Les sanctions internationales contre l'Iran sont rétablies depuis dimanche, après l'échec des négociations sur le nucléaire. Elles frappent durement l'économie iranienne, déjà affaiblie. Les puissances occidentales insistent toutefois sur l'importance de la diplomatie pour résoudre la crise.
C'était prévu depuis des semaines et cela semblait de plus en plus inéluctable à mesure que la date butoir se rapprochait : sans surprise, le couperet est finalement tombé ce week-end. Après un feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU consécutif à l'échec des négociations sur le programme nucléaire iranien, les sanctions mondiales à l'encontre du régime des mollahs sont de nouveau en vigueur depuis dimanche 28 septembre, 0h00 GMT. Mais tant les Etats-Unis que les principales puissances européennes ont tenu à faire savoir à Téhéran que la diplomatie restait toujours une voie possible.
Les lourdes sanctions de l'ONU vont d'un embargo sur les armes à un panel de mesures économiques frappant les exportations iraniennes de pétrole et de gaz, le transport maritime, les services bancaires et les assurances, tout en restreignant l'accès aux services financiers internationaux et en décourageant les investissements étrangers.
Dix ans après leur levée en 2015, les voici donc pleinement rétablies, conformément au mécanisme dit du « snapback » dont le compte à rebours avait été déclenché fin août par le trio de pays E3 (Royaume-Uni, France et Allemagne). Ce mécanisme faisait partie intégrante du traité JCPoA de 2015, par lequel l'ONU avait levé les sanctions contre Téhéran en échange de la suspension vérifiable de son programme nucléaire, soupçonné d'être à visée nucléaire.
Les signataires de ce traité étaient alors Washington, Moscou, Pékin, Londres, Berlin et Paris, tous unis face à l'Iran, mais les Etats-Unis se sont depuis désengagés du traité de 2015 lors du premier mandat de Donald Trump, ce qui n'a pas incité l'Iran à respecter sa partie de l'accord.
Rappel des ambassadeurs
On ne s'étonnera pas d'apprendre que Téhéran, qui a dès samedi rappelé « pour consultations » ses trois ambassadeurs au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, se soit aussitôt insurgé contre le retour qualifié d'« injustifiable » de ces sanctions tenues pour « illégales ».
« La République islamique d'Iran défendra résolument ses droits et intérêts nationaux, et toute action visant à porter atteinte aux droits et intérêts de son peuple fera l'objet d'une réponse appropriée », a prévenu le ministère iranien des Affaires étrangères, tandis que son pendant israélien se félicitait au contraire de ce « développement majeur en réponse aux violations persistantes de l'Iran ».
Il est certain que les lourdes sanctions onusiennes, en rendant extrêmement difficile de commercer avec l'Iran ou d'y investir (si ce n'est au prix de circuits occultes coûteux pour Téhéran), vont porter un coup très dur à une économie iranienne déjà mise à mal par les sanctions de l'administration Trump.
De fait, la monnaie nationale iranienne, le rial, a atteint dimanche matin un plus bas historique face au dollar (s'échangeant, selon le taux informel du marché noir, à 1,12 million de rials contre 1 dollar, contre 900.000 rials contre 1 dollar début août).
Appels à la poursuite des négociations
Cependant, les déclarations des deux côtés de l'Atlantique donnent à penser que la voie diplomatique n'est pas fermée, bien au contraire. « Le président Trump a clairement indiqué que la diplomatie restait une option. Pour cela, l'Iran doit accepter des négociations directes, menées de bonne foi, sans tergiversations ni obstructions », a précisé dans un communiqué le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, tandis que la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a souligné que le rétablissement des sanctions ne signifiait pas « la fin de la diplomatie avec l'Iran » : « Une solution durable à la question nucléaire iranienne ne peut être obtenue que par la négociation et la diplomatie », a-t-elle ajouté.
Selon l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA), l'Iran est le seul pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir l'uranium à un niveau élevé (60 %), proche du seuil technique de 90 % nécessaire à la fabrication de la bombe atomique.
Tandis que le traité JCPoA de 2015 plafonnait le taux d'enrichissement de l'uranium à 3,67 %, ce qui est assez pour un programme civil, l'Iran disposerait, selon l'AIEA, d'environ 440 kg d'uranium enrichi à 60 %, un stock qui, s'il était enrichi à 90 %, permettrait au pays de se doter de 8 à 10 bombes nucléaires.
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