Le conflit armé qui ne cesse de prendre de l’ampleur entre Israël et l’Iran a ébranlé le programme du Sommet du Groupe des Sept (G7) à Kananaskis, forçant le départ prématuré du président américain Donald Trump.
Le président Trump a passé une excellente journée au G7, a écrit la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, sur X. De nombreux progrès ont été accomplis, mais compte tenu de la situation au Moyen-Orient, le président Trump quittera le pays ce soir après un dîner avec les chefs d'État, a-t-elle ajouté.
Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses albertaines devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants, a encore dit Mme Leavitt dans un court communiqué publié un peu plus tard.
Un peu plus tôt, le président Trump avait appelé la population de Téhéran à évacuer la capitale iranienne. Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement, a déclaré Donald Trump sur son réseau Truth Social.
L'Iran aurait dû signer l'accord [sur le nucléaire] quand je lui ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLÉAIRE, a aussi écrit le président américain.
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Flambée de violences entre Israël et l'Iran
Ce départ intervient alors que les attaques entre l’Iran et Israël se sont intensifiées au cours des dernières heures.
Israël a lancé une offensive militaire vendredi contre plusieurs sites en Iran, dont des installations nucléaires, affirmant vouloir empêcher la République islamique d’acquérir l’arme atomique, une accusation que dément Téhéran.
En représailles, l’Iran a, à son tour, lancé un barrage de missiles contre l’État hébreu, visant plusieurs grandes villes israéliennes.
Lundi, les Gardiens de la révolution islamique ont annoncé des frappes sans interruption jusqu'à l'aube après une nouvelle vague d'attaques israéliennes contre sa télévision nationale et plusieurs autres cibles.
L'Iran a aussi demandé au Qatar, à l'Arabie saoudite et à Oman d'intervenir auprès du président américain pour qu'il use de son influence auprès d'Israël en vue d'obtenir un cessez-le-feu immédiat, ont déclaré lundi deux sources iraniennes et trois sources régionales à Reuters.
Le Canada informé
Le départ prématuré de M. Trump du Sommet du G7 fait craindre une éventuelle implication militaire des États-Unis dans le conflit, alors que l’Iran menace depuis plusieurs jours de s’en prendre aux bases militaires américaines au Moyen-Orient, accusant Washington de soutenir les Israéliens dans leur offensive.
Une réunion du Conseil de sécurité est prévue lundi soir dès le retour de M. Trump à Washington.
Le bureau du premier ministre Mark Carney n’a pas voulu réagir au départ de M. Trump, mais assure que le Canada a été informé de la décision du président américain de couper court à sa visite par des voies officielles, avant l’annonce qui a été faite par la Maison-Blanche sur les réseaux sociaux.
Je suis très reconnaissant de la présence du président, a dit M. Carney lors de la prise de la photo officielle avec les dirigeants des autres pays membres du G7 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Allemagne et Japon). Je comprends parfaitement pourquoi [vous devez partir], a-t-il ajouté.
Les deux hommes avaient tenu une rencontre bilatérale plus tôt dans la journée autour de la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis. Ils se sont notamment engagés à parvenir à un accord d'ici un mois.
M. Carney a aussi réussi à convaincre M. Trump à signer la déclaration commune du G7 sur le conflit israélo-iranien dans laquelle ils réaffirment leur soutien à l’État hébreu. Ils ont aussi accusé Téhéran d’être la principale source d’instabilité et de terrorisme dans la région.
Les pays du G7 ont aussi plaidé pour une résolution du conflit, disant espérer que cela va aboutir à une désescalade plus vaste des hostilités au Moyen-Orient, y compris à un cessez-le-feu à Gaza.
Ce n'est pas la première fois que M. Trump quitte plus tôt que prévu un Sommet du G7 au Canada. Il avait fait de même en 2018, quand l'événement avait eu lieu dans la région de Charlevoix, au Québec.
Le contexte était toutefois différent : M. Trump avait alors quitté le sommet avec fracas, reniant le communiqué final et insultant publiquement l'ex-premier ministre Justin Trudeau.
Des rencontres annulées
Le programme du G7 reste officiellement inchangé pour la journée de mardi, une séance de travail étant notamment prévue autour de la sécurité énergétique. Les six dirigeants qui restent à Kananaskis devront discuter principalement de minéraux critiques, mais aussi de transition numérique sans la présence des États-Unis, première puissance économique mondiale.
Par ailleurs, plusieurs dirigeants invités qui arrivent mardi au Canada et qui espéraient une rencontre bilatérale avec M. Trump risquent d’être déçus du départ plus tôt que prévu du président américain.
La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a déjà dit avoir accepté l’invitation de venir à Kananaskis dans l’espoir d’organiser un tête-à-tête avec M. Trump afin de discuter des tarifs douaniers que l’administration américaine impose à son pays.
L’autre dirigeant qui risque d’être déçu est le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui doit lui aussi arriver mardi. En visite à Vienne lundi, M. Zelensky a dit vouloir parler avec son homologue américain de l'achat par Kiev de matériel militaire à Washington.
Nous devons tous œuvrer pour que l'alliance entre l'Amérique et l'Europe ne se désagrège pas. C'est dans l'intérêt de tous, a-t-il insisté, disant ne pouvoir imaginer, même aujourd'hui, comment vivre et lutter sans l'aide des États-Unis.
Le premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, qui est arrivé en Alberta lundi soir, espérait également rencontrer M. Trump en marge du Sommet du G7. Il va s’entretenir avec M. Carney mardi soir.
Des divisions sur la Russie
Des signes de division sont apparus au sein du G7 dès le premier jour du sommet lorsque le président américain a déclaré que le retrait de la Russie de l'ancien G8, il y a plus de 10 ans, avait été une erreur.
La guerre en Ukraine n'aurait pas eu lieu si la Russie avait toujours fait partie de ce groupe, a dit M. Trump après sa rencontre en tête à tête avec le premier ministre Carney.
Le président russe, Vladimir Poutine, n'est pas heureux [de cette situation] et je suis d'accord avec lui, a-t-il dit. Il a blâmé son premier prédécesseur démocrate, Barack Obama, et l'ancien premier ministre Trudeau pour la décision d’exclure Moscou.
La Russie a cependant été exclue du groupe après son annexion de la Crimée, en 2014, un an avant l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau. C'est le conservateur Stephen Harper qui était alors premier ministre.
Les Européens, quant à eux, espéraient sortir du G7 avec plus de sanctions contre la Russie, en particulier contre les ventes de pétrole russe.
Dimanche, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que davantage de pression devait être exercée sur la Russie pour obtenir un cessez-le-feu en Ukraine. Donald Trump, quant à lui, n'a pas caché lundi son scepticisme face à cette option.
Les sanctions, ce n'est pas si simple, a-t-il lancé, soulignant que toute nouvelle mesure aurait un coût colossal également pour les États-Unis.
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