France

French PM Lecornu races against the clock to form govt cabinet

Source: Les Echos:::
Octobre 12, 2025 at 12:58
Dans un entretien à « La Tribune Dimanche », Sébastien Lecornu affirme qu'il partira de nouveau « si les conditions pour mener sa mission ne sont pas réunies ». (Photo Reuters)
Dans un entretien à « La Tribune Dimanche », Sébastien Lecornu affirme qu'il partira de nouveau « si les conditions pour mener sa mission ne sont pas réunies ». (Photo Reuters)

French Prime Minister Sebastien Lecornu faces a race against time to form a government by Monday's budget

Alors même que le temps presse pour respecter les délais sur le budget, la journée de samedi a montré l'ampleur et surtout la difficulté de la tâche qui attend Sébastien Lecornu, reconduit à Matignon par Emmanuel Macron le 10 octobre malgré une forte hostilité, y compris au sein de la majorité présidentielle.

A la veille de former un nouveau gouvernement, ce proche du président a vu se multiplier les obstacles, qui rendent particulièrement périlleuse sa mission. A tel point que dans un entretien à « La Tribune Dimanche », il affirme qu'il partira de nouveau « si les conditions pour mener sa mission ne sont pas réunies ».

Refus des Républicains d'entrer au gouvernement

Les Républicains ont refusé samedi toute participation au gouvernement que Sébastien Lecornu s'efforce de constituer dans l'urgence ce week-end. Dans un communiqué publié samedi, le bureau politique des LR présidé par Bruno Retailleau a en effet indiqué que « la confiance et les conditions ne sont pas réunies pour que les Républicains participent au gouvernement ». « Cette délibération a été adoptée à une large majorité », précise-t-il. La formation se contentera d'« un soutien texte par texte au gouvernement ».

« Nous sommes sur un soutien exigeant, mais nous voulons que cela fonctionne », a affirmé de son côté Othman Nasrou, le secrétaire général du parti LR. Il a assuré « comprendre » les députés LR qui se retrouveraient « en première ligne » en cas de dissolution, nombre d'entre eux étant menacés par le RN dans des circonscriptions rurales. Depuis la dissolution de l'été 2024, les Républicains appartenaient au socle commun, fragile coalition au pouvoir.

Prise de distance de l'UDI

Peu après les LR, c'était au tour de l'Union des démocrates et indépendants, parti créé par Jean-Louis Borloo, d'annoncer dans un communiqué son « soutien sans participation » au gouvernement de Sébastien Lecornu.

Promettant une « collaboration loyale, vigilante et exigeante », l'UDI a expliqué que ses parlementaires « apporteront leur concours à l'adoption d'un budget » mais « pas à n'importe quel prix ». Le nom de Jean-Louis Borloo avait circulé pour Matignon avant la seconde nomination de Sébastien Lecornu.

Menace de censure du PS

Dès vendredi soir, le Parti socialiste, dont dépend en grande partie la survie du prochain gouvernement, a réaffirmé sa position : « Nous rappelons de manière très claire ce soir au Premier ministre que s'il n'y a pas dès sa déclaration de politique générale la confirmation de l'abandon du 49.3, des mesures pour protéger et renforcer le pouvoir d'achat des Français et une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites, nous le censurerons », déclarait à l'AFP le secrétaire général du PS Pierre Jouvet.

Le PS « va faire du chantage à la censure et le prochain gouvernement devra renoncer à tout : le sérieux budgétaire, le régalien, la défense du travail », a expliqué le président du Sénat Gérard Larcher lors d'une réunion avec les parlementaires LR samedi matin.

Soutien du bout des lèvres de la majorité présidentielle

La tâche s'annonce d'autant plus difficile pour le Premier ministre que le propre parti du président de la République, Renaissance, prend ses distances. Plusieurs personnalités de la formation s'étaient prononcées contre la nomination de Sébastien Lecornu. Son chef, Gabriel Attal, avait alors invité Emmanuel Macron à « partager le pouvoir ». Samedi cependant, il a jugé que « le seul enjeu qui vaille désormais, c'est de doter la France d'un budget ».

Le parti Horizons de l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, également réuni samedi en bureau politique, continuait d'envisager pour la première fois depuis sa création un soutien sans participation au gouvernement si celui-ci touche au « coeur » de la réforme des retraites de 2023.

Agenda ultra-serré

La prochaine équipe de Sébastien Lecornu est très attendue alors que le temps presse pour donner au Parlement les 70 jours requis par la Constitution pour examiner un projet de budget avant le 31 décembre. Il faudrait que le texte soit transmis lundi au Parlement, en principe après un passage en Conseil des ministres. Mais, le gouvernement n'est toujours pas formé et Emmanuel Macron a annoncé ce samedi qu'il irait lundi en Egypte pour soutenir l'accord de cessez-le-feu, entre le Hamas et Israël. Or c'est lui qui doit présider le Conseil des ministres.

Rappelant n'avoir « pas d'autre ambition » que celle de doter la France d'un budget et « pas d'agenda » personnel, Sébastien Lecornu a souhaité lors de son premier déplacement samedi au commissariat de L'Haÿ-les-Roses, en banlieue parisienne, que son gouvernement soit « libre » et comprenne des personnalités « avec des sensibilités partisanes mais pas emprisonnées par les partis ».

Casse-tête des retraites

Suspension ? Décalage ? Le sort de la réforme Borne des retraites décidera de l'avenir du gouvernement Lecornu II, si gouvernement il y a. Vendredi dernier, lors de sa réunion avec les chefs de groupes politiques à l'Elysée, Emmanuel Macron s'était montré prêt à faire un geste pour tenter d'apaiser la crise politique et ouvrir la voie à l'adoption d'un budget.

Alors que l'âge légal de départ en retraite doit passer à 63 ans pour la génération née en 1964, l'idée était de le maintenir à son niveau actuel, soit à 62 ans et 9 mois, et de reprendre le fil de la réforme après l'élection présidentielle de 2027. Insuffisant pour le Parti socialiste qui réclame une suspension immédiate et complète. Dans le cas contraire, il a prévenu qu'il censurerait le nouveau gouvernement.

De son côté, le Premier ministre a rappelé samedi que, sur cette réforme, « tous les débats sont possibles, dès lors qu'ils sont dans un cadre réel et réaliste, y compris sur les questions budgétaires ».

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