Europe. Le milliardaire, proche de Donald Trump, multiplie les saillies sur les affaires intérieures de plusieurs pays européens. Jeudi 2 janvier, il a demandé sur les réseaux sociaux la libération d’un activiste d’extrême droite britannique.
Homme le plus riche du monde, entrepreneur à succès, conseiller du président américain élu Donald Trump… et désormais commentateur de la vie politique en Europe ? Le milliardaire Elon Musk tente dorénavant de jouir sur le Vieux Continent de son influence politique grandissante, à travers de multiples prises de position sur les affaires intérieures de plusieurs pays. En utilisant son compte sur le réseau social X, qu’il a lui-même racheté en 2022, il dispose aujourd’hui d’une caisse de résonance importante pour propager ses idées.
Soutien à un activiste d’extrême droite au Royaume-Uni
En ce début d’année 2025, le fondateur de Tesla et Space X a déjà publié une série de messages sur la plateforme à propos de plusieurs faits d’actualité au Royaume-Uni. Jeudi 2 janvier, Elon Musk s’est donc attaqué à une décision de justice rendue fin octobre dans le pays contre l’activiste d’extrême droite Tommy Robinson. Ce dernier, qui a pour vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, a été condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir répété des propos diffamatoires à l’encontre d’un réfugié syrien, alors qu’il avait déjà été jugé pour une telle prise de position.
"Libérez Tommy Robinson !", a lancé Elon Musk pour défendre ce militant, passé par le mouvement d’ultradroite de l’English Defense League (EDL) et agitateur l’été dernier des tensions communautaires outre-Manche, notamment lors des importantes émeutes dans de nombreuses villes britanniques. "Pourquoi Tommy Robinson est en détention à l’isolement pour avoir dit la vérité ?", s’est offusqué le milliardaire américain. Ce dernier avait déjà permis le retour sur X de l’activiste, banni de Twitter en 2018 pour des appels à la haine répétés.
Dans la même journée, Elon Musk s’en est aussi pris de manière plus frontale au Premier ministre britannique Keir Starmer. Le travailliste, arrivé l’été dernier au 10 Downing Street, est régulièrement la cible de critiques de la part du businessman. Ces dernières heures, celui-ci a encore considéré qu’"une nouvelle élection devrait être organisée au Royaume-Uni", après avoir déjà relayé à l’automne une pétition massivement signée demandant la tenue d’un nouveau scrutin.
Elon Musk accuse aussi Keir Starmer d’avoir mal pris la mesure d’une vaste affaire d’exploitation sexuelle, tandis qu’il était à la tête du Crown Prosecution Service (CPS), les services généraux du parquet anglais et gallois. 1500 jeunes filles ont été abusées à cause de ce système, organisé dans le nord de l’Angleterre entre 1997 et 2013. Cette affaire est particulièrement mise en avant par l’extrême droite britannique, notamment car les principaux instigateurs de cette organisation criminelle étaient d’origine pakistanaise.
"Au Royaume-Uni, des crimes graves comme le viol nécessitent l’approbation du service du procureur pour que la police puisse inculper les suspects. Qui était à la tête du CPS lorsque des gangs de violeurs ont pu exploiter de jeunes filles sans avoir à faire face à la justice ? Keir Starmer", a pointé du doigt Elon Musk. Lors des émeutes de l’été dernier,il avait déjà attaqué le Premier ministre pour sa gestion de la crise, qualifiant plus tard le Royaume-Uni d’Etat policier tyrannique".
En décembre, il avait également rencontré Nigel Farage, chef de file du parti pro-Brexit Reform UK, dans la résidence de Donald Trump, à Mar-a-Lago, en Floride. Une discussion durant laquelle les deux hommes avaient "parlé argent", selon le sulfureux élu britannique. D’après lui, l’octroi d’un don financier important d’Elon Musk pour remplir les caisses de son mouvement serait actuellement en négociation.
Tribune pro-AfD en Allemagne
Ces nouvelles sorties d’Elon Musk interviennent quelques jours après une déclaration sur la politique d’un autre pays européen : l’Allemagne. Samedi 28 décembre, il a publié dans l’édition dominicale du prestigieux quotidien allemand Die Welt une tribune de soutien à l’Alternative für Deutschland (AfD), le principal parti d’extrême droite du pays. Bien qu’accolé à un contre-argumentaire rédigé par un des rédacteurs en chef du journal, le texte a créé la polémique outre-Rhin. Une journaliste a même démissionné de la rédaction après cette publication.
Dans son propos, Elon Musk a qualifié l’AfD comme "la dernière lueur d’espoir" pour l’Allemagne, une nation selon lui "au bord de l’effondrement économique et culturel". Une semaine plus tôt, il avait déjà assuré sur X que "seule l’AfD" pouvait "sauver l’Allemagne", alors que des élections législatives anticipées y sont prévues en février. Ce mouvement connaît une progression dans les sondages ces dernières semaines et est désormais crédité de plus de 20 % des intentions de vote.
Les soutiens du chancelier social-démocrate Olaf Scholz ont fustigé la prise de position de l’entrepreneur, l’estimant responsable d’ingérence dans ces élections. Le dirigeant a lui-même dénoncé, lors de son allocution du Nouvel An mardi 31 décembre, le rôle d’Elon Musk dans la campagne électorale : "Vous, les citoyens, décidez [du résultat du vote]. Ce ne sont pas les propriétaires des réseaux sociaux qui en décident."
Proximité avec Giorgia Meloni
S’il s’attaque aux gouvernements européens avec lesquels il n’est pas en accord, Elon Musk s’affiche aussi avec les dirigeants plus proches de ses opinions. C’est le cas de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, arrivée au pouvoir à Rome en 2022 sous l’étiquette du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. L’Américain a notamment été aperçu il y a un an lors d’une conférence organisée par ce mouvement, où il a pu détailler sa vision de l’immigration.
Favorable à la venue légale de travailleurs étrangers, il avait à cette occasion réaffirmé sa farouche opposition à l’immigration illégale, à laquelle il est selon lui nécessaire de "mettre un terme". Une déclaration dans la veine de la politique migratoire menée par Giorgia Meloni ces derniers mois. Son gouvernement entendait envoyer une partie des clandestins présents en Italie dans un centre spécial hors de l’Union européenne, en Albanie – une procédure remise en cause par la justice italienne.
Autre sujet d’accord entre Elon Musk et Giorgia Meloni : la volonté de relancer la natalité. "Il faut faire plus d’Italiens pour sauver la culture d’Italie", avait avancé l’homme d’affaires, inquiet "du faible taux de natalité" du pays. La Première ministre italienne a fait de ce dossier une des pierres angulaires de son programme. Lors du débat sur le budget pour 2025 au Parlement italien, elle a ainsi proposé de verser une prime de naissance de 1000 euros à certains foyers.
À la différence de ces différentes puissances européennes, Elon Musk s’exprime en revanche peu sur la politique française. Présent lors de la réouverture de Notre-Dame de Paris, début décembre, le patron avait aussi été reçu en tête-à-tête par Emmanuel Macron à l’Elysée au printemps 2023. Le président de la République l’a de nouveau convié à un sommet consacré à l’intelligence artificielle prévu en France en février prochain. Une invitation envoyée à Elon Musk comme à l’ensemble des "grands entrepreneurs" spécialistes de cette technologie, avait précisé le dirigeant français en novembre dernier.
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