L’approbation finale reviendra ensuite à Donald Trump, qui devra y apposer sa signature.
Après la Chambre des représentants des États-Unis, le Sénat a voté mardi en faveur du projet de loi visant à diffuser l’intégralité des documents liés à l’affaire Epstein, un scandale qui colle à la peau du président américain Donald Trump.
À la Chambre des représentants, le vote se déroulait sous le régime de la suspension des règles, ce qui signifie qu'il requérait l'approbation des deux tiers de la Chambre (290 voix).
À la fin du temps imparti pour le vote, le projet de loi avait plutôt reçu un vote quasi unanime avec 427 votes pour et un seul vote contre (un représentant républicain de la Louisiane, Clay Higgins). En tout, cinq élus (deux républicains et trois démocrates) se sont abstenus.
En début d'après-midi, juste avant le début du vote, le président républicain de la Chambre, Mike Johnson, avait dit s'attendre à un vote unanime en faveur du projet de loi de divulgation, mais que ce dernier ne protégeait pas assez l'identité des victimes et des lanceurs d'alerte.
À l'issue du vote, M. Johnson a déclaré qu'il allait insister pour que le Sénat amende le projet de loi.
Cela ne s'est pas produit, le Sénat ayant décidé que le projet de loi serait adopté à l'unanimité dès qu'il aurait été transmis par la Chambre des représentants. Cela devrait être officiellement fait mercredi.
Les sénateurs ont utilisé une procédure particulière pour que le texte soit automatiquement considéré comme adopté, sans débat et sans amendement.
La proposition de loi sera ensuite envoyée sur le bureau de Donald Trump pour promulgation, le président américain ayant affirmé qu'il signerait bien ce texte auquel il s'est longtemps opposé, sans faire usage de son veto.
On ne sait pas toutefois exactement quand il apposera sa signature, une délégation saoudienne étant actuellement à la Maison-Blanche.
Après des mois de pressions pour la divulgation des documents, le président Trump, qui s’opposait au projet de loi et qualifiait la controverse de canular démocrate, a finalement retourné sa chemise à la dernière minute, dimanche, en affirmant n’avoir rien à cacher.
Peu de temps après le premier vote, il a déclaré sur la plateforme Truth Social : Je m'en fiche de quand le Sénat adoptera le texte. Je veux simplement que les républicains ne perdent pas de vue toutes les victoires que nous avons eues.
« Victoire majeure »
Donald Trump a fréquenté M. Epstein par le passé. Un échange de courriels révélé par des élus démocrates laisse croire que le président pourrait avoir été au courant des crimes sexuels d'Epstein.
Peu de temps après le vote à la Chambre des représentants, l'élue républicaine Marjorie Taylor Greene a souligné qu'il s'agissait d'une victoire majeure.
La politicienne, dont l'action en faveur de la divulgation des documents lui vaut désormais les foudres de Donald Trump, a déploré les actes d'intimidation qu'elle a subis en cours de route pour forcer un tel vote. Les victimes méritent une transparence totale. Chaque document, chaque vérité, chaque nom. Et si ces noms me parviennent, je les lirai à la Chambre des représentants, a-t-elle déclaré sur X.
Selon le représentant républicain Thomas Massie, la volte-face du président et des principaux leaders républicains en 48 heures tient du calcul politique. Ils ont réalisé que prendre parti, littéralement, pour les pédophiles et les violeurs, risquait de mettre en péril la majorité , a déclaré le représentant du Kentucky.
Le département de la Justice des États-Unis devra alors publier dans un délai de 30 jours tous les documents liés à l’enquête sur Jeffrey Epstein et Ghislaine Maxwell, sa partenaire et complice, ainsi que les noms de toute personne morale ou physique mentionnée dans ceux-ci.
Il prévoit une exception pour toute représentation graphique de pornographie juvénile ou d’actes d’abus, ainsi que tout renseignement personnel concernant les victimes ou qui pourrait compromettre l’enquête fédérale sur Jeffrey Epstein, mort en prison en 2019 avant son procès.
À la défense des victimes
Au matin de ce vote crucial à la Chambre des représentants, des victimes du pédocriminel Jeffrey Epstein ont réuni des élus républicains et démocrates lors d’une conférence de presse devant le Capitole, à Washington.
Les victimes se sont notamment adressées au président Donald Trump.
Nous comprenons que votre position a changé pour appuyer la loi, mais je ne peux qu’être sceptique quant à vos intentions politiques, a lancé l’une d’entre elles. Il n’y a pas de place pour l’exploitation sexuelle des femmes dans cette société.
L'État ne doit jamais se mettre du côté des prédateurs, a ajouté, Lara Blume McGee, qui a dit parler pour la première fois en public de comment Jeffrey Epstein l'avait agressée sexuellement au moment où elle débutait sa carrière de mannequin à New York.
Plus tôt en journée, Mike Johnson a accusé les démocrates de faire enfler la controverse pour orchestrer un spectacle politique. Le Parti démocrate [a fait de l'obstruction] pour avoir son moment politique, a dénoncé le président de la Chambre des représentants avant le vote.
Questionné dans le bureau ovale, en milieu de journée, par une journaliste d'ABC News pour savoir pourquoi il ne publiait pas de son propre chef les dossiers Epstein, Donald Trump a maintenu qu'il s'agissait d'un canular démocrate.
Il a conclu son commentaire en menaçant de suspendre l'accréditation de la journaliste pour sa question.
Avec des informations de CNN, AFP et de Reuters