« Historique ». C'est ainsi que Volodymyr Zelensky a qualifié l'accord d'armement qu'il est venu signer ce lundi en France. Le président ukrainien a été accueilli par Emmanuel Macron sur la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, avant de signer devant les caméras une lettre d'intention qui prévoit l'achat futur, par l'Ukraine, de « jusqu'à 100 Rafale » mais aussi de système de défense anti-aérienne et de drones, annonce l'Elysée.
Il ne s'agit donc pas d'une commande en bonne et due forme à ce stade. De même, précise l'Elysée, cet accord se projette « sur un horizon d'une dizaine d'années ». Dans un long message posté sur X, Volodymyr Zelensky a dit espérer recevoir les « 100 avions Rafale F4 d'ici 2035 ».
Today marks a significant moment, truly historic for both our nations – France and Ukraine. Together with Emmanuel Macron, we signed a Declaration of Intent on Cooperation in the Acquisition of Defense Equipment for Ukraine. This document enables Ukraine to procure military… pic.twitter.com/0qzG41IsnP
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) November 17, 2025
Lors d'une conférence de presse commune avec le président ukrainien, à l'Elysée, Emmanuel Macron a salué un « renforcement de coopération bilatéral […] Nous franchissons une nouvelle étape ». Le chef de l'Etat français a expliqué que la livraison de Rafale vise à doter l'armée ukrainienne d'une « capacité de dissuasion » contre toute tentative « d'incursion ». « Régénérer l'armée ukrainienne est un élément décisif de notre sécurité à tous », a poursuivi Emmanuel Macron, déplorant que la Russie, « seule », fasse le choix de « poursuivre cette guerre ».
« L'Ukraine n'est pas seule dans sa défense », s'est pour sa part félicité Volodymyr Zelensky. L'accord signé ce jour « va continuer sur dix ans » et permettra à l'Ukraine d'« augmenter (son) potentiel technologique ».
Nouveau record ?
Le président ukrainien, qui multiplie les appels auprès de la communauté internationale pour un renforcement du soutien militaire à son pays, a déjà signé le mois dernier une lettre d'intention en vue d'acquérir 100 à 150 avions de chasse suédois Gripen. La France, de son côté, a déjà livré des chasseurs Mirage à Kiev, mais il n'avait jusqu'ici pas été question de voir l'Ukraine se doter du Rafale, fleuron de l'aviation de combat français.
Si la vente à l'Ukraine avait intégralement lieu, ce serait alors la plus importante vente de Rafale à un pays étranger de l'histoire. Elle devancerait d'une vingtaine d'unités le précédent record, signé en 2022 avec les Emirats Arabes Unis pour 80 chasseurs qui doivent être livrés entre 2026 et 2031. Mise en service officiellement en 2001, la pépite de Dassault a séduit, en une vingtaine d'années, une large clientèle internationale, allant de l'Egypte (55 avions) au Qatar (36), en passant par l'Inde (62), l'Indonésie (42), la Grèce (24), la Croatie (12) et la Serbie (12).
Néanmoins, des doutes subsistent quant à la capacité de Kiev de financer une telle commande, estimée entre 10 à 15 milliards d'euros, alors que l'Ukraine souhaiterait déjà, en parallèle, s'engager avec le suédois Saab.
L'annonce de cet accord avec la France intervient en tout cas dans un contexte très compliqué pour l'Ukraine. Le pays subit de nouvelles frappes russes massives dont les dernières, dans la nuit de dimanche à ce lundi, ont tué au moins trois personnes dans la région de Kharkiv, dans l'est du pays. Kiev est aussi politiquement ébranlée par un scandale de corruption ayant poussé deux ministres à la démission et forcé Volodymyr Zelensky à prendre des sanctions contre l'un de ses proches.
Après cette visite à Villacoublay, au sud-ouest de Paris, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky se sont rendus au mont Valérien, à l'ouest de Paris, visiter l'état-major de la « force multinationale Ukraine » que Paris et Londres préparent pour qu'elle puisse être déployée dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu et des « garanties de sécurité » à fournir à Kiev.
Mis en place par la « coalition de volontaires », à laquelle participent, selon l'Elysée, 35 pays en incluant l'Ukraine, cet état-major « fonctionne » et est « dès à présent » capable « de déployer une force dès le lendemain d'un cessez-le-feu », assure-t-on côté français. Dans l'après-midi à l'Elysée, les deux dirigeants devaient participer à un « forum drones franco-ukrainien ».