Agence France-Presse
C'est lui ou le « communisme » : fidèle à sa stratégie de polarisation, Donald Trump a réagi de manière très offensive mercredi après avoir subi de cuisants revers lors d'élections locales, qui mettent son parti en délicate posture pour les législatives de l'automne 2026.
Il y a un an jour pour jour, il a été réélu après avoir assuré qu'il doperait le pouvoir d'achat des Américains. Toutefois, cette promesse n'a pas été tenue et, mardi soir, les candidats de l'opposition l'ont emporté largement dans le New Jersey, en Virginie et à New York, où le socialiste Zohran Mamdani a été élu à la mairie après une ascension politique fulgurante.
Nous avons le choix entre le communisme et le bon sens, a affirmé le président américain dans un discours à Miami. Nos opposants vous proposent un cauchemar économique. Nous réalisons un miracle économique, a-t-il assuré alors même que les sondages montrent un mécontentement croissant des électeurs en ce qui a trait au coût de la vie et à sa stratégie de droits de douane tous azimuts.
Si vous voulez savoir ce que les parlementaires démocrates veulent faire à l'Amérique, regardez le résultat de l'élection hier à New York, où leur parti a installé un communiste à la mairie.
Une citation deDonald Trump, président des États-Unis
Ce résultat débouche sur une perte de souveraineté pour les États-Unis, a-t-il même assuré dans une apparente allusion aux origines de Zohran Mamdani, trentenaire d'ascendance indienne et premier musulman élu maire de la plus grande ville américaine, dont Donald Trump a fait mine d'être incapable de prononcer correctement le nom.
Très, très mauvaise soirée
Nulle trace, donc, de mea-culpa au sujet de l'économie au lendemain d'une très, très mauvaise soirée pour Trump et le Parti républicain, déclare à l'AFP Robert Rowland, professeur de communication à l'Université du Kansas.

Zohran Mamdani lors de son discours de victoire. Photo : Getty Images / AFP / ANGELA WEISS
Thomas Kahn, professeur de sciences politiques à l'American University à Washington, signale à l'AFP que les victoires démocrates à New York, dans le New Jersey et en Virginie, au-delà d'évidentes différences, ont une thématique commune : le coût de la vie.
Les républicains doivent entendre l'avertissement, a alerté mardi Steve Bannon, un des grands idéologues du mouvement MAGA (Make America Great Again).
Quant au vice-président J.D. Vance, s'il a jugé sur X qu'il serait idiot de surréagir aux scrutins de la veille, il a reconnu à demi-mots qu'il reste du travail à faire sur le pouvoir d'achat.
Rome ne s'est pas faite en un jour. Nous continuerons à travailler pour permettre un niveau de vie décent dans ce pays, et c'est sur ce point que nous serons jugés lors des législatives de mi-mandat, a-t-il averti.
L'approche de Trump, c'est d'avoir toujours raison, décrypte Robert Rowland. Mais tout cela bute sur ce que vivent les gens quand ils vont au supermarché.
Vivre comme un prince
Thomas Kahn évoque quant à lui les dorures et le marbre dont le républicain remplit la Maison-Blanche ou une fête clinquante qu'il a donnée pour l'Halloween : Les Américains sont à la peine et ils le voient vivre comme un prince.

Des partisans ont célébré la victoire annoncée de Zohran Mamdani à la mairie de New York. Photo : Reuters / Shannon Stapleton
Les républicains, qui contrôlent le Congrès, se retrouvent donc dans une position inconfortable à un an des élections de mi-mandat. Ces élections renouvellent un tiers des sièges du Sénat et tous ceux de l'autre composante du Congrès, la Chambre des représentants.
Les conservateurs ont lié leur destin à Trump et toute la question pour eux est d'arriver à s'en dissocier, analyse Wendy Schiller, professeure de sciences politiques à l'Université Brown.
Cependant, les candidats républicains ne peuvent pas s'opposer frontalement à lui sous peine d'être écartés au profit de profils plus radicaux pendant les primaires, tempère Robert Rowland.
Trump lui-même a appelé mercredi son camp à vanter sans nuances ses succès économiques et sa brutale politique anti-immigration.
Ceux qui ont parié contre lui ont toujours perdu, souligne Thomas Kahn, rappelant les capacités de rebond politique incroyables du président américain, réélu en dépit de l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par ses partisans, malgré des poursuites et une condamnation pénale.