Le présentateur star d'ABC, dont l'émission avait été suspendue après ses propos sur l'assassinat de Charlie Kirk, a dénoncé la volonté du président américain Donald Trump de le faire taire. Outré par son retour, le président américain a menacé ABC de sanctions.
« Comme je le disais avant d'être interrompu… » C'est avec une pointe d'humour et un long monologue que Jimmy Kimmel a signé mardi soir son retour à la télévision, une semaine après avoir été suspendu par sa chaîne ABC pour des propos polémiques sur l'assassinat de Charlie Kirk. L'animateur du « Jimmy Kimmel Live » s'est excusé mais a aussi taclé le président américain Donald Trump, qu'il accuse d'avoir voulu le faire taire.
Revenant d'abord sur ses propos concernant Charlie Kirk, lors desquels il avait accusé la droite américaine d'exploiter politiquement le meurtre de l'influenceur, Jimmy Kimmel, visiblement ému, a fait un mea culpa. « Je tiens à préciser quelque chose, car c'est important pour moi en tant qu'être humain, vous comprenez que je n'ai jamais eu l'intention de minimiser le meurtre d'un jeune homme […] Je n'avais pas non plus l'intention de blâmer un groupe spécifique pour ces actes », a-t-il déclaré.
« C'était tout le contraire de ce que je voulais dire, mais certains ont trouvé cela inopportun ou ambigu, voire les deux. Et pour ceux qui pensent que je les ai pointés du doigt, je comprends votre colère », a ajouté l'animateur, la gorge nouée. Jimmy Kimmel a ensuite qualifié Tyler Robinson, l'homme de 22 ans soupçonné de l'assassinat, de « profondément perturbé ». « Je ne pense pas que le meurtrier qui a tiré sur Charlie Kirk représente qui que ce soit. C'était une personne malade qui croyait que la violence était une solution, mais ce n'est jamais le cas », a martelé Jimmy Kimmel.
« Notre dirigeant ne supporte pas les plaisanteries »
Ce dernier s'en est ensuite ouvertement pris à Donald Trump. « Le président des Etats-Unis a clairement indiqué qu'il souhaitait que moi et les centaines de personnes qui travaillent ici soient licenciées. Notre dirigeant célèbre la perte de revenus des Américains, car il ne supporte pas les plaisanteries », a lancé Jimmy Kimmel. « Il a fait de son mieux pour qu'on m'oublie, mais à la place de ça, il a obligé des millions de personnes à regarder l'émission. C'est un beau retour de bâton… Il pourrait être obligé de publier les dossiers Epstein pour nous détourner de ça maintenant », a-t-il ajouté, sous les rires et les applaudissements nourris des spectateurs.
Reprenant son sérieux, l'animateur star d'ABC s'est posé en défenseur de la liberté d'expression. « Cette émission n'est pas importante. Ce qui compte, c'est que nous puissions vivre dans un pays qui nous permette d'avoir une émission comme celle-ci », a-t-il déclaré.
Menace de censures
La suspension de Jimmy Kimmel avait été perçue, par les opposants à Donald Trump, comme une énième censure des médias par l'administration. Le président américain s'était d'ailleurs félicité de la mise à l'écart de Jimmy Kimmel, « une grande nouvelle pour l'Amérique » selon lui.
Mardi soir, Donald Trump s'est donc offusqué du retour à l'antenne du « Jimmy Kimmel Live ». Avant même le début de l'émission, il a accusé ABC de « diffuser à 99 % des conneries positives pour les démocrates », et Jimmy Kimmel d'être « un autre bras du DNC », le Comité national démocrate, sur son réseau Truth Social. Le président américain a directement menacé ABC de sanctions. « Je pense que nous allons mettre à l'épreuve ABC à propos de cela. Voyons comment nous allons faire. La dernière fois que je les ai poursuivis, ils m'ont donné 16 millions de dollars », a écrit le dirigeant américain.
Donald Trump est soutenu dans sa cabale par le patron du gendarme américain de l'audiovisuel (FCC), Brendan Carr, qui s'était saisi de la polémique, en sous-entendant qu'il pourrait retirer leur licence aux chaînes qui diffusaient l'émission. Nexstar et Sinclair, deux groupes possédant des dizaines de chaînes locales piochant dans les programmes d'ABC, ont également décidé de maintenir leur boycott.