Enjeux Internationaux

Bannir Donald Trump du G7 serait irresponsable, selon Justin Trudeau

Auteur: Émilie Bergeron - La Presse canadienne Source: Le Devoir
Février 27, 2025 at 18:26
Photo: Evan Vucci Archives Associated Press  Donald Trump et Justin Trudeau lors d’une réunion des dirigeants de l’OTAN en Angleterre en 2019
Photo: Evan Vucci Archives Associated Press Donald Trump et Justin Trudeau lors d’une réunion des dirigeants de l’OTAN en Angleterre en 2019

Le premier ministre Justin Trudeau a fustigé, jeudi, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh qui avait affirmé la veille à Montréal que le président américain, Donald Trump, devrait être banni du prochain sommet des dirigeants du G7 qui aura lieu à Kananaskis en Alberta en juin prochain.

Interrogé sur cette possibilité avancée par M. Singh, Justin Trudeau a laissé entendre que le chef du NPD a été irresponsable dans ses propos.

« Je pense que c’est très facile pour des politiciens de dire tout ce qu’ils veulent même si ce n’est peut-être pas une approche raisonnable ou responsable. Il y a beaucoup de ça qui court dans le monde ces jours-ci », a-t-il dit en point de presse alors qu’il se trouvait à son tour à Montréal.

La veille, devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), M. Singh, après avoir qualifié M. Trump de « fasciste », a affirmé que le locataire de la Maison-Blanche devrait être banni du sommet albertain. « Je ne comprends pas pourquoi on laisserait Donald Trump venir au G7 au Canada », avait-il alors déclaré. « Il menace notre souveraineté et il n’a aucun respect pour nous et les institutions. Ces rencontres devraient se concentrer sur comment on va résister à Donald Trump », avait laissé tomber le chef néo-démocrate.

Jeudi, à quelques jours du moment où M. Trump promet de mettre à exécution sa menace d’imposer au Canada des droits de douane de 25 %, M. Trudeau a assuré que son gouvernement travaille « jour et nuit » pour l’en dissuader.

Redessiner la frontière ?

Le premier ministre a par ailleurs été pris de court lorsqu’il a été appelé à commenter la nouvelle publiée par le quotidien britannique The Telegraph, selon qui des représentants canadiens auraient été appelés à se retirer de négociations impliquant Peter Navarro, un proche conseiller de Donald Trump, qui aurait évoqué la possibilité de redessiner la frontière canado-américaine.

Justin Trudeau a d’abord dit ne pas être au courant de ces informations, mais il a tout de même répété que « nous avons tous entendu Donald Trump parler de créer un 51e État du Canada, quelque chose qui ne se passera jamais, que les Canadiens ne vont jamais accepter », même si la menace doit être prise au sérieux, selon lui. Puis, il a précisé qu’il n’y a « aucune négociation qui se passe maintenant avec les Américains ».

Il est cependant connu que des responsables canadiens et américains discutent présentement de la question d’éventuels droits de douane que Donald Trump menace d’imposer dès mardi prochain sur les produits canadiens et, à ce sujet, le premier ministre est revenu à la charge avec sa menace de rétorsion. « Si jamais ils vont de l’avant avec ces tarifs injustifiés, on va avoir une réponse forte, immédiate et certaine du Canada », a-t-il affirmé, réitérant son intention de répondre dans l’immédiat par des droits visant 30 milliards $ de produits américains et, 21 jours plus tard, une autre tranche de 125 milliards $ de produits américains.

« Il n’y a pas d’urgence »

M. Trudeau n’a pas manqué de dénoncer au passage les affirmations du président Trump, qui évoque l’urgence pour justifier sa méthode de signer des décrets unilatéralement sans passer par le Congrès. « Il n’y a pas une situation d’urgence pour les Américains sur la frontière avec le Canada. »

Il avait convié la presse dans un pavillon du Jardin botanique pour annoncer la signature d’une entente visant à créer des emplois à Qikiqtani, au Nunavut, et à assurer la gestion des terres et des eaux par les Inuits.

Il était accompagné, pour l’occasion, par Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami, et par Olayuk Akesuk, le président de l’Association inuite du Qikiqtani.

Entente de 200 millions $

Ottawa prévoit des contributions de 200 millions $ pour cette entente intitulée « Accord sur les sinaa ». « En inuktitut, le terme “sinaa” signifie “la lisière de la banquise”, là où la mer libre rencontre la mer gelée, devenant ainsi un dynamique écosystème de la vie marine ». La région de Qikiqtani est un habitat pour plusieurs espèces de la biodiversité canadienne, notamment d’ours polaires et de baleines.

Une enveloppe de 70 millions $ est aussi prévue dans le cadre de l’accord, ce financement venant de « donateurs philanthropiques du Canada et du monde entier ».

« On s’attend à ce que ces investissements attirent 318 millions $ au cours des 15 prochaines années dans la région de Qikiqtani », a soutenu le bureau du premier ministre, toujours dans son communiqué.

L’entente lie le gouvernement du Canada à l’Association inuite du Qikiqtani ainsi que les organisations The Pew Charitable Trusts et Aajuraq Conservation Fund Society.

« L’accord permettra également de faire progresser de manière considérable l’objectif de conserver 30 % des océans du pays d’ici à 2030, ajoutant une contribution supplémentaire de 3,68 % aux écosystèmes aquatiques du Canada », peut-on également lire dans le communiqué.

Avec Pierre Saint-Arnaud

Mot clé
Vous n'avez pas utilisé le site Web, Cliquer ici pour maintenir votre état de connexion. Temps d'attente: 60 Secondes