Le premier ministre Justin Trudeau a sermonné à mots couverts le président américain Donald Trump pour avoir organisé des pourparlers de paix entre de hauts responsables américains et russes en l’absence de Kiev.
« Le Canada est très clair sur un principe fondamental : on ne peut pas parler d’Ukraine sans inclure l’Ukraine dans ces discussions », a résumé mercredi M. Trudeau lors d’une conférence de presse à Montréal pour annoncer un projet de train à grande vitesse entre Québec et Toronto.
Le premier ministre a également été appelé à réagir à la déclaration de M. Trump, qui prétendait faussement que l’Ukraine avait « commencé » la guerre avec la Russie.
« La Russie a choisi de violer des règles fondamentales qui nous protègent tous dans nos démocraties, à travers le monde, a-t-il poursuivi. Et quand les Ukrainiens se défendent dans leurs territoires, ils sont aussi en train de défendre les principes, les valeurs et les règles qui nous gardent tous en sécurité à travers le monde. »
En anglais, M. Trudeau a également mentionné que l’agression russe est « illégale, immorale et injuste ».
Mardi, le président Trump a montré peu de patience envers les objections de l’Ukraine à être exclue des discussions. Il a soutenu que l’Ukraine « n’aurait jamais dû commencer » la guerre avec la Russie.
Pourtant, c’est bel et bien l’armée russe qui a franchi la frontière ukrainienne le 24 février 2022 lors d’une invasion que le président Vladimir Poutine a tenté de justifier en disant qu’elle était nécessaire pour protéger les civils dans l’est de l’Ukraine et empêcher le pays de rejoindre l’OTAN.
Et mercredi, les relations se sont un peu plus détériorées alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que son homologue américain vivait dans un « espace de désinformation » créé par la Russie. M. Trump a jugé pour sa part que M. Zelensky est un « dictateur sans élections » après avoir prétendu quelques heures plus tôt que la cote de popularité du président ukrainien était de « 4 % ».
Les élections ont été reportées en Ukraine en raison de la guerre et de l’imposition de la loi martiale, conformément à la constitution du pays. Quant à l’appui au président Zelensky, un sondage publié mercredi révèle qu’il est en hausse, à 57 %.
Le président Poutine, qui était jusqu’ici traité comme un paria par l’Occident, a quant à lui qualifié les discussions de mardi de « très positives » et s’est réjoui de découvrir que les Américains ont envoyé « des personnes complètement différentes qui étaient ouvertes au processus de négociation sans aucun parti pris, sans aucune condamnation de ce qui avait été fait dans le passé »
Il a affirmé que M. Trump lui aurait dit lors d’un appel téléphonique que les États-Unis présument que les négociations impliqueront l’Ukraine.
Le premier ministre canadien doit participer virtuellement mercredi à une réunion sur l’Ukraine et la sécurité européenne organisée par le président français Emmanuel Macron.
Jusqu’à l’arrivée en fonction de M. Trump, il y a près d’un mois, les États-Unis étaient des alliés incontestables de l’Ukraine. Ils lui ont fourni ces dernières années des équipements militaires essentiels pour repousser l’invasion et ont utilisé leur poids politique pour isoler la Russie sur la scène mondiale.
Avec des informations de l’Associated Press
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