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Jusqu’à présent résident permanent aux États-Unis, le Nobel de littérature Wole Soyinka voit son visa résilié

Source: Le Figaro
Nobel Prize laureate Wole Soyinka speaks to The Associated Press during an interview at freedom park in Lagos, Nigeria, in 2021.  Sunday Alamba/AP
Nobel Prize laureate Wole Soyinka speaks to The Associated Press during an interview at freedom park in Lagos, Nigeria, in 2021. Sunday Alamba/AP

L’écrivain de 91 ans, qui avait comparé Donald Trump au dictateur Idi Amin Dada, a choisi de plaisanter sur sa situation en se déclarant «très satisfait» de la décision de l’administration américaine.

Par Le Figaro avec AFP

L'écrivain nigérian Wole Soyinka, premier auteur africain à recevoir, en 1986, le Nobel de littérature et très critique envers le président Donald Trump, a annoncé mardi que le consulat des États-Unis à Lagos avait annulé son visa. « Je tiens à assurer le consulat que je suis très satisfait de l'annulation de mon visa », a déclaré le dramaturge et auteur nigérian, âgé de 91 ans, lors d'une conférence de presse.

Icône de la littérature africaine, il est également une grande figure d'opposition aux dictatures militaires au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique. Un peu plus tôt cette année, il avait indiqué avoir été convoqué par le consulat américain pour un entretien dans le cadre d'un renouvellement de son visa. Il bénéficiait auparavant d'un statut de résident permanent aux États-Unis même s'il avait détruit sa carte verte après la première élection de Donald Trump en 2016.

Selon une lettre adressée à Wole Soyinka par le consulat, que l’AFP a pu consulter, les responsables ont cité les règlements du département d'État qui permettent « d'annuler un visa de non-immigrant à tout moment, à sa discrétion ». En lisant la lettre à haute voix devant des journalistes à Lagos, la capitale économique du Nigeria, le Nobel a déclaré que les responsables lui avaient demandé d'apporter son passeport au consulat afin que son visa puisse être annulé.

Il a plaisanté en disant que c'était « une lettre d'amour plutôt curieuse venant d'une ambassade », tout en conseillant à toute organisation espérant l'inviter aux États-Unis de « ne pas perdre leur temps ». « Je n'ai pas de visa. Je suis interdit d'entrée », a-t-il poursuivi. Le dramaturge a enseigné et reçu des distinctions de grandes universités américaines, notamment Harvard et Cornell.


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« Il se comporte comme un dictateur »

L'administration Trump a fait de l'annulation des visas un élément clef de sa lutte contre l'immigration, ciblant notamment les étudiants qui s'exprimaient sur les droits palestiniens. Sollicitée par l'AFP, l'ambassade des États-Unis à Abuja s'est refusée à tout commentaire.

Le dictateur ougandais « Idi Amin (Dada) était un homme de stature internationale, un homme d'État, donc lorsque j'ai comparé Donald Trump à Idi Amin, je pensais lui faire un compliment », a déclaré Wole Soyinka. « Il se comporte comme un dictateur, il devrait en être fier », a lancé l'auteur nigérian. Surnommé le « Boucher de l'Afrique », le général Idi Amin Dada, autoproclamé chef de l'État en 1971, a été renversé en 1979 après un règne sans partage marquées par une répression aveugle, la mort de 300 000 à 500 000 Ougandais et l'expulsion de toute la communauté indo-pakistanaise. Il a fui en Libye puis en Arabie saoudite où il est mort en 2003.

Interrogé sur la possibilité de retourner aux États-Unis, Wole Soyinka a répondu: « Quel âge ai-je ? ». Il a cependant laissé la porte ouverte à une invitation si les circonstances changeaient, mais a ajouté: « Je ne prendrais pas l'initiative moi-même car il n'y a rien que je cherche là-bas. Rien. »

Wole Soyinka est l'auteur d'une soixantaine de pièces, poèmes, essais, études critiques, récits autobiographiques (Ake, Ibadan, les années pagaille etc) ainsi que de trois romans (Les interprètes, Une saison d'anomie et Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde). Il a incarné une génération d'écrivains noirs anglophones (comme Chinua Achebe) qui avaient pris, dès les années 1960, leurs distances avec le concept de « négritude », mouvement lancé par des francophones comme le Martiniquais Aimé Césaire ou le Sénégalais Léopold Sédar Senghor avant la Seconde Guerre mondiale. Wole Soyinka préférait l'idée de « tigritude ».

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