Le premier ministre Justin Trudeau s'est rendu à Mar-a-Lago, en Floride, vendredi en début de soirée, pour y rencontrer le président désigné Donald Trump.
Les deux dirigeants ont discuté à l'occasion d'un souper, a appris Radio-Canada.
Selon une source, le repas qui a duré trois heures s'est avéré positif. Une grande variété de sujets y ont été abordés, comme le commerce, la sécurité aux frontières, le fentanyl, la défense, y compris l'OTAN, l'Ukraine, les brise-glaces, la Chine, l’énergie — y compris Keystone XL — le prochain G7, etc.
Ce voyage de M. Trudeau survient quatre jours après l’annonce-choc de M. Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 % au Canada et au Mexique dès qu'il entrera en fonction, en janvier.
Des sources ont aussi confirmé à Radio-Canada que le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, et la cheffe de cabinet du premier ministre, Katie Telford, étaient attablés aux côtés des deux politiciens.
Côté américain, le gouverneur et futur secrétaire à l'Intérieur, Doug Burgum, le futur secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, et le futur conseiller à la Sécurité nationale, Mike Waltz, ont participé au repas.
Le président américain désigné a publié une photo de la rencontre sur le réseau social X.
With an interesting special guest at the Trump head table at Mar-A-Lago pic.twitter.com/SxzYp8ZrR0
— Donald J. Trump Posts From His Truth Social (@TrumpDailyPosts) November 30, 2024
La décision d'organiser une rencontre en personne entre les deux dirigeants a été prise jeudi, selon les informations de Radio-Canada.
Après avoir participé à une conférence de presse vendredi après-midi à Mount Stewart, à l’Île du Prince-Édouard, Justin Trudeau est retourné à Ottawa à bord de son avion.
Cette brève escale a permis au ministre de la Sécurité publique Dominic LeBlanc de rejoindre M. Trudeau. L’avion est ensuite reparti, cette fois en direction de la Floride, où se situe la résidence principale de Donald Trump.
Donald Trump a l'habitude de rencontrer des dirigeants dans sa demeure floridienne.
Depuis son élection au début de novembre, il a déjà reçu à Mar-a-Lago le président argentin, Javier Milei, et le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte.
L’été dernier, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, y a également été convié.
Le Canada secoué
L’annonce de Donald Trump sur son réseau social Truth Social de vouloir imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens et mexicains a créé une onde de choc partout au Canada, dont les trois quarts des exportations sont dirigés vers les États-Unis.
M. Trudeau s’est d’ailleurs entretenu avec M. Trump, par téléphone, peu après son annonce.
Il a également rencontré tous les premiers ministres provinciaux mercredi soir, lors d’une réunion virtuelle, pour discuter des relations commerciales avec les États-Unis.
M. Trump a justifié ses intentions tarifaires par des problèmes de sécurité aux frontières du Canada et du Mexique, ce qui contribuerait à l’afflux de migrants illégaux et de fentanyl aux États-Unis.
Le républicain a indiqué qu'il maintiendrait les tarifs en place jusqu'à ce que les deux pays aient pris des mesures pour endiguer ces problèmes en sécurisant leurs frontières.
Les États-Unis, le Canada et le Mexique devront prochainement renégocier les termes de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), qui encadre le commerce en Amérique du Nord.
Une menace à prendre au sérieux
Avant de quitter l'Île-du-Prince-Édouard vendredi, le premier ministre Trudeau a une fois de plus été questionné sur la menace de Donald Trump. Est-ce une tactique de négociation ou doit-on vraiment prendre ses déclarations au sérieux?
L'une des choses qu'il est vraiment important de comprendre, c'est que Donald Trump, lorsqu'il fait des déclarations comme celles-là, il a l'intention de les mettre en pratique. Cela ne fait aucun doute, a affirmé M. Trudeau.
Le premier ministre canadien croit toutefois qu’il est possible de traverser les quatre prochaines années en adoptant une approche basée sur la collaboration avec Donald Trump, comme ce fut le cas lors de son premier mandat (2017-2021).
M. Trudeau a indiqué que son gouvernement se préparait à un retour éventuel de Trump depuis le début de l’année et que c’est dans cette optique qu’Équipe Canada a été créée. Ce groupe réunit les premiers ministres, des chefs d'entreprise et des dirigeants syndicaux.
Dirigée par le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François Philippe-Champagne, et la ministre de la Promotion des exportations, du Commerce international et du Développement économique, Mary Ng, cette équipe a tenu plus de 500 rencontres depuis le début de l’année, dont des réunions avec une quarantaine de gouverneurs américains.
Des tarifs dommageables pour tous
M. Trudeau a ajouté vendredi qu'il prévoyait rappeler à Donald Trump que de tels tarifs qu’il souhaite imposer entraveront également les objectifs politiques du président.
Notre responsabilité est de souligner qu'il ne ferait pas seulement du tort aux Canadiens, a déclaré Justin Trudeau. Il augmenterait également les prix pour les citoyens américains et porterait préjudice à l'industrie et aux entreprises américaines.
En raison de leur économie intégrée, les Américains dépendent aussi du commerce avec le Canada à plusieurs égards, comme le rappelaient notamment Dominic LeBlanc et la vice-première ministre, Chrystia Freeland, cette semaine.
Notre relation est équilibrée et mutuellement bénéfique, surtout pour les travailleurs américains. Aujourd’hui, le Canada achète plus des États-Unis que la Chine, le Japon, la France et le Royaume-Uni réunis, ont-ils affirmé.
Le Canada est essentiel à l'approvisionnement énergétique intérieur des États-Unis et, l'année dernière, 60 % des importations américaines de pétrole brut provenaient du Canada.
Avec des informations de Louis Blouin et de la Presse Canadienne
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