Ukraine

« Maintenant, c'est l'Europe qui doit tout payer » : pourquoi l'Ukraine reçoit de moins en moins d'aide militaire pour lutter contre l'armée russe

Source: Les Echos:::
Octobre 15, 2025 at 10:24
Soldats ukrainiens en entraînement à Zaporijjia, le 30 août 2025. Volodymyr Zelensky cherche à convaincre Washington de renforcer son soutien à Kiev. (AFP)
Soldats ukrainiens en entraînement à Zaporijjia, le 30 août 2025. Volodymyr Zelensky cherche à convaincre Washington de renforcer son soutien à Kiev. (AFP)

Des pays de l'Otan se sont engagés à acheter des armes aux Etats-Unis et à les livrer à Kiev. Mais cette aide ne suffit pas à compenser le retrait total de Washington, qui refuse d'aider directement le pays.


Par Hortense Goulard

Publié le 15 oct. 2025 à 12:30

Vendredi, Volodymyr Zelensky va se rendre à Washington pour plaider sa cause auprès de Donald Trump. Le président ukrainien en a bien besoin. En juillet-août, l'aide militaire à son pays s'est effondrée de 57 % par rapport aux six premiers mois de l'année, selon les chiffres récoltés par le Kiel Institute, basé en Allemagne. Ce soutien décroît aussi nettement, de 43 %, par rapport à la moyenne mensuelle des années 2022 à 2024.

Le 14 juillet, les Etats-Unis et l'Otan se sont mis d'accord pour donner à l'Ukraine des armes américaines, achetées par les pays européens. Cette initiative visait à accélérer l'aide militaire à Kiev, dans un contexte de retrait de Washington. Huit pays de l'Otan, dont l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège, ont pour l'instant participé à cette initiative. L'aide totale versée à l'Ukraine par ce biais atteint 1,9 milliard d'euros.

Obtenir des armes rapidement

« Cette initiative est importante parce qu'elle permet à des membres de l'Otan d'acheter des armes 'prêtes à l'emploi', provenant des réserves américaines, pour l'Ukraine, explique Taro Nishikawa, l'un des deux auteurs du rapport. Les pays donateurs européens ont de plus en plus recours à des armes nouvelles - qu'il faut commander, et dont la production prend des mois et parfois des années. Donc ce mécanisme permet à l'Ukraine d'obtenir des armes plus rapidement. »

 

 

 

« Le déclin de l'aide militaire en juillet et en août est étonnant », souligne Christoph Trebesch, l'autre coauteur du rapport. Il pointe néanmoins que ces chiffres varient souvent d'un mois à l'autre : « Cela pourrait être lié à l'été. Il y a une chance que cet épisode soit passager. L'automne nous le dira. »

Si les discussions avec Donald Trump donnent lieu à quelques avancées, ces dernières seront sans doute limitées, ajoute l'expert. « Nous n'allons pas revenir de sitôt à un partage de l'effort comme sous Joe Biden », explique-t-il. « Les Etats-Unis semblent vouloir préserver la coopération entre les services de renseignement et la vente d'armes américaines clés. Mais maintenant, c'est l'Europe qui doit tout payer. »

 

L'aide humanitaire se maintient

Le Kiel Institute s'intéresse aussi à l'aide humanitaire et financière à l'Ukraine, qui reste stable par rapport aux années précédentes. « Entre juillet et août, 7,5 milliards d'euros ont été alloués en aide financière et humanitaire, ce qui correspond à la moyenne de ces dernières années et de la première moitié de l'année », souligne le rapport. L'immense majorité (86 %) de ce soutien provient des institutions européennes.

A Washington, Volodymyr Zelensky va également rencontrer des « entreprises militaires » américaines et des élus au Congrès. « Le sujet principal sera la défense antiaérienne, mais j'aurai également des rencontres avec des entreprises du secteur de l'énergie », a-t-il ajouté lundi, à l'occasion d'une conférence à Kiev aux côtés de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.

Une délégation de hauts responsables ukrainiens, dont la Première ministre, Ioulia Svyrydenko, le chef de l'administration présidentielle, Andriy Yermak, et le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense, Roustem Oumerov, s'est rendue à Washington lundi, a précisé Volodymyr Zelensky sur X. Ce dernier s'est entretenu deux fois au téléphone avec Donald Trump, le week-end dernier. La discussion portait notamment sur les missiles de longue portée américains Tomahawk.

 

 

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