A peine arrivé à Matignon, Sébastien Lecornu promet des « ruptures »

Nouvelle passation de pouvoirs à Matignon, pour la troisième fois en un an. Sébastien Lecornu, nommé la veille Premier ministre par Emmanuel Macron en remplacement de François Bayrou, a pris ses fonctions ce mercredi midi. A 39 ans, il est le troisième plus jeune Premier ministre, après Gabriel Attal (34 ans quand il a pris ses fonctions en janvier 2024) et Laurent Fabius (37 ans en juillet 1984).

Le nouveau locataire de Matignon, ministre sans interruption depuis juin 2017, prend ses fonctions dans un contexte éruptif : sans majorité à l'Assemblée nationale, il prend la suite de deux gouvernements renversés alors que la France connaît aujourd'hui une journée de manifestations et de blocages avec le mouvement « Bloquons tout ».

Entretien de 50 minutes

Dans la cour de Matignon, tous les membres du gouvernement étaient présents. Comme François Bayrou, ils ont été « renversés » ce lundi et nombre d'entre eux espèrent rempiler. « Si je reste au gouvernement, c'est mon souhait, je n'ai pas d'autre envie que de rester au ministère de la Justice », a déclaré Gérald Darmanin, actuel locataire de la Place Vendôme, au micro de RTL.

Sébastien Lecornu est entré à midi pile dans la cour de Matignon, l'air grave. Après une rapide poignée de main avec François Bayrou, les deux hommes sont montés dans le bureau du Premier ministre pour un entretien qui a duré 50 minutes.

La première prise de parole de Sébastien Lecornu était très attendue. Après sa nomination, il avait brièvement réagi sur X en remerciant Emmanuel Macron « pour la confiance qu'il lui témoigne » et en saluant son prédécesseur « pour le courage dont il a fait preuve en défendant ses convictions jusqu'au bout ».

Sur le perron de Matignon, après leur entretien, François Bayrou a parlé le premier comme le veut l'usage. Sa prise de parole a été brève, quelques minutes seulement. « Nous ferons tout ce que nous pouvons pour aider le gouvernement. Mon aide vous est acquise », a promis le leader du Modem. « Nous devons inventer le monde nouveau qui s'impose et va s'imposer à partir de la réalité », a-t-il ajouté.

Il va falloir des ruptures, pas que sur la forme mais aussi sur le fond

Sébastien Lecornu, Premier ministre

Sébastien Lecornu ne s'est pas étendu non plus. Il a salué le courage de François Bayrou et s'est très vite projeté sur la suite. « On va dire aux Françaises et aux Français qu'on va y arriver », a ajouté le nouveau locataire de Matignon, promettant de lutter contre le « décalage entre la vie politique et la vie réelle ». Il a évoqué des changements, en assurant qu'il sera plus « créatif » et parfois plus « technique ». Il a surtout promis une « rupture », n'oubliant pas l'échec de ses deux prédécesseurs. « Il va falloir des ruptures, pas que sur la forme mais aussi sur le fond », a ajouté Sébastien Lecornu, sans en dire plus. Ce faisant, le Premier ministre fait un premier appel du pied aux socialistes, qui n'ont de cesse de demander une rupture avec la politique menée depuis huit ans par Emmanuel Macron.

Le Premier ministre va tout de suite entrer dans le vif du sujet. Il recevra à 14 h 30 Gabriel Attal, président des députés macronistes à l'Assemblée nationale et patron du parti Renaissance. Puis, à 15 h 30, ce sera le tour des Républicains avec Bruno Retailleau, François-Xavier Bellamy et les deux présidents des groupes parlementaires, Laurent Wauquiez et Mathieu Darnaud. Enfin, Edouard Philippe, patron d'Horizons et proche du nouveau Premier ministre, sera reçu à 17 h 30.