Les États Unis

Hyundai frappé par un raid anti-immigration historique aux Etats-Unis : 475 arrestations

Auteur: Solveig Godeluck Source: Le Courier International
Septembre 6, 2025 at 10:13
L'administration Trump s'est fixé pour objectif d'expulser 3.000 étrangers par jour. (Kevin Mohatt/Reuters)
L'administration Trump s'est fixé pour objectif d'expulser 3.000 étrangers par jour. (Kevin Mohatt/Reuters)

Ces étrangers majoritairement sud-coréens n'avaient pas de permis de travail, justifie le département de la Sécurité intérieure. Alors que le marché de l'emploi se dégrade, les raids anti-immigrés se multiplient aux Etats-Unis.


Promettre 26 milliards d'investissements aux Etats-Unis pendant la présidence Trump n'aura pas suffi à protéger Hyundai du fracas politique américain. Jeudi, à la veille de la publication de chiffres du chômage attendus en baisse, le constructeur automobile sud-coréen a eu la mauvaise surprise de voir débarquer les services de l'immigration américains dans une usine en construction, à l'ouest de Savannah, en Géorgie.

C'est un rappel cuisant à la réalité, pour les investisseurs qui pensaient s'en être tirés à bon compte en payant au guichet de l'administration Trump (droits de douane, donations, investissements…) : avec ce gouvernement « America First » aux accents xénophobes, c'est l'objectif de 3.000 expulsions par jour qui prévaut.

Selon le département de la Sécurité intérieure, 475 personnes travaillant sur le site ont été arrêtées. Vendredi, un grand nombre était encore en détention. Il y aurait parmi eux 300 Coréens n'étant pas en règle pour travailler aux Etats-Unis. Certains seraient restés après la date d'expiration de leur visa. D'autres auraient dû demander un visa en bonne et due forme au lieu de se contenter d'une ESTA, a justifié le ministère.

Comme les Européens, les Sud-Coréens peuvent faire du tourisme aux Etats-Unis en remplissant un simple formulaire (ESTA) et en payant un droit d'entrée. L'ESTA donne également le droit de faire du business, négocier des contrats ou tenir des réunions, mais pas d'être employé sur place et d'en tirer des revenus.

Le plus grand raid jamais mené par le secrétariat à la Sécurité intérieure

Cette opération, que le Department of Homeland Security présente comme la plus vaste de son histoire, a été menée après plusieurs mois d'enquête criminelle. Le mandat de perquisition a été accordé le 31 août. Plusieurs services de police se sont présentés chez Hyundai : le Bureau de l'Alcool, du Tabac, des Armes à feu et des Explosifs, l'Immigration (ICE), le FBI.

Pour l'Etat de Géorgie, Hyundai est un partenaire important. Le groupe investit 7,6 milliards de dollars sur ce site, qui doit créer 12.500 emplois au début de la prochaine décennie. Une usine d'assemblage a déjà ouvert cette année. L'usine de batteries, en partenariat avec un autre géant sud-coréen, LG, devait être achevée en décembre. Le chantier a débuté sous Joe Biden, mais le constructeur a donné tous les gages nécessaires pour s'attirer les faveurs de Donald Trump, avec une annonce spectaculaire à 20 milliards de dollars dans le Bureau ovale en mars.

Vendredi, le ministère des Affaires étrangères sud-coréen a élevé des protestations dans une interview télévisée : « Les activités d'affaires de nos investisseurs et les droits de nos ressortissants ne doivent pas être injustement violés à l'occasion des opérations de sécurité américaines », a déclaré un porte-parole.

1,2 million de travailleurs en moins

Depuis des semaines, les raids anti-immigration se multiplient. Jeudi, une usine de confiserie près de Syracuse, dans l'Etat de New York, a reçu la visite de 75 agents de l'immigration, des douanes et de la police. Plus de 40 adultes ont été menottés et placés en détention, a révélé la gouverneure de l'Etat, dans la soirée. Pour Kathy Hochul, ces raids « ne vont pas rendre New York plus sûr. Ils brisent des familles qui travaillent dur pour faire leur vie ici, comme des millions d'immigrants avant eux ». Le mois précédent, un raid similaire a été conduit dans un entrepôt d'Edison, dans le New Jersey, avec 29 arrestations.

Depuis le début de l'année, la fermeture de la frontière mexicaine, les restrictions à l'immigration en général et les expulsions ont fait fondre de 1,2 million de personnes la population active américaine, estime Pew Research. En dépit de la montée du taux de chômage à 4,3 %, les industriels ont du mal à trouver de la main-d'oeuvre pour leurs grands chantiers. Les abattoirs, l'agriculture, le secteur des services à la personne sont parmi les plus touchés par la chasse aux sans-papiers.

Début août, Donald Trump a promis de « travailler avec les fermiers », ses fidèles électeurs, pour que leurs ouvriers étrangers sans papiers, ayant vécu aux Etats-Unis depuis longtemps et payant leurs impôts, puissent être régularisés. Mais la moisson venue, pas de solution en vue.

Solveig Godeluck (Bureau de New York)

Mot clé
Vous n'avez pas utilisé le site Web, Cliquer ici pour maintenir votre état de connexion. Temps d'attente: 60 Secondes