
REPORTAGE - Dans le cadre du cessez-le-feu, près de 2000 prisonniers palestiniens ont été libérés par l’État hébreu. Beaucoup ont enduré les violences et les privations de nourriture imposées par le système carcéral israélien.
Par Stanislas Poyet, envoyé spécial à Naplouse
Ahmad* parle doucement, sa voix fluette se perd dans le tourbillon de discussions animées de la dizaine d’oncles, cousins, frères et amis qui partagent le thé dans le salon de la maison familiale. Ses yeux bleus balaient la pièce, un étrange sourire adouci son visage émacié par la privation et tuméfié par les coups. Ahmad n’est que l’ombre de celui qu’il fut. Au-dessus de lui, un immense portrait le rappelle cruellement. Ahmad y est représenté tel qu’il était 23 années plus tôt, quand il avait 19 ans et qu’il était un fougueux combattant de la branche armée du Fatah, le principal parti politique palestinien de Cisjordanie.
Ahmad a passé 23 années en prison. Comme 1968 autres prisonniers, il est sorti à la faveur de l’accord passé entre le Hamas et le gouvernement israélien. Ahmad a été arrêté en 2002 pendant la Deuxième Intifada. « Je n’ai jamais tué de civil », tient-il à préciser. « J’étais un combattant, je me battais contre les forces d’occupation », ajoute-t-il. Il en veut…()