Au lendemain de la démonstration de force diplomatique de Vladimir Poutine sur la place Rouge, les dirigeants européens se sont réunis à Kiev pour exiger de la Russie un cessez-le -feu inconditionnel de trente jours et menacé de nouvelles sanctions économiques.
Cela faisait trois ans qu’Emmanuel Macron ne s’était pas rendu en Ukraine. Sur la place de l’Indépendance (Maïdan), ce samedi matin, il était cette fois accompagné du chancelier allemand Friedrich Merz, du Premier ministre britannique Keir Starmer et du Premier ministre polonais, Donald Tusk, pour se recueillir devant les drapeaux et les portraits des soldats tombés aux côtés de Volodymyr Zelensky et de sa femme Olena. Les dirigeants européens ont uni leurs voix à celle du président ukrainien pour exiger du Kremlin un cessez-le-feu « inconditionnel » de trente jours à compter du lundi 12 mai.
« En cas de violations, nous lancerons des sanctions massives et coordonnées entre Européens et Américains », a prévenu Emmanuel Macron lors de la conférence de presse tenue à l’issue du sommet. Vingt-sept États membres de la « coalition des volontaires » participaient à la réunion, organisée en ligne depuis Kiev, qui s’est achevée par un appel conjoint avec le président américain Donald Trump. L’ensemble des pays a décidé de soutenir un cessez-le-feu de 30 jours « avec une surveillance assurée principalement par les États-Unis d’Amérique », a précisé Emmanuel Macron, qui ajoute que «tous les Européens contribueront».
La réponse russe a toutefois été rapide, ce samedi après-midi. «Nous entendons des déclarations contradictoires de la part de l’Europe. Elles sont généralement axées sur la confrontation plutôt que sur des tentatives visant à ressusciter nos relations d’une manière ou d’une autre», a regretté devant la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
L’initiative de cessez-le-feu de 30 jours, proposée par Washington à Djeddah et acceptée par Kiev depuis le 11 mars, est restée jusqu’à ce jour sans réponse claire du Kremlin, dont le porte-parole a déjà fustigé toute trêve qui ne s’accompagnerait pas d’une cessation de livraison d’arme à l’Ukraine. «Nous voyons les tentatives russes de jouer avec le temps et de poursuivre la guerre », a dénoncé Volodymyr Zelensky lors de la conférence de presse. « Si Poutine veut vraiment la paix, il doit le montrer. Plus de "si", plus de "mais", plus de délais », a lancé le Premier ministre britannique Keir Starmer. « Si la Russie rejette cette proposition, elle se placera définitivement dans le camp de la guerre », a ajouté le Premier ministre polonais Donald Tusk.
Selon Volodymyr Zelensky, les contours de ce nouveau paquet de sanctions sont en cours de finalisation. Ils pourraient inclure des restrictions sur le secteur bancaire ainsi qu’un plan d’affectation des avoirs russes gelés. Ce dossier sensible devrait figurer à l’ordre du jour du prochain G7.
Unité du camp occidental
«C’est un moment historique pour une Europe de la Défense. Évidemment pour l’Ukraine mais pour nous tous. C’est une nouvelle ère. C’est une Europe qui se pense comme puissance», déclarait un peu plus tôt Emmanuel Macron sur la place de l’Indépendance (Maïdan). La visite vise à souligner la coordination retrouvée d’un axe occidental, qui a souvent peiné à parler d’une seule voix. « La position à laquelle nous sommes parvenus aujourd’hui est une unité absolue entre toute une série de pays à travers le monde, y compris les États-Unis », s’est ainsi félicité Keir Starmer. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les Européens redoutaient une paix bâclée, négociée entre Washington et Moscou sans Kiev ni les pays européens.
Le calendrier avait été soigneusement choisi. Cette visite répond de manière symbolique, aux fastes militaires du Kremlin sur la place rouge pour le 9 mai. Quand, à Moscou, Vladimir Poutine célébrait la victoire soviétique contre le nazisme entouré du chinois Xi Jinping du slovaque Robert Fico, et des généraux nord-coréens, les Européens affichent leur unité autour de Kiev.
Garanties de sécurité
Au-delà de la trêve immédiate, les Européens entendent inscrire leur engagement dans la durée. Autour d’un déjeuner de travail à Kiev, les dirigeants ont amorcé un chantier structurant: l’élaboration de garanties de sécurité durables pour l’Ukraine. « Nous voulons des garanties sérieuses qui dissuadent toute agression à venir », a martelé Emmanuel Macron Les chefs d’état-major français et britannique, également présents dans la capitale ukrainienne, participent aux discussions.
L’objectif est clair : accroître les capacités de défense de l’armée ukrainienne grâce à un effort structuré en matière de formation, de fourniture d’équipements lourds, et de coordination stratégique. Cette aide, pensée pour durer, doit permettre à Kiev de prévenir toute future agression russe. À plus long terme, la possibilité d’un déploiement de troupes européennes sur le sol ukrainien reste à l’étude – des « forces de réassurance qui sont davantage une signature stratégique », précise le président Macron.
Sur le terrain, les combats se poursuivent. La trêve unilatérale décrétée par Moscou autour du 9 mai a été largement violée, selon les autorités ukrainiennes. Le Kremlin continue de poser comme condition préalable à toute négociation l’arrêt des livraisons d’armes occidentales – une exigence inacceptable pour Kiev et ses alliés. Au terme de la conférence, Volodymyr Zelensky, s’est dit réaliste : « nous n’avons aucune illusion sur le risque que la Russie ne respecte pas le cessez-le-feu, a-t-il lâché. Mais nous avons besoin de ce cessez-le-feu, qui est le préalable à toute paix », conclut-il.
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