Agence France-Presse
Donald Trump envoie son émissaire Steve Witkoff à Berlin cette fin de semaine pour rencontrer Volodymyr Zelensky et des dirigeants européens, au moment où les États-Unis poussent l'Ukraine à des concessions majeures pour mettre fin à la guerre avec la Russie.
Mais les deux pays ont poursuivi les hostilités dans la nuit : la Russie a affirmé samedi avoir frappé des installations industrielles et énergétiques ukrainiennes avec des missiles hypersoniques, dans ce qu'elle a qualifié de représailles à des frappes ukrainiennes contre des cibles civiles en Russie.
Volodymyr Zelensky a fait état de frappes russes ayant endommagé plus d'une douzaine d'installations civiles en Ukraine et privé des milliers de personnes d'électricité dans sept régions.
Une femme de 80 ans a été tuée dans la région de Soumy (nord-est), selon le gouverneur régional.
Dans le centre de la Russie, deux personnes ont été tuées samedi à la suite d'une attaque de drones ukrainiens contre un immeuble résidentiel à Saratov, ont indiqué les autorités locales.
Le président américain a clairement affiché son impatience concernant l'avancée des discussions autour de son plan qui vise à régler le conflit déclenché par l'invasion russe à grande échelle de février 2022 et ayant fait des centaines de milliers de morts et de blessés.
Alors que Kiev et les alliés cherchent à amender ce document jugé initialement très favorable à Moscou, un haut responsable de la Maison-Blanche a confirmé vendredi soir à l'Agence France-Presse le déplacement de M. Witkoff en Allemagne, rapporté précédemment par le Wall Street Journal.
L'émissaire, reçu début décembre par Vladimir Poutine à Moscou, doit rencontrer à Berlin Volodymyr Zelensky ainsi que des dirigeants européens dont la liste n'a pas été précisée.
Le président ukrainien avait déjà prévu de se rendre lundi dans la capitale allemande pour rencontrer ses alliés européens, dans le cadre de l'intense ballet diplomatique engagé autour du plan américain dévoilé il y a près d'un mois.
Les négociateurs bloquent en particulier sur les questions territoriales. Les États-Unis réclamant, déplore Kiev, d'importantes concessions.
Adhésion à l'Union européenne
Selon M. Zelensky, Washington veut que les forces ukrainiennes se retirent de la partie de la région de Donetsk (est de l'Ukraine) qu'elles contrôlent encore et qui est censée devenir une zone économique libre démilitarisée, sans demander la même chose aux troupes d'occupation.
En échange, l'armée russe se retirerait de toutes petites zones conquises par elle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipro (nord, nord-est et centre-est) mais conserverait des territoires plus larges dans celles de Kherson et de Zaporijia (sud).
Avant toute négociation territoriale, les Européens et Ukrainiens ont demandé aux Américains des garanties de sécurité qui seraient prévues en cas de nouvelle offensive russe, a déclaré la présidence française vendredi.
Un haut responsable a pour sa part dit à l'Agence France-Presse qu'une adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne dès 2027 était envisagée dans le plan américain. C'est stipulé, mais c'est un sujet de négociation et les Américains y sont favorables.
Une telle adhésion, en à peine plus d'un an, semble cependant peu probable du fait de la possible opposition, entre autres, d'États membres de l'Union européenne aux relations tendues avec l'Ukraine, comme la Hongrie.
Navire en feu
Le temps presse pour Donald Trump, qui vise le prix Nobel de la paix et dont la porte-parole a fait savoir jeudi qu'il en a assez des réunions qui n'ont d'autre but que de se réunir.
Ces efforts américains interviennent à un moment difficile pour l'Ukraine : la présidence a été déstabilisée par un vaste scandale de corruption impliquant des proches de Volodymyr Zelensky, l'armée est en recul sur le front et la population est soumise à des coupures de courant à cause des frappes russes.
L'armée ukrainienne a cependant affirmé avoir repris aux Russes plusieurs quartiers de la ville clé de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, ainsi que deux localités proches.
Dans le sud, un navire turc a été endommagé vendredi par une frappe aérienne russe dans le port de Tchornomorsk, près d'Odessa. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent ce bâtiment bleu et blanc en feu.
Le propriétaire de ce bateau, l'armateur turc Cenk Shipping, a expliqué dans un communiqué que le M/V CENK T, qui transporte des camions entièrement chargés de fruits frais, de légumes et de denrées alimentaires sur la route Karasu-Odessa, avait été victime d'une attaque aérienne.
La Turquie a réagi en réitérant sa demande d'une suspension des frappes ciblant les infrastructures énergétiques et portuaires.
Ankara a mis en garde ces dernières semaines contre une escalade inquiétanteen mer Noire, après que l'Ukraine a revendiqué des attaques de drones navals contre des pétroliers liés selon elle à la Russie dans la région.
La mer Noire ne doit pas être considérée comme une zone de confrontation. Cela ne profiterait ni à la Russie ni à l'Ukraine. Tout le monde a besoin d'une navigation sécurisée en mer Noire, a déclaré samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan.
L'Ukraine réplique aux bombardements russes en envoyant des dizaines de drones quotidiennement vers la Russie, visant en particulier l'industrie pétrolière qui permet à Moscou de financer la guerre.