Depuis l’invasion de l’Ukraine, des centaines de citoyens russes auraient obtenu la citoyenneté roumaine de manière frauduleuse, afin de contourner les sanctions ou de vivre dans l’Union européenne.
Par Marine Leduc
La tendance semble inexorable : en Roumanie, les villages se vident de leurs habitants, alors qu’entre 4 millions et 5 millions de citoyens ont quitté le pays depuis la chute du communisme, en 1989. Pourtant, la petite commune de Varfu Campului a curieusement vu sa population doubler en l’espace d’une décennie, passant de 3 420 habitants, en 2011, à plus de 7 000, en 2021. Dans cette bourgade du nord du pays, proche de l’Ukraine, près de 10 000 personnes étaient inscrites sur les listes électorales en 2024, mais certains bureaux de vote n’ont enregistré que 2 % de participation aux élections municipales organisées en juin de la même année. De quoi éveiller les soupçons des autorités.
En novembre 2024, plusieurs dizaines de perquisitions ont mis au jour la supercherie : pas d’économie florissante ou de baby-boom, mais près de 10 000 citoyens de Moldavie, d’Ukraine et de Russie ont obtenu des papiers d’identité roumains de manière frauduleuse, avec établissement d’un domicile fictif à Varfu Campului, parfois sans l’accord préalable des propriétaires. Des faux documents, en échange de pots-de-vin, auraient été établis depuis des années par des fonctionnaires de deux bureaux d’état civil, avec la complicité d’habitants.
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