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Photographies à l’entrée et sortie des États-Unis : « je n’irai plus aux États-Unis »

Auteur: user avatar admin Source: Radio Canada
Tous les visiteurs des États-Unis, y compris les Canadiens, devront s’habituer à être pris en photo à chaque entrée et sortie du sol américain, peu importe leur moyen de transport.  Photo : Radio-Canada / Yvon Thériault
Tous les visiteurs des États-Unis, y compris les Canadiens, devront s’habituer à être pris en photo à chaque entrée et sortie du sol américain, peu importe leur moyen de transport. Photo : Radio-Canada / Yvon Thériault

Une nouvelle réglementation américaine, qui doit entrer en vigueur le 26 décembre prochain, obligera tous les visiteurs – y compris les Canadiens – à être photographiés à chaque entrée et sortie du pays. C’est une mesure qui divise des Canadiens, notamment à Sault-Sainte-Marie en Ontario, où certains sont inquiets par rapport à la protection de leur vie privée.

C’est un procédé que le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) utilise depuis près d’une décennie afin de s’assurer que les visages des voyageurs correspondent à ceux qui figurent dans leurs documents de voyage.

Par le biais de ce nouveau programme, le CBP entend utiliser la biométrie faciale à tous les départs internationaux, qu’ils soient aux frontières maritimes ou terrestres.

Peter Lambert est en entrevue dans une ruelle de Sault-Sainte-Marie.

Peter Lambert n’est pas satisfait par la nouvelle régulation américaine, mais ne compte pas pour autant mettre fin à ses voyages. Photo : Radio-Canada / Ezra Belotte-Cousineau


Une réglementation qui ne changera pas pour autant les plans de Peter Lambert, résident de Sault-Sainte-Marie en Ontario, et propriétaire de deux chiens.

 Je me rends aux États-Unis pour avoir accès à un vétérinaire, étant donné que je n’arrive pas à en avoir un ici. [Cette nouvelle politique] ne me réjouit pas, mais ça ne m’empêchera pas de voyager, confie-t-il.

Graham Hirst, quant à lui, qui se dit fatigué des actions américaines, que ce soit à cause de la nouvelle régulation ou de la guerre commerciale actuelle, n’a plus l’intention de se rendre aux États-Unis.

Je pense vraiment que ce qui se passe au sud de la frontière est complètement excessif, démesuré, et je ne veux pas perdre mon temps à y aller, lance-t-il.

Un homme portant une casquette avec écrit Canada et un manteau à capuchon en entrevue dans un parc.

Graham Hirst n’a plus l’intention de se rendre aux États-Unis. Photo : Radio-Canada / Ezra Belotte-Cousineau


Ça devient ridicule ! Je n’aime pas la tournure que prennent les choses et, en ce qui me concerne, je n’irai plus aux États-Unis.

Une citation deGraham Hirst, résident de Sault-Sainte-Marie

Toutefois, Steve Waterhouse, consultant et conférencier en cybersécurité, estime que ce n’est pas à un pays de se soumettre aux désirs de ses visiteurs.

C’est notre choix comme visiteur de dire : je vais dans ce pays-là et je me soumets à la réglementation et non le contraire, affirme-t-il.

La réglementation entrera en vigueur le 26 décembre 2025, mais sa mise en œuvre dans les divers ports maritimes, aéroports et frontières terrestres pourrait prendre plusieurs années.

Des enjeux sécuritaires?

Erik Peterson, un autre résident de Sault-Sainte-Marie, est pour sa part divisé par la nouvelle régulation.

D’une part, il juge que le programme ne fera pas une grande différence compte tenu du processus déjà en place lors des voyages.

D’autre part, M. Peterson a des réserves pour ce qui est du respect de la vie privée des adultes pris en photo, mais également pour celle des enfants de moins de 14 ans.

Erik Peterson se trouve dans une rue du centre-ville de Sault-Sainte-Marie.

Erik Peterson craint que les informations recueillies par les autorités américaines ne soient utilisées à mauvais escient. Photo : Radio-Canada / Ezra Belotte-Cousineau


En effet, les enfants de moins de 14 ans et les adultes de plus de 79 ans seront eux aussi photographiés à chaque entrée et sortie des États-Unis, ce qui inquiète le père de deux enfants.

Ce qui me préoccupe, c'est de savoir comment ces pouvoirs vont être utilisés et même abusés parce que, si on s’en tient à l’histoire, c’est déjà arrivé.

Une citation deErik Peterson, résident de Sault-Sainte-Marie

Steve Waterhouse reconnaît que les données collectées pourraient être utilisées à mauvais escient, mais il rappelle que c’est une technique utilisée également au Canada, et, dans certains cas, les bénéficiaires pourraient ne pas être au courant.

Les gens sont un petit peu hypocrites de penser le gouvernement américain est un méchant de faire ça, mais de l’autre côté, ils publient leurs photos sur les réseaux sociaux. 

Une citation deSteve Waterhouse, consultant en cybersécurité

Selon lui, le réel danger de cet outil se trouve dans son utilisation pour faire de la reconnaissance faciale, surtout pour les personnes aux peaux foncées, qui mènent à des taux d’erreur quand même assez élevés.

Dave Waterhouse est assis et sourit à la caméra.

Steve Waterhouse admet que le système de reconnaissance faciale pourrait être trompeur. Photo : Radio-Canada / Orphée Moussongo


Si quelqu’un se fait photographier à la frontière et, après ça, il y a un autre élément criminel qui est suspecté, le système pourrait l’assimiler à 85 % au voyageur et ce dernier, qui n’aura rien fait, pourrait être suspecté, illustre M. Waterhouse.

Cette personne pourrait se retrouver dans une situation conflictuelle, à devoir prouver son identité, et serait traitée comme une criminelle jusqu’à preuve du contraire, c’est ce qui alimente la crainte de beaucoup de gens, tout comme le fait que des jeunes de moins de 18 ans soient fichés, ajoute-t-il.

Le CBP affirme que le taux de précision minimum de son algorithme de correspondance est de 97 % et que ses données opérationnelles ne montrent aucune différence dans les performances de l’algorithme en fonction des données démographiques.

Le département de la Sécurité intérieure conservera les photos des voyageurs étrangers dans sa base de données pour un maximum de 75 ans.

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