Donald Trump a laissé éclater son exaspération mercredi envers Vladimir Poutine et annoncé des sanctions qualifiées « d'énormes » contre le secteur pétrolier russe, dans l'espoir d'amener Moscou à mettre fin à la guerre en Ukraine.
En parallèle, l'Union européenne a annoncé mercredi avoir trouvé un accord pour durcir ses sanctions sur les hydrocarbures russes et tarir les ressources du Kremlin.
Ce sont des sanctions énormes [...] Et nous espérons qu'elles ne dureront pas trop longtemps. Nous espérons qu'un terme sera mis à la guerre, a affirmé le président américain en recevant le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, dans le bureau ovale de la Maison-Blanche.
Lui qui s'est refusé pendant de longs mois à décider de ces sanctions a estimé que ses conversations avec le président russe n'allaient nulle part, au lendemain du report sine die d'une rencontre entre eux envisagée à Budapest.
Chaque fois que je parle avec Vladimir, nous avons de bonnes conversations, mais ensuite elles ne vont nulle part, a-t-il affirmé.
Peu avant, le ministre américain des Finances Scott Bessent avait annoncé, dans un communiqué, des sanctions contre les deux plus importantes compagnies pétrolières qui financent la machine de guerre du Kremlin, et ce, face au refus du président Poutine d'arrêter cette guerre insensée.
Le président Poutine n'a été ni franc ni honnête à la table des négociations, comme nous l'aurions espéré, a-t-il aussi déclaré à la chaîne Fox Business.
Nuit d'attaques russes en Ukraine
Ces annonces interviennent après une nouvelle nuit d'attaques russes dans toute l'Ukraine, avec plus de 400 drones et une trentaine de missiles, qui ont fait au moins six morts.
L'attaque par des drones d'une école maternelle à Kharkiv, grande ville du nord-est, a particulièrement suscité l'émotion, avec ses images de secouristes, parents ou enseignants, portant de jeunes enfants dans des rues dévastées. Cette attaque a fait au moins un mort et dix blessés, selon le maire Igor Terekhov.

Un journaliste de l'AFP a vu des pompiers et secouristes s'affairer près de l'école maternelle, au toit éventré dont s'échappait de la fumée grise.
Les enfants avaient très peur [...] Certains avaient des coupures, d'autres avaient autre chose. Bien sûr, il y a eu des crises d'hystérie, a raconté Ksenia Kalmykova, une mère de 44 ans.
Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a tiré un total de 405 drones et 28 missiles, dont respectivement 333 et 16 ont été abattus.
Après les bombardements de la nuit, le ministère ukrainien de l'Énergie a annoncé des coupures d'urgence dans la plupart des régions.
De son côté, l'armée ukrainienne vise régulièrement des raffineries de pétrole et des conduites d'hydrocarbures en Russie, une stratégie qui a provoqué une hausse des prix du carburant dans ce pays depuis l'été.
Mercredi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir neutralisé 33 drones ukrainiens au cours de la nuit et 13 autres dans la matinée.
Rosneft et Lukoil
Les nouvelles sanctions américaines, qui visent les groupes pétroliers russes Rosneft et Lukoil, sont la conséquence, selon Washington, de l'absence de volonté sérieuse de la Russie de s'engager dans un processus de paix afin de mettre fin à la guerre en Ukraine.
Le Trésor américain a dit être prêt à aller plus loin si cela s'avérait nécessaire.
Les sanctions européennes, dont l'adoption formelle est prévue jeudi, prévoient notamment un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe et des mesures supplémentaires contre la flotte fantôme de pétroliers que Moscou utilise pour contourner les sanctions occidentales.
Les cours du pétrole ont bondi de presque 3 % en début d'échanges asiatiques jeudi, après de nouvelles sanctions américaines contre les groupes russes d'hydrocarbures Rosneft et Lukoil, attisant les craintes de tensions sur l'offre d'or noir.
Le président ukrainien est attendu jeudi au sommet des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, au cours duquel les pays membres doivent formaliser leur accord sur un soutien financier pérenne à l'Ukraine, puis à Londres, où se tiendra vendredi une réunion de la coalition des volontaires.
150 avions Gripen
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a de son côté relativisé l'existence de tensions entre MM. Trump et Zelensky, assurant que le président américain reste le seul à même d'apporter une paix durable en Ukraine, malgré le fait qu'il refuse de livrer des missiles Tomahawk à Kiev.
M. Trump a réitéré ce refus mercredi, arguant de la complexité liée à leur emploi.
S'exprimant devant la presse, M. Rutte a néanmoins estimé que cette pression collective accrue sur Moscou était à même de changer les calculs de Vladimir Poutine et de l'amener à la table des négociations en vue d'un cessez-le-feu.
J'en suis absolument convaincu, ce ne sera peut-être pas aujourd'hui ni demain, mais nous y arriverons, a-t-il dit.
Dans l'immédiat, c'est en Suède que le président ukrainien est allé chercher des armes, annonçant mercredi y avoir signé une lettre d'intention pour l'achat de 100 à 150 avions de chasse Gripen de dernière génération.
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