Jeudi 4 septembre, 475 personnes, dont plus de 300 Coréens du Sud, ont été arrêtés près de Savannah en Géorgie par des officiers de l’immigration dans une usine de batteries électriques du géant sud-coréen Hyundai. La preuve qu’investir dans l’économie américaine ne suffit pas. À Séoul, la presse oscille entre stupeur et incompréhension.
En réponse à l’arrestation de plus de 300 Sud-Coréens lors d’un raid mené jeudi par la police de l’immigration sur un site de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG Energy Solution, à Ellabell, en Géorgie, le président Lee Jae Myung a donné l’ordre, samedi 6 septembre, de “tout faire” pour trouver une issue favorable pour ses compatriotes. Pour le moment, la majorité des personnes arrêtées jeudi ont été incarcérées dans le centre de rétention géré par l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) à Folkston, en Géorgie.
Ce raid est un “choc” pour la société coréenne comme l’indique un éditorial du journal Dong-A Ilbo. Car la Corée du Sud déploie des efforts colossaux pour ménager ses relations avec son allié américain et accepte depuis des mois de fournir des efforts conséquents pour éviter les représailles économiques. Le quotidien Chosun Ilbo présente une vidéo édifiante des arrestations, où l’on voit par exemple des travailleurs effrayés essayant d’échapper aux officiels fédéraux en se jetant dans un bassin d’épuration.
“Immédiatement après avoir eu connaissance de l’incident, le président a insisté sur le fait que les droits et les intérêts des citoyens et des entreprises coréennes qui investissaient aux États-Unis ne soient pas injustement violés au nom du renforcement de la loi américaine sur l’immigration.” C’est ce qu’a expliqué le ministre des Affaires étrangères Cho Hyun lors d’une réunion exceptionnelle qui s’est tenue samedi après-midi à Séoul, rapporte The Korea Herald. Cho Hyun a annoncé qu’il se rendrait en personne à Washington si nécessaire.
La plus grande rafle de l’ICE sur un seul site
Que s’est-il passé ? C’est une usine de batteries encore en construction, qui fournira des pièces pour les voitures électriques assemblées sur le site, qui a été visée dans le cadre d’une enquête sur le travail illégal. “Des officiers de l’immigration ont pénétré le site à environ 10h45 jeudi, et ils ont commencé à séparer les travailleurs selon leur nationalité et le statut de leur visa. Les groupes ont été conduits dans des bus”, raconte The Wall Street Journal.
Selon Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, la plupart des personnes arrêtées travaillaient illégalement, n’ayant pas les visas adéquats. Selon LG, ses 48 employés arrêtés, 47 sud-coréens et un indonésien, étaient en voyage d’affaire. Quant aux plus de 350 autres personnes, elles étaient employées par des compagnies partenaires de Hyundai et LG. “Ce qui en fait la plus grande opération de répression sur un seul site du Département de la Sécurité intérieure, d’après un de ses responsables”, rapporte The Wall Street Journal.
Selon le Korea Times, LG a demandé à ses employés qui se trouvent aux États-Unis de rester chez eux et d’envisager de rentrer en Corée. l’entreprise a suspendu ses voyages d’affaire et son directeur des ressources humaines devrait arriver aux États-Unis rapidement pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé.
Hyundai a déclaré qu’aucun de ses employés avait été arrêtés, mais que les arrestations concernaient des sous-traitants auxquels le géant promet qu’il demandera des comptes.
Outre l’ampleur, inédite, de l’opération, c’est le contexte “qui a rendu la nouvelle encore plus choquante”, analyse The New York Times. Car “cela fait des années que les États-Unis exercent une pression sur la Corée pour qu’elle investisse des milliards de dollars dans les industries américaines” et que Hyundai fait partie des grandes entreprises coréennes qui investissent massivement sur le territoire américain. En mars, Hyundai avait d’ailleurs annoncé 21 milliards de dollars d’investissement.
En outre, le complexe géorgien semblait très bien accueilli par l’administration Trump. “L’usine Hyundai-LG, dont la mise en service est prévue pour dans un an, est le type d’investissement à grande échelle et créateur d’emplois [8 500 d’après Hyundai] que les États-Unis recherchaient auprès de la Corée du Sud”, confirme le New York Times.
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