Un homme a abattu deux employés de l'ambassade d'Israël aux États-Unis près du Musée juif de Washington mercredi soir. Il a scandé des slogans propalestiniens lors de son arrestation.
Il s'agit d'une attaque antisémite pour de nombreuses capitales et le résultat, selon Israël, de « l'incitation à la haine » contre l'État juif dans de nombreux pays.
Deux membres du personnel de l'ambassade israélienne ont été tués de manière insensée ce soir près du Musée juif de Washington. Nous enquêtons activement, a écrit Kristi Noem sur le réseau social X.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a ordonné jeudi de renforcer la sécurité de toutes les représentations diplomatiques de son pays dans le monde, voyant dans cette attaque le résultat d'une furieuse incitation à la violence contre Israël, dont les actions militaires à Gaza alimentent de nombreux mouvements de protestation propalestiniens dans plusieurs pays, dont les États-Unis.
Ces horribles meurtres […], évidemment motivés par l'antisémitisme, doivent cesser, MAINTENANT!, a réagi pour sa part le président Trump sur son réseau Truth Social. La haine et le radicalisme n'ont pas leur place aux États-Unis, a-t-il ajouté.
De nombreuses capitales européennes ont exprimé leur indignation et qualifié d'antisémite cette attaque, dont le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd puisque le tireur a réussi à entrer dans le musée après avoir été pris pour une victime, selon des témoins.
Au Canada, le premier ministre Mark Carney a condamné avec la plus grande fermeté ce qu'il a qualifié d'attaque ciblée contre la communauté juive – un acte violent d’antisémitisme. Se disant consterné et bouleversé, le premier ministre canadien a ajouté que son gouvernement allait lutter contre l’horrible montée de la haine.
D'une part, M. Carney compte accroître le financement pour la sécurité communautaire en vertu d'un programme créé en 2007 au Canada.
D'autre part, il entend déposer un projet de loi visant à ériger en infraction criminelle le fait d’entraver intentionnellement et délibérément l’accès à un lieu de culte, à une école ou à un centre communautaire ainsi que le fait d’intimider ou de menacer délibérément les personnes qui assistent à des offices dans ces lieux.
Avec les informations de Rania Massoud
« Pour Gaza », selon un témoin
Avant l'attaque, vers 21 h, le suspect a été observé en train de faire des allées et venues à l'extérieur du musée. Il a approché un groupe de quatre personnes, sorti une arme de poing et ouvert le feu, a déclaré à la presse la cheffe de la police de Washington Pamela Smith.
Peu après 21 h, nous avons entendu environ de 10 à 15 coups de feu, a raconté aux médias américains Yoni Kalin.
Puis, le garde de sécurité laisse rentrer ce type. Je suppose qu'ils pensaient qu'il était une victime. Il était trempé de pluie, clairement en état de choc. […] Certaines personnes présentes lui ont apporté de l'eau. Ils l'ont fait asseoir. "Ça va? Vous avez été blessé? Que s'est-il passé?" Et il a répondu : "Appelez les flics."
Il a ensuite sorti un keffieh, foulard de longue date emblème propalestinien, et a dit : C'est moi qui l'ai fait, je l'ai fait pour Gaza, a raconté un autre témoin, Katie Kalisher.
Sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux que l'AFP n'a pas authentifiée dans l'immédiat, un homme barbu, à lunettes, en veste et chemise blanche, est arrêté et emmené par plusieurs personnes, sans opposer de résistance.
Avant de franchir la porte, il s'est tourné vers l'assistance et la caméra en criant à deux reprises Libérez, libérez la Palestine (Free! Free Palestine!).
La police l'a identifié comme étant Elias Rodriguez, âgé de 30 ans et originaire de Chicago, dans le nord des États-Unis.
Le Musée juif, qui se situe en plein centre de Washington, non loin du Capitole, accueillait lors de l'attaque une réception de l'organisation juive American Jewish Committee (AJC), pour qui il s'agit clairement d'une attaque motivée par la haine contre le peuple et l'État juifs.
Les victimes : un couple sur le point de se fiancer
Yechiel Leiter, ambassadeur d'Israël aux États-Unis, a révélé devant la presse que le couple qui a été abattu […] au nom de la [Palestine libre] était un jeune couple sur le point de se fiancer. Le jeune homme avait acheté une bague cette semaine avec l'intention de demander sa petite amie en mariage la semaine prochaine à Jérusalem.
L'ambassade a publié sur X une photo du couple souriant et le ministère israélien des Affaires étrangères les a identifiés comme étant Yaron Lischinsky, Israélien – détenteur également d'un passeport allemand, selon Berlin – et Sarah Lynn Milgrim, citoyenne américaine de confession juive.
Yaron Lischinsky était assistant de recherche à l'ambassade d'Israël, tandis que Sarah Lynn Milgrim travaillait dans le service de diplomatie publique, selon leurs profils LinkedIn.
Le chercheur était de confession chrétienne, selon le média Times of Israël, pour qui il avait déjà travaillé en tant que blogueur.
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Réactions politiques
Le secrétaire d'État Marco Rubio a assuré que les autorités traduiraient en justice les responsables de cet acte éhonté de violence lâche et antisémite.
Ne vous y trompez pas : nous retrouverons les responsables et les traduirons en justice, a-t-il écrit sur le réseau social X, laissant entendre qu'il pourrait y avoir d'autres responsables que le tireur.
Le terrorisme et la haine ne nous briseront pas, a réagi pour sa part le président israélien Isaac Herzog, se disant bouleversé. L'Amérique et Israël resteront unis pour défendre nos peuples et nos valeurs communes, a-t-il ajouté.
Il existe un lien direct entre l'incitation à la haine antisémite et anti-israélienne, et ce meurtre. Cette incitation est également le fait de dirigeants et de responsables de nombreux pays et organisations internationales, particulièrement en Europe, a indiqué le chef de la diplomatie israélienne Gidéon Saar, en référence aux nombreuses protestations dans le monde contre l'offensive israélienne à Gaza.
Paris, Berlin, Londres, Rome et la Commission européenne ont aussi fait part de leur indignation face à ce qu'ils estiment être une attaque antisémite.
Un ministre israélien lie l'événement au haussement de Carney
Le ministre des Affaires de la diaspora d'Israël, Amichai Chikli, a lié l'événement de mercredi soir au haussement de ton du Canada, du Royaume-Uni et de la France, plus tôt cette semaine.
Nous devons également demander des comptes aux dirigeants irresponsables de l'Occident qui soutiennent cette haine, que ce soit par l'apaisement, le double standard ou le silence, a-t-il écrit sur X.
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre britannique Keir Starmer et le premier ministre canadien Mark Carney ont tous, de différentes manières, encouragé les forces de la terreur en ne traçant pas de lignes rouges morales. Cette lâcheté a un prix, et ce prix se paie en sang juif.
Israël a intensifié ces derniers jours son offensive à Gaza avec le but affiché d'anéantir le Hamas.
Depuis les attaques du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël et les ripostes israéliennes contre Gaza qui ont fait plus de 50 000 morts selon le mouvement islamiste, les États-Unis ont connu une vague de mobilisation propalestinienne, notamment sur les campus universitaires, et une forte hausse des actes antisémites.
Ce phénomène avait déjà été dénoncé par la précédente administration démocrate de Joe Biden.
L'extrême gauche en particulier s'est mobilisée en faveur des Palestiniens et contre l'offensive israélienne. Jeudi, le parti d'extrême gauche américain Party for Socialism and Liberation (PSL), tout en admettant que M. Rodriguez avait milité brièvement dans ses rangs en 2017, s'est défendu sur X de tout lien avec l'attaque et a dit que le suspect n'était pas membre du parti.
Cette nouvelle peut être consultée en chinois (nouvelle fenêtre) sur le site de RCI (nouvelle fenêtre).
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