Ukraine

Guerre en Ukraine : c’est quoi le RS-26 Rubezh, le missile intercontinental que la Russie aurait lancé pour la première fois ?

Auteur: admin Source: Le Parisien
Novembre 21, 2024 at 09:31
La Russie aurait lancé un missile intercontinental, a priori comme celui-ci pris le 1er mars 2024 lors d'un essai, vers l'Ukraine. AFP/Ministère russe de la Défense
La Russie aurait lancé un missile intercontinental, a priori comme celui-ci pris le 1er mars 2024 lors d'un essai, vers l'Ukraine. AFP/Ministère russe de la Défense

C’est une première depuis le début du conflit. La Russie a tiré ce jeudi matin un missile intercontinental (ICBM) vers l’usine de fabrication de satellites Pivdenmach, située à Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine, selon l’armée de l’air ukrainienne. Pour l’heure, silence radio côté russe, mais cette information - si elle se confirme - inquiète déjà l’Union européenne (UE), pour qui cela « marquerait une escalade claire ». La France parle pour sa part d’un événement « extrêmement grave », quand le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, estime que son « voisin fou » utilise « l’Ukraine comme un terrain d’essai ».

Certaines vidéos non authentifiées circulant sur les réseaux sociaux montrent ce qui s’apparente à la chute de plusieurs ogives contenues dans le missile.

 

 

Il s’agirait plus précisément d’un missile RS-26 Rubezh, d’une portée d’environ 5 800 km à vide. Celle-ci tomberait à quelque 2 500 km une fois chargée, selon le consultant en risques internationaux Stéphane Audrand. Ce missile aurait été tiré « depuis la région russe d’Astrakhan », située à la frontière avec le Kazakhstan, selon l’armée de l’air ukrainienne. « C’est très loin du front, ce sont des missiles qui peuvent partir de beaucoup plus loin que des missiles classiques », décrypte Stéphane Audrand. Les intercepter lors de leur « phase de montée » est donc impossible, et les détruire en vol extrêmement complexe.

Plusieurs ogives nucléaires par missile

Si l’utilisation de ces missiles intercontinentaux inquiète, c’est parce qu’ils sont initialement conçus pour contenir des ogives nucléaires (quatre ou plus, en fonction du modèle), et que cette première intervient deux jours après l’élargissement du recours possible à l’arme nucléaire décrété par le président russe Vladimir Poutine. Concrètement, chaque missile de ce type contient plusieurs ogives. Chacune d’elles vise la « même zone », mais elles peuvent avoir une « trajectoire indépendante » et donc un peu différente, précise Stéphane Audrand. Avec, par ogive, une puissance nucléaire plus de dix fois supérieure à la bombe lancée sur Hiroshima au Japon en 1945. Le RS-26 suspecté d’avoir été tiré ce jeudi matin par la Russie ne contenait a priori pas de charge nucléaire.

« Il s’agit d’un des vecteurs courants de l’arme nucléaire stratégique et de la dissuasion nucléaire », assure Stéphane Audrand. D’après lui, employer de tels missiles - même vides - constitue l’un des « plus gros signalements stratégiques (les étapes avant l’emploi réel de l’arme nucléaire) » depuis le début du conflit. « Jusque-là, tout restait très déclaratoire », analyse-t-il.

À travers cela, la Russie cherche donc à montrer qu’elle « met en alerte » ses forces nucléaires, notamment en réponse à l’usage de missiles à longue portée ATACMS par l’Ukraine sur son sol et à laquelle Moscou avait promis une réponse « en conséquence » . « Ils veulent être pris au sérieux », résume Stéphane Audrand. Une frappe qui intervient également peu après le 1000e jour de guerre et l’élection de Donald Trump aux États-Unis, provoquant une incertitude quant à l’aide américaine à l’Ukraine.

Faut-il donc y voir les premiers pas vers une guerre nucléaire ? Non, répond l’ancien officier Guillaume Ancel. « Si Poutine utilise une arme nucléaire contre l’Ukraine, les autres pays et l’OTAN seront obligés de réagir. La Chine s’y oppose et ne le soutiendrait pas. La Russie serait donc très isolée », veut-il croire. « Et si l’OTAN rentrait en jeu en Ukraine, l’armée russe perdrait. Ce serait la fin de la guerre », ajoute-t-il. Même réponse pour Stéphane Audrand, selon qui le président russe cherche là plutôt à « donner corps à ses menaces ».

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