Dans un discours au ton grave, le président français a promis mercredi soir un “débat stratégique” sur la protection des alliés européens par la dissuasion nucléaire de la France. Face à un contexte géopolitique instable, le chef de l’État a cherché à alerter les Français tout en les rassurant, note la presse européenne.
“Quand toutes les chaînes de télévision se tournent vers le palais de l’Élysée pendant le journal du soir en prime time et que retentissent les notes de la Marseillaise”, c’est que “la situation est grave”, rappelle la Frankfurter Zeitung.
Dans un discours télévisé d’une quinzaine de minutes au “ton dramatique” et “aux intonations de temps de guerre”, le président Emmanuel Macron a évoqué sans détour la “menace russe” qui plane “sur l’Europe et sur la France”, après le rapprochement entre Washington et Moscou, remarque El País. Selon son entourage, le président avait choisi de s’adresser au pays afin de répondre à une “angoisse très forte chez les Français”.
“Notre prospérité et notre sécurité” en Europe “sont devenues plus incertaines”,a affirmé le président de la République, qui a assuré que nous entrions dans une “nouvelle ère”. “Face à ce monde de dangers, rester spectateur serait une folie”, a lancé le chef de l’État, à la veille d’un sommet crucial de l’Union européenne à Bruxelles pour acter un renforcement massif de la défense continentale.
Le locataire de l’Élysée “n’a pas mâché ses mots sur la Russie”, note La Libre Belgique. Le président français “a été très dur envers […] Poutine, qu’il a accusé entre autres de violer les frontières pour tuer des opposants”, estime El País.
“L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou”, a aussi lancé Macron en tentant de mettre des mots sur la bascule géopolitique en cours depuis que Donald Trump a renoué le dialogue avec son homologue russe, Vladimir Poutine.
Il s’est d’ailleurs réjoui de voir l’UE franchir jeudi à Bruxelles “des pas décisifs”pour investir des centaines de milliards d’euros dans la défense européenne, en prenant des décisions que “la France proposait depuis plusieurs années”.
Un discours pour “réfuter les attaques de Le Pen”
Outre un investissement renforcé dans le domaine de la défense, Emmanuel Macron a aussi promis mercredi un “débat stratégique” sur la protection des alliés européens par la dissuasion nucléaire française.
Sur cette question, le président a “moins à convaincre ses voisins européens que sa plus grande adversaire sur la scène politique française : Marine Le Pen”, remarque Die Zeit. L’hebdomadaire allemand rappelle que “la populiste de droite s’est exprimée avec force contre un ‘parapluie protecteur européen’ lors d’un débat parlementaire houleux cette semaine”. “Partager la dissuasion nucléaire, c’est la détruire”, a-t-elle notamment affirmé à l’Assemblée.
Pour la Zeit, “le discours de quinze minutes de Macron semblait être une tentative de réfuter les attaques très entendues de Le Pen – car après tout, son Rassemblement national est le plus grand parti d’opposition”.
Le président français a tenté mercredi soir de “susciter des sentiments contradictoires : d’un côté, il a alerté le peuple français face à la nouvelle situation politique, et de l’autre il a cherché à le rassurer” en mettant en avant de possibles solutions, conclut le journal allemand.
Pour le quotidien espagnol El País, “Macron, peut-être au moment le plus important de ses deux mandats, la première fois où de véritables turbulences dépassent les frontières nationales”, a cherché à “incarner le visage d’une France et d’une Europe qui ne sont plus figées”.
“Marge de manœuvre limitée”
Le président, “dont la popularité a chuté” depuis la dissolution de l’Assemblée l’an dernier, semble avoir vu sa cote remonter, dans le contexte de la crise ukrainienne et des premiers pas de l’administration Trump, note The Guardian.Le quotidien britannique rappelle qu’un récent sondage réalisé après la visite du chef de l’État à Washington a montré “une amélioration de sa cote de confiance parmi les électeurs français”. Mais sa volonté d’augmenter les dépenses de défense survient alors que le gouvernement cherche à réduire le déficit budgétaire, souligne le journal.
Macron a d’ailleurs laissé entendre mercredi, dans son allocution, qu’un investissement massif dans la défense européenne impliquera un effort budgétaire difficile eu égard aux finances publiques très dégradées de la France. Renforcer les armées signifiera faire des “investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables”, mais “sans que les impôts soient augmentés”, a-t-il promis. “Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage”, a-t-il martelé, appelant la classe politique et les partenaires sociaux à proposer des “solutions de demain” qui “ne pourront être les habitudes d’hier”.
“Quoi qu’il arrive, Macron a peu de marge de manœuvre pour agir sur les questions liées aux dépenses et à la fiscalité car il n’est pas soutenu par une majorité au Parlement”, rappelle Politico.
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