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1 year oldOuverture de dix ambassades, intervention de forces spéciales au Soudan, partenariats économiques et militaires : l’Ukraine tente de combler le retard considérable pris sur son ennemi russe sur le continent africain. L’Afrique subsaharienne, en particulier, devient un enjeu important alors que Kiev prend conscience que la résistance à l’invasion russe s’inscrit dans le temps long.
« L’influence politique des pays du continent augmente : plus de cinquante Etats sont membres des Nations unies. L’Union africaine est candidate à son adhésion au Conseil de sécurité et est déjà membre du G20 », souligne Maksym Soubkh, représentant spécial de l’Ukraine pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Le déclencheur de la prise de conscience ukrainienne a été le vote, le 2 mars, à l’Assemblée générale de l’ONU, au cours duquel seuls vingt-huit des cinquante-quatre pays africains ont condamné l’invasion russe. Une douche froide.
« Nous pensions que l’invasion d’un territoire souverain et les violations gravissimes des lois internationales commises par l’armée russe mettraient automatiquement les pays de notre côté. Nous avons sous-estimé à quel point l’influence russe était forte sur le continent africain », explique Alexander Khara, spécialiste en relations internationales au Centre for Defence Strategies, un groupe de réflexion basé à Kiev. « Pour gagner la guerre, l’Ukraine doit peser dans les nouveaux centres d’influence et de croissance en Afrique », martèle-t-il.
« La Russie dépense des millions pour diffuser de la propagande et des récits anti-ukrainiens et anti-occidentaux dans les pays africains », observe, de son côté, le diplomate Maksym Soubkh. « En plus de ses ambassades, la Russie dispose sur l’ensemble du continent d’un large réseau d’agences d’information, de propagande, de financement de médias locaux, et d’influence culturelle, notamment à travers Rossotroudnitchestvo [sorte d’équivalent russe des Alliances françaises] ». Fin juillet, à Saint-Pétersbourg, la Russie a organisé pour la deuxième fois un sommet Russie-Afrique, où quarante-cinq des cinquante-quatre pays africains avaient envoyé des délégations.
M. Khara admet, dans ce contexte, un certain « scepticisme quant aux capacités de l’Ukraine à rivaliser avec la Russie » sur ce continent. « Nos capacités de financement sont sans commune mesure. Le ministère des affaires étrangères n’a pas les moyens de développer un tel réseau diplomatique, ni autant de relais médiatiques. »
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