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L’arrivée du nouveau chef libéral sera un «reset» avec Trump, estime Dominic LeBlanc

Auteur: admin, Sandrine Vieira à Ottawa Correspondante parlementaire Source: Le Devoir
Mars 9, 2025 at 20:46
Photo: Sandrine Vieira
Photo: Sandrine Vieira

L’élection du nouveau chef du Parti libéral du Canada et nouveau premier ministre canadien sera l’occasion de repartir à zéro dans la crise des négociations avec le président américain, espère le ministre des Finances, Dominic LeBlanc.

« L’arrivée d’un nouveau chef et d’un nouveau premier ministre dans une démocratie, c’est comme un géant bouton “reset”. « C’est un moment de refaire des relations personnelles avec nos homologues, entre le premier ministre et le président Trump », explique le ministre dans une entrevue accordée au Devoir dans son bureau, à quelques heures de l’élection du nouveau chef libéral, dimanche.

À ses yeux, le ton du président Donald Trump envers Justin Trudeau, avec qui il s’est entretenu à quelques reprises depuis le début de la crise tarifaire, était devenu « méprisant » et même « un manque de respect ». Le président a souvent désigné M. Trudeau comme le « gouverneur » du Canada et l’a récemment faussement accusé de profiter de la crise tarifaire pour s’accrocher au pouvoir.

« Je suis surpris de voir à quel point M. Trump a personnalisé ses commentaires envers le Canada autour de l’actuel premier ministre, Justin Trudeau, pour des raisons que je ne comprends pas. M. Trump parle souvent de notre premier ministre élu avec un ton qu’il [n’adopte pas] avec d’autres chefs d’État », confie Dominic LeBlanc, un café Starbucks en main.

Le premier ministre Trudeau s’est souvent entretenu avec Donald Trump au fil des années, notamment lors de son premier mandat à la Maison-Blanche, de 2017 à 2021.

Le ministre LeBlanc convient que l’imprévisibilité du président rend complexe de prévoir comment il accueillera le successeur de M. Trudeau, mais qu’un changement d’approche et de politiques pourrait favoriser « une conversation différente avec les Américains ».

Le dossier des relations avec les États-Unis est devenu la nouvelle question électorale décisive, en vue de l’élection du successeur de Justin Trudeau, mais aussi des prochaines élections fédérales. Les quatre candidats à la chefferie libérale — Mark CarneyChrystia FreelandKarina Gould et Frank Baylis — avaient tous dirigé leur campagne en mettant en valeur leur expérience pour tenir tête à Donald Trump.

Un mandat fort

L’élection du nouveau chef libéral dimanche soir devrait mener, selon les conjectures sur la colline du Parlement, au déclenchement d’une campagne électorale fédérale dès ce printemps, malgré la continuation de la crise tarifaire.

La plupart des scénarios mènent au déclenchement rapide d’une campagne électorale, puisque tous les partis d’opposition à Ottawa souhaitent toujours faire tomber le gouvernement libéral à la première occasion.

Bien qu’il convienne que de gérer la crise tarifaire avec les Américains en pleine campagne représentera un « défi », Dominic LeBlanc estime que cela permettra au prochain gouvernement d’obtenir la légitimité pour gérer la suite du dossier.

« Si les Canadiens peuvent choisir un gouvernement fort avec un plan pour naviguer à travers cette confusion-là, attendre cinq semaines [de campagne] et arriver à une conclusion, c’est aussi un argument [qui se vaut] », fait-il valoir.

Le gouvernement actuel est même allé « vérifier » qu’il conserverait tous ses pouvoirs, en cas de campagne électorale, pour imposer des mesures de représailles supplémentaires, au besoin.

« On ne perd pas ces outils-là. En avril, il se pourrait qu’on soit en élections, mais le gouvernement peut encore imposer 125 milliards de dollars [de contre-tarifs]. On a vérifié ça », révèle-t-il.

Douleur économique

Contrairement à Justin Trudeau, le ministre LeBlanc n’a jamais été prêt à affirmer que le président Trump souhaite véritablement imposer des tarifs douaniers pour annexer le Canada.

La semaine dernière, le premier ministre Trudeau affirmait que le prétexte de la « crise du fentanyl » était une excuse « complètement bidon », et que le président souhaite véritablement voir un effondrement de l’économie canadienne pour faciliter son annexion.

Le ministre LeBlanc, lui, affirmait plutôt qu’il s’agit de sa façon de « dénigrer le Canada et le gouvernement ».

Pourquoi ne pas se dire en accord avec M. Trudeau ? « Parce que je crois que c’est tellement irréaliste que je ne veux pas donner de l’oxygène à un scénario qui, pour moi, ne va jamais arriver », répond le ministre LeBlanc. « Cependant, je [suis conscient] du besoin de défendre l’économie canadienne face à quelqu’un qui démontre une volonté de nous imposer de la douleur économique. »

À quelques heures de la révélation du nouveau chef libéral à Ottawa, un rassemblement citoyen s’organisait sur la colline du Parlement. Le Devoir y a vu plusieurs citoyens brandissant des drapeaux du Canada et des affiches sur lesquelles on pouvait lire « JAMAIS le 51e État ».

Confusion hallucinante

Les nombreuses volte-face et déclarations parfois décousues du président Trump au sujet des tarifs douaniers pourraient aussi jouer en faveur du Canada, estime le ministre LeBlanc, qui y voit une « confusion hallucinante ».

« Les chefs d’entreprises américaines sont préoccupés par les tarifs, mais aussi par la confusion [autour des dates]. Je crois que c’est probablement ce qui va nous aider à arriver à une sortie de secours cohérente. Ce n’est pas dans leur intérêt de continuer comme ça. »

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