Hollywood

Le cinéma américain influence-t-il encore le monde?

Auteur: admin Source: Radio Television Suisse
Mai 12, 2025 at 14:02
Le cinéma américain influence-t-il encore le monde?

Donald Trump a récemment déclaré vouloir imposer 100% de droits de douane aux films produits hors du sol américain. L'occasion de revenir sur l'utilisation du cinéma par les Etats-Unis comme outil diplomatique.


L'industrie du septième art est au cœur des récentes déclarations de Donald Trump. Selon lui, les films étrangers et les films américains produits en partie à l'étranger sont trop nombreux et cela constituerait "une menace pour la sécurité nationale". Ces films contiendraient des messages de "propagande".

Le président américain souhaiterait donc imposer 100% de droits de douane sur ces productions. Les spécialistes du secteur peinent à comprendre ces annonces du président des États-Unis. Les liens entre cinéma et politique américaine ne sont toutefois pas nouveau.

>> Lire : Donald Trump annonce des droits de douane de 100% sur les films étrangers

Le western, une épopée démocratique

"Par le passé, Donald Trump a utilisé le cinéma pour se mettre en avant. Il est apparu dans des films, comme dans 'Maman, j'ai encore raté l'avion', pour vendre son image et gagner en popularité", explique David Da Silva, historien du cinéma et auteur des deux tomes "Trump et Hollywood". "Lorsqu'il a lancé sa première campagne politique, il s'est attiré l'hostilité d'une très grande partie des comédiens et même des réalisateurs hollywoodiens. Aujourd’hui, seule une petite partie de Hollywood soutient Trump. La grande majorité est hostile à ce qu'il représente", poursuit-il.

Dès les années 1910, les films américains propagent la culture du pays auprès des immigrants fraîchement arrivés, ainsi qu'au reste de la planète.

"Contrairement à l'épopée antique qui était le fait de princes, de chevaliers et de nobles, l'épopée démocratique du western, c'est celle de tout un chacun, quelles que soient les origines sociales", précise Ludovic Tournès, professeur d'histoire globale à l'Université de Genève, dans l'émission de la RTS Tout un monde.

"Le western devient un spectacle grand public et fait rêver au-delà des Etats-Unis, car tout le monde peut s'y identifier", complète l'historien en commentant la scène d'ouverture de "La Ruée vers l'Ouest", western emblématique de 1931.

 

Voir la bande-annonce de "La Ruée vers l'Ouest" ("Cimarron" en version originale)

 

Collaboration entre Hollywood et l'armée

D'autres genres cinématographiques ont aussi joué un rôle de vitrine culturelle. À commencer par les péplums, grands films historiques très à la mode dès les années 1920, mais surtout dans les années 1950 et 1960. Pour Ludovic Tournès, également auteur de l'ouvrage "Américanisation: une histoire mondiale", les péplums sont des relectures d'épisodes historiques par l'industrie hollywoodienne, comme l'histoire romaine, qui rejouent quelque part la puissance impériale américaine.

"À partir des années 1950 et encore aujourd'hui, les films de guerre contribuent à entretenir cette idée d'une Amérique héroïque qui se bat pour la bonne cause", ajoute Ludovic Tournès. Hollywood collabore d'ailleurs régulièrement avec l'armée.

Le film "Top Gun: Maverick", par exemple, a pu profiter de matériel directement prêté par la marine américaine. Selon un article du Washington Post, Tom Cruise et les autres acteurs ont pu bénéficier de jets, de porte-avions, ainsi que de l'expertise technique du Département de la défense.

 

Voir la bande-annonce de "Top Gun: Maverick"

 

Un cinéma critique

Dans son ouvrage "Trump et Hollywood", David Da Silva constate que l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en 2017 a inspiré de nombreux cinéastes. Certains films reprennent les grandes thématiques que le président américain mettait en avant dans ses discours. C'est le cas de certaines productions de Clint Eastwood qui avait affiché son soutien à Donald Trump. En 2018, il réalise "La Mule", qui retrace l'histoire d'un Américain déclassé obligé de travailler pour des trafiquants de drogue.

Pourtant, les productions critiques de la politique de Donald Trump sont plus nombreuses que les soutiens, selon David Da Silva. Cela n'est n'est d'ailleurs pas propre au président actuel: "Dès la Seconde Guerre mondiale, on a deux types de films de guerre hollywoodiens qui s'affrontent: des films très isolationnistes et des films très interventionnistes", rappelle Chloé Delaporte, professeure de cinéma à l'Université de Montpellier Paul-Valéry. "On peut penser à l'après 11 septembre. Il y a eu une production très importante de cinéastes qui se sont engagés dans la dénonciation des actions américaines."

 

La bande-annonce de "La Mule"

 

Toujours une hégémonie culturelle?

Pour Chloé Delaporte, les Etats-Unis utilisent beaucoup moins le cinéma comme outil de soft power qu'auparavant. "Leur action n'est plus tellement de diffuser la culture américaine qui s'auto-diffuse, parce que les publics y sont familiarisés et sont toujours friands de cette culture nord-américaine. L'enjeu est plutôt de protéger leur hégémonie et de la conserver, en évitant de rencontrer des barrières au commerce", poursuit-elle.

Ces vingt dernières années, plusieurs pays ont développé leur diplomatie culturelle et peaufiné leur image de "marque nationale". C'est le cas de Corée du Sud, avec la diffusion de la K-pop et des séries télévisuelles minutieusement accompagnée par des agences gouvernementales.

Mais pour le moment, les Etats-Unis dominent encore le marché. Les films américains ou coproduits par les Etats-Unis occupent largement le top 10 du box-office mondial depuis ce début d'année.

 

Donald Trump dans "Maman, j'ai encore raté l'avion"

Mot clé
Vous n'avez pas utilisé le site Web, Cliquer ici pour maintenir votre état de connexion. Temps d'attente: 60 Secondes