cette fois avec un côté plus vindicatif puisqu’elle a été considérée comme l’agresseur. Moscou prétend être à nouveau la victime et lance un nouvel assaut contre l’Ukraine, où une brève accalmie a entraîné un ralentissement de l’aide occidentale et de la préparation militaire.”
“La balle est à présent dans [le] camp” de Moscou, auquel la proposition sera transmise dans les prochains jours, a déclaré le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, à l’issue des discussions à Djeddah. “C’est vrai, et c’est un résultat admirable, salue CNN. Mais la Russie excelle également dans l’art de saisir la balle, de l’empocher, de débattre des règles du jeu et des points perdus trois sets auparavant, avant de prétendre que la balle lui a en fait été volée par l’autre équipe.”
Courrier international
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