Le président russe Vladimir Poutine a affirmé jeudi que Moscou « cessera les hostilités » en Ukraine si les forces de Kiev acceptent de se retirer des territoires dont la Russie revendique l'annexion.
Ces déclarations interviennent alors que les États-Unis ont présenté la semaine dernière un plan visant à mettre fin à la guerre, lancée en 2022, qui a été perçu comme largement favorable aux demandes du Kremlin. Ce texte a été amendé le week-end dernier après des consultations avec les Ukrainiens et doit désormais être présenté à Moscou.
Si les troupes ukrainiennes quittent les territoires occupés, nous cesserons les hostilités. Si elles ne partent pas, nous les chasserons par la force militaire, a déclaré M. Poutine lors d'une conférence de presse à Bichkek, au Kirghizstan.
M. Poutine n'a pas précisé s'il parlait uniquement des régions de Donetsk et de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, vues comme cibles prioritaires par le Kremlin, ou également de celles de Kherson et Zaporijia dans le sud.
La Russie avait revendiqué en septembre 2022 l'annexion de ces quatre territoires qu'elle ne contrôle pas entièrement.
La cession par Kiev à Moscou des régions de Donetsk et de Lougansk figurait dans le plan initial en 28 points des États-Unis, mais ce texte a été considérablement amendé par l'Ukraine.
Cette nouvelle mouture n'a pas été dévoilée, mais elle ne contient plus de conditions maximalistes et n'offre pas de solution concernant les territoires occupés, selon des sources interrogées à Kiev.
L'émissaire américain Steve Witkoff est attendu la semaine prochaine à Moscou pour évoquer ce plan américain avec les responsables russes.
Le chef de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak, a de son côté annoncé jeudi sur Telegram que le travail conjoint des délégations ukrainienne et américaine sur le plan se poursuivra à la fin de cette semaine.
Vladimir Poutine a répété jeudi que le plan américain pouvait servir de base à de futurs accords entre Moscou et Kiev. Selon lui, l'un des points clés des négociations avec Washington sera la reconnaissance du Donbass et de la Crimée, annexée en 2014, comme territoires russes.
Nous avons besoin d'une reconnaissance [internationale], mais pas de la part de l'Ukraine, a-t-il ajouté, mettant une nouvelle fois en doute la légitimité de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
M. Poutine a aussi répété que son pays n'avait aucune intention d'attaquer l'Union européenne, mais a indiqué que Moscou a élaboré des mesures de rétorsion économiques en cas de saisie des avoirs russes gelés.
Les dirigeants européens sceptiques
Moscou a déclaré que les discussions en cours sur le plan étaient sérieuses, mais les dirigeants européens ont exprimé leur scepticisme, le président français Emmanuel Macron affirmant qu'il n'y avait clairement aucune volonté russe d'accepter un cessez-le-feu.
Il sera vite clair si Vladimir Poutine a une intention réelle de faire la paix avec l'Ukraine, a, pour sa part, déclaré Guido Crosetto, ministre italien de la Défense.
Je ne sais pas ce que Poutine a en tête, a-t-il déclaré aux journalistes à l'ambassade d'Italie à Paris après avoir rencontré son homologue française Catherine Vautrin.
Nous espérons que, cette, fois la Russie voudra vraiment s'asseoir à la table et négocier. Je ne suis pas optimiste, a-t-il affirmé, notant que la Russie recrutait encore des troupes et augmentait ses investissements militaires.
Nous verrons dans les semaines à venir – cela ne prendra pas longtemps pour comprendre – si Poutine a une réelle intention.
Une citation deGuido Crosetto, ministre italien de la Défense
Il a également mis en garde sur le risque que l'Europe, tout en aidant l'Ukraine à se reconstruire, ferme les yeux sur la transition post-guerre de la Russie, qui pourrait entraîner une reprise du conflit.
Rappelez-vous ce qui s'est passé en Europe lorsque, après la Première Guerre mondiale, les anciens combattants sont rentrés chez eux et ont créé les conditions de la montée du nazisme et du fascisme, a-t-il dit, faisant référence à la montée des dictateurs Adolf Hitler et Benito Mussolini.
Pensez aux deux millions et demi de Russes qui, après avoir gagné trois fois le salaire russe normal, rentreront chez eux et devront trouver du travail. Quelle instabilité cela créera en Russie!