Hollywood

Analyse,Kimmel, Kirk et la liberté d’expression

Auteur: Louis Blouin Source: Radio Canada
Septembre 19, 2025 at 09:33
L'animateur américain Jimmy Kimmel. (Photo d'archives)  Photo : AFP / PATRICK T. FALLON
L'animateur américain Jimmy Kimmel. (Photo d'archives) Photo : AFP / PATRICK T. FALLON

La droite américaine se défend de verser dans la culture de l’effacement après l’avoir tant dénoncée.


Des personnalités connues du mouvement MAGA (Make America Great Again) n’ont pas tardé à célébrer la suspension de l’émission de Jimmy Kimmel.

La carrière de Jimmy Kimmel vient d'être anéantie. Qui rit maintenant? a écrit la militante Laura Loomer sur le réseau X.

Jimmy Kimmel a menti sur l'assassinat de Charlie et en a profité pour diffamer ses propres amis et alliés. Il mérite d'être renvoyé pour cela, a renchéri Matt Walsh, un commentateur de droite.

L’émission du populaire animateur a été suspendue par le réseau ABC, après qu’il a accusé le gang MAGA de tenter de marquer des points avec le meurtre de l’influenceur conservateur Charlie Kirk.

L’administration Trump est accusée d’avoir exercé des pressions politiques sur le réseau ABC par le biais du président de la Commission fédérale des communications, Brendan Carr, un allié du président.

Il avait laissé entendre qu’il pourrait retirer les licences des affiliés d'ABC si Kimmel n’était pas puni. Donald Trump semble d’accord avec l’idée de retirer les permis de diffusion aux médias qui sont contre lui, à 97 % , affirme-t-il.

Ils ne me font que de la mauvaise publicité. Ils obtiennent une licence. Je pense qu'on devrait peut-être leur retirer leur licence, a déclaré le président à bord d’Air Force One jeudi.

Les rôles inversés

Soudainement, entre la droite et la gauche, les rôles semblent inversés dans le débat sur la liberté d’expression.

La suspension de l’émission de Jimmy Kimmel est une attaque coordonnée des forces républicaines contre la liberté de parole, selon le gouverneur démocrate de la Californie, Gavin NewsomIls vous censurent en direct, a-t-il écrit sur les médias sociaux.

Mais pour des figures de proue de la droite conservatrice, le retrait de Jimmy Kimmel n’a rien à voir avec la cancel culture (culture de l’effacement), un péché dont ils ont accusé la gauche américaine à répétition ces dernières années. « Il ne s’agit pas de cancel culture. C’est la culture de la CONSÉQUENCE. Pour Charlie Kirk », a écrit le commentateur de droite Benny Johnson.

Pourtant, depuis la mort de Charlie Kirk, des politiciens et des commentateurs conservateurs appellent les gens à cibler les personnes qui ont « célébré » la mort de Charlie KirkDénoncez-les. Bon sang, appelez leur employeur, a suggéré le vice-président J.D. Vance.

Ces derniers jours, des personnes de tous horizons ont perdu leur emploi aux États-Unis en raison de commentaires ou de publications concernant la mort de l’influenceur conservateur. Un analyste de MSNBC a été retiré des ondes, des pilotes d’American Airlines, cloués au sol et des professeurs, congédiés.

Bras de fer avec les médias

Depuis des mois, l’atmosphère est lourde dans la sphère médiatique américaine. Donald Trump multiplie les attaques contre la presse, en restreignant les accès à la Maison-Blanche ou en intentant des procédures judiciaires aux sommes astronomiques. Mardi, il a annoncé poursuivre le New York Times en diffamation, exigeant 15 milliards de dollars en dommages et intérêts.

Dans la foulée de l’assassinat de Charlie Kirk, le président américain a promis de s’en prendre à des groupes de la gauche radicale qui, selon lui, fomentent la terreur et la violence. Or, aucune preuve n’indique pour l’instant que le tireur présumé était affilié à un groupe organisé.

La procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, a même déclaré vouloir sévir contre les personnes qui tiennent des discours haineux. Des élus de son propre camp lui ont toutefois rappelé que le discours haineux est généralement protégé par le premier amendement de la Constitution, à moins qu’il n’incite directement à la violence.

Charlie Kirk lui-même défendait une protection très large de la liberté d’expression.

Les discours haineux n'existent pas légalement aux États-Unis, avait écrit Kirk dans un message sur les réseaux sociaux, l’an dernier. Il y a des discours grossiers, des discours odieux et des discours malveillants. Et TOUS ces discours sont protégés par le premier amendement. Préservons la liberté de l'Amérique.

Qu’aurait pensé Charlie Kirk de la suspension de Jimmy Kimmel?

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